18. Horrible Attente

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Si vous avez des larmes, préparez-vous à les verser.

William Shakespeare, Jules César


Cela fait deux jours que je viens à chaque moment de temps libre qui m'est accordé. Je m'assois près du lit. Je l'observe. Son état ne s'améliore pas. Il est toujours inconscient. Son bandage a été changé mais il a rapidement repris la même couleur que le précédent. Les médecins ne savent pas si il va survivre. D'autant puis que si la lame était empoisonnée, certains poisons mettent plusieurs jours à faire effet. J'écoute sa respiration. Elle est affolée.

Soudain, je crois voir ses yeux s'ouvrirent. Aussitôt, ils se révulsent et Matt est pris de spasmes incontrôlés. Je tente de le maintenir en place. Mais rien y fait. Je m'affole. J'ai envie de crier. Calme, Tery, reste calme. Je sors en courant dans le couloir et appel un médecin. Je hurle. Je cours dans les différents couloirs jusqu'à tomber sur un employé. Je ne lui laisse pas le choix et l'attrape. Je le tire jusqu'à la chambre. En le voyant, il le plaque au lit et me dit d'aller chercher un médecin. Je coure à travers les étages. Je trouve enfin une femme en blouse. Je lui prends le poignet et pars vers la fameuse chambre. Je retire sa main de mon emprise mais me suit.

Lorsque nous pénétrons dans la chambre et donne des noms à l'employer qui s'enfuit. Elle s'approche de Matt et lui retire la couverture. Et commence à palper le corps de mon ami, concentrée. Puis, elle se met à le masser à certains endroits. Moi je la regarde, dépourvue de réaction. L'infirmier revient, essoufflé et s'approche du lit en fer. Il a dû courir lui-aussi. Il dépose toutes sortes de flacons et de boîte sur une petite table. Le médecin lui donne des ordres et il s'exécute. Elle fait boire un liquide gluant. Elle lui maintient la bouche fermée pour qu'il ne le recrache pas. Son corps continue à tressauter. Mon cœur bat la chamade et mon souffle se coince dans ma gorge. Elle lui retire ensuite son pansement la plaie avec un bout de tissu. La vue de son corps torturé me donne la nausée.

-        Donne-moi le pot !

Je ne tarde pas à réagir et lui en attrape deux. Elle en choisit un et l'ouvre. Elle applique une pâte rouge sur certaines zones de sa peau ne touchant pas sa blessure. Elle refait alors un bandage par-dessus, mais plus serré que le précédent. Ses spasmes ne se calment pas. Le médecin se recule et s'essuie les mains sur son tablier.

-        Il faut attendre qu'il se calme.

-        Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Que lui avez-vous mis ?

-        Ce cas arrive lors de ce genre de traumatismes : blessures, contusions, déchirures... C'est une réaction naturelle. Les fibres musculaires se contractent pour chasser le sang et protéger la lésion. Mais pour les garder contractées, le corps se met à avoir des spasmes, malheureusement cette crampe prolongée peut s'avérer dangereuse. Je lui ai appliquer une crème pour détendre les muscles et quelques choses pour la circulation du sang. C'est pourquoi il va falloir le tenir à l'œil parce que qui dit « circulation normale du sang » dit « saignements à cause de sa déchirure ».

J'ouvre la bouche pour poser une question, mais elle me devance.

-        Excuse-moi mais je n'ai pas le temps pour d'autres questions. Je repasse plus tard pour refaire un pansement.

Je la regarde partir. Génial.

C'est déjà le début d'après-midi et je dois retourner à l'école. Cela est seulement mon dernier jour et je trouve cela vraiment compliqué. J'entre dans le bâtiment entouré d'un jardin. J'entre dans la même classe que ce matin et m'assois sur une chaise trop petite pour moi. Le plafond n'est pas haut et les murs sont peint de multiples couleurs. C'est en même temps magnifique et drôle. C'est certainement les élèves qui ont réalisé cela. Les enfants me regardent encore bizarrement de temps en temps. Aujourd'hui, nous apprenons à lire – comme hier. Certes je connais la plupart des mots, mais là nous apprenons d'autres lettres que je ne savais même pas à quoi elles servaient où comment les prononcer. Nous terminons la leçon et apprenons à écrire. Sacré dieu ! je n'aurai jamais pensé que c'était si compliqué de tracer des traits des lettres correctement. Mes longues années de dessin m'aident à ne pas trembler. Après avoir finis mes lignes d'écritures je me rends compte que mes lettres ne ressemblent pas vraiment à celle du tableau. Le professeur passe dans les rangs en regardant nos travaux.

-        Fais attention, au début tes lettres sont à peu près correctes puis elles deviennent n'importe quoi.

-        Oui, monsieur je vais recommencer.

-        Arrête de m'appeler monsieur, j'm'appelle Chreas, il répète gentiment.

Je ne m'habitue pas à la manière qu'ils ont de parler, si détendue. Ils se tutoient tous entre eux, alors qu'à Westen je devais vouvoyer même ma mère.

Je fais des pages et des pages d'écriture même après la sonnerie jusqu'à ce que mon écriture me convienne. J'ai une crampe à la main. Je la secoue rapidement en l'air pour faire passer cette sensation désagréable. Le professeur rentre dans la salle pour récupérer ses affaires.

-        Oh ! Tu es encore là, s'exclame-t-il.

-        Oui, votre dirigeante m'a dit d'apprendre le plus rapidement possible et je compte le faire.

-        Et bien dans ce cas, lis ce livre et excuse-moi mais je ne peux pas rester avec toi ce soir.

Il me salue amicalement et sors. Je regarde le livre en question. « L'Ancien Temps ». Je regarde autour de moi. Il n'y a personne. Je peux donc lire à voix haute sans soucis, cela m'entraînera.

-        L'Ancien Temps, regroupant plusieurs époques, entre-parenthèses : moderne et contemporaine, se termine en deux-mille-soixante-seize. Dans l'Ancien Temps, beaucoup de changements ont opéré sur les différents peuples. Il y eu de nombreuses révolutions, guerres, et inventions. Sa fin est marquée par l'époque de l'épidémie et suivie par l'Ere Nouvelle.

Ensuite, nous avons un sommaire avec des grandes catégories et des sous-catégories. Je ne vais certainement pas tout lire. Ce livre est un gros pavé. Je lis la rubrique « Les grandes inventions », « Les Grands Hommes » et « Les Guerres Mondiales ».

Je m'arrête avant la fin de ma dernière rubrique. Il fait nuit et je suis exténuée. Je pose le livre et sors doucement de la salle. Tout est silencieux. Je marche d'un pas chancelant jusqu'à l'hôpital. Mais lorsque j'arrive devant, j'ai beau taper sur la porte, personne ne veut m'ouvrir. Il est trop tard et je suis trop fatiguée pour insister. Je ne sais pas quoi faire, cela fait plusieurs soirs que je dors sur la chaise de la chambre d'hôpital de Matt. Enfin, je ne dors pas vraiment, j'ai bien trop peur qu'il se passe quelque chose de grave et que je ne puisse réagir. Je prends ma tête entre mes mains. J'aimerai tellement m'abandonner à mes larmes, mon corps est si engourdi. Mes yeux se ferment tout seuls. Je ne peux pas dormir dans la rue, devant ce bâtiment. Je prends une inspiration et avance. Je pourrais retourner dans l'école. Je baille en traînant des pieds. Peu de personnes passent la nuit.

J'arrive difficilement à l'école. Je n'ai pas la force de rentrer et trouver un tapis confortable. Je m'affale sur un banc. Je suis si faible que je me fous d'avoir mal au dos à cause d'un objet sur lequel je me suis allongée. Je me laisse plonger dans un sommeil tant attendu.



On me secoue. Je ne veux pas ouvrir les yeux. J'ai bien trop sommeil. Mais la personne continue de me secouer l'épaule. Je soulève dans un effort mes paupières.

-        Eh... Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas rester dehors.

Il fait encore nuit. Je me fous de ne pas être dans une maison. Cela fait bien longtemps que je ne suis pas allée dans un logis chaleureux. Je grogne, lui faisant comprendre de me laisser dormir.

-        Sérieux, c'est pas sûr pour une fille comme toi de rester dans la rue, la nuit.

Je n'en ai rien à faire de la sécurité. Laissez-moi dormir.

-        Allez, viens par là. Tu vas continuer ta nuit dans un vrai lit.

Je sens deux mains calleuses me prendre la taille et me soulever. Il me dépose sur son épaule.

-        Qui me dit que toi tu es sûr, je balbutie dans son oreille.

Il rit et avance. Ses cheveux me caressent désagréablement la joue. Mais à vrai dire, peu m'importe. Je m'endors, bercée par le rythme de sa marche.

GuerrièreWhere stories live. Discover now