23. Tests (part. 3)

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Il me fait signe que non. Je ne sais pas si je dois trouver cela court ou long. Je n'en sais rien. Je sais seulement que à présent mes mains ne tremblent plus et que je veux refaire mes lancés de couteaux. Je suis sûre que je les réussirais à présent. L'endorphine m'a redonné ma confiance dans ce domaine et la sérénité nécessaire pour ne pas faire n'importe quoi.

Nous arrivons dans la pièce principale, proche de l'entrée. Le général se dirige à nouveau vers la même petite table. Il note certaines choses sur sa feuille et la relève.

- Je vais voir si je peux faire quelque chose pour toi, il annonce comme s'il n'allait rien faire.

- J'aimerai refaire le premier test, avec les couteaux.

Il pose calmement la feuille sur la table et me regarde en soupirant.

- J'ai pas envie de perdre plus temps d'accord, j'en ai déjà assez perdu. C'est pas ma faute si tu ne sais pas te servir des armes, mais ici c'est tu te sers de ton couteau uniquement pour découper ta viande tu seras morte en deux deux.

Je n'ai aucune envie d'être fleuriste ou infirmière lorsque j'aurai terminé mon éducation. Ma main se dirige d'elle-même.

- Je vais la reformuler d'accord ? Je vais repasser ce test.

- Sors. Je t'ai dit que...

Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, je lance le couteau que j'ai pris sur table quelques secondes au part avant. Je tourne la tête à temps pour voir la lame se ficher dans le mille.

- Puis-je continuer ou vous souhaitez encore énoncer le fait que je ne sais rien faire ?

Je le fixe durement histoire qu'il comprenne qu'il ne doit pas m'interpeller. Je me replace correctement. Je tends ma main gauche vers une deuxième lame. Je plisse légèrement les yeux, visualisant sa trajectoire à quelques millimètres de la première. J'envoie. Elle n'a pas atterri exactement où je l'avais pensée, mais plus proche donc c'est encore mieux. Je n'avance pour retirer mes couteaux, laissant le champ libre. Je réussis mes deux lancés suivant. Après avoir retirer les lames de la cible, je prends mon dernier couteau. Je me place correctement. Je place la pointe de ma lame à la hauteur de mon oreille. Je mémorise bien l'emplacement de la cible. Je tourne mon regard vers le général et le fixe lorsque je projette ma lame avec force. Je l'entends siffler dans le silence assourdissant. Cet homme a le visage crispé, certainement frustré de ce retournement. Lorsque je tourne mon regard vers la cible je vois que ma lame s'est enfoncée jusqu'à la garde.

C'est fou comme l'anxiété, la peur d'échoué peuvent avoir un impact sur votre comportement. Celui qui maîtrise cela, maîtrise sa réussite sur le bout des doigts.

L'air est doux. Une chaleur du crépuscule qui vous caresse les cheveux. Je suis soulagée que cet événement soit passé. J'espère que je ne me suis pas trop tournée au ridicule. Si je dois passer ma vie ici, je n'aimerai pas que ça a été le cas.

- Je te tiendrais au courant de ce que le général en a pensé.

- Et toi qu'est-ce que tu en penses ?

- Le bémol que tu aurais pu avoir c'est surtout pour ton premier test, mais tu t'es bien rattrapée, donc je n'me fais pas de soucis.

- Pourquoi ils font passer ce genre de choses sans échauffements au préalable ?

- Râle pas, c'est pour voir votre réaction. Si demain tu croises une créature, tu penses qu'elle va te laisser cinq minutes de carte blanche pour que tu te prépares ?

J'acquiesce, il a raison. Nous tournons au coin d'une rue. J'hésite. Est-ce que je vais voir Matt maintenant ? Il est tard. Mais je ne l'ai pas vu ce soir. Je secoue la tête. Il doit se reposer. J'irai demain.

Nous arrivons bientôt au pas de la porte. Nous la passons alors que le soleil finit d'être engloutit par la terre. Les parents de Jonas sont confortablement installés sur le canapé à notre gauche. Ils sont de dos mais Gabny tourne la tête vers nous en nous entendant. Nous nous avançons. Faeny est allongée sur les genoux de son époux. J'ai peur qu'elle ne se sente mal, mais son sourire me confirme que non. Je m'installe sur un des deux fauteuils en face d'eux.

- Alors ? Ça s'est bien passé ? demande la femme à la peau doucement halée.

Ses cheveux formes des vagues d'or sombre sur les jambes du médecin.

- Vous étiez au courant ?

Je les regarde de manière faussement offusquée et elle glousse en me répondant de ne pas prendre cet air.

Après une conversation enjouée et un bon repas, Gabany me demande un peu d'attention.

- J'ai une bonne nouvelle, Theresy.

Il ne dit rien d'autre, laissant sa phrase en suspend. Je n'aime pas quand il fait ça. Il crée l'attente et je ne l'apprécie nullement. Je le prie de continuer.

- Ton ami est pleinement réveillé et vue l'avancé de sa cicatrisation, nous allons commencer la rééducation. Tu ne le trouveras plus dans sa chambre habituelle dès demain, il projette.

Si je le pouvais, je sauterais au plafond. Mon ventre fait des siennes. Bientôt il va pouvoir revenir à part entière. Ce qui veut dire plus de chambre aux urgences. Ce qui veut dire que c'est bon, il ne peut plus faire une rechute. Dans mon élan, j'enserre Gabany de mes bras. La première seconde il est surpris, ne réagit pas. Puis il rigole, en me prenant gentiment dans ses bras, moins à l'aise. Voir son mélange de joie et de gêne me fait rire et je le taquine en m'écartant.

Le jour se lève, mais je suis déjà levée. J'ai donc déjeuné avec Gabany et Faeny. Puis je suis partie à l'hôpital, accompagnant le médecin. En entrant dans le bâtiment nos chemins se sont séparés. Je me dirige vers l'accueil en saluant Natae. Il me sourit en retour lorsque je pose mes coudes sur son comptoir.

- Est-ce que vous... tu, je bafouille, pourrais me donner le numéro de la nouvelle chambre de Mattelos s'il te plaît. Il a changé, j'explique.

- Pas de soucis. Laisse-moi regarder... chambre 32, tu veux un papier ?

Je lui fais signe que non, cette fois-ci je connais les chiffres et les nombres. Je sais à quoi correspond celui-ci. Il m'indique aussi que c'est au premier étage. J'acquiesce et m'avance dans les couloirs. 28, 29, 30... elle est là : 32. Je frappe sur le bois de celle-ci. Puis j'entre.

GuerrièreWhere stories live. Discover now