Epilogue Partie Seconde (part. 2)

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- Vous souhaitez donc déserter vos responsabilités de général.

- J'envisageai l'idée de promouvoir certains jeunes talents à des grades plus hauts placés. Voyez le jeune Victhorion, ou encore Marcus. Ces deux sergents sont exceptionnels et respectés des autres guerriers.

Tirihon, très concerné par un si gros changement dans son armée, leva un sourcil.

- Vous pensez donc qu'un de ces deux hommes seraient plus aptes à diriger une armée que vous ?

Le général nuança le propos de ce dernier en précisant la remarque de son supérieur.

- Ils apprendront vite. Et puis mettre un jeune très prometteur à la tête de plusieurs sections ferait grandement grimper votre popularité auprès des jeunes. De plus, j'ai entendu quelques fois dans les villes avec lesquelles nous commerçons que certains pensaient que notre système est trop archaïque. Cela leur monterait que non, que nous nous soucions tout autant de la vivacité de la jeunesse que de la sagesse des anciens.

Davv avait conscience qu'il valsait sur une limite dangereuse. Certes, il avait le droit de s'exprimer et de proposer quelques changements concernant son domaine. Cependant, n'y était-il pas un peu allé fort ? Malgré les formes, ces paroles pouvaient s'apparenter à une critique ou une remise en question du système imposé par le Conseil. Et cela, est un acte de trahison. Toutefois, le général avait foi en lui et en la capacité du Conseil à prendre une sage décision. Davv savait qu'il était très apprécié et respecté par toute la ville. Se le mettre à dos susciterait certainement un courant de protestation ou de remise en question au sein de la ville. Non, Davv ne pensa pas sérieusement que le Conseil pourrait lui infliger une lourde sanction.

- Merci de votre proposition, toutefois vous n'avez en aucun cas le droit de quitter votre fonction. Je suis le seul a pouvoir décider de qui a le droit de quoi et jusqu'à quand. Et vous, général, avez l'obligation de nous obéir jusqu'à ce que je décide que vous n'avez plus aucune utilité pour l'armée, ordonna l'Aîné le regard dur.

Blessé dans son ego, une colère s'échauffa dans le cœur de ce père qui avait soif de liberté. Ne le voyant pas se soumettre docilement dans la seconde suivante, l'Aîné se levant et plongea ses yeux dans ceux de Davv.

- Si l'idée de nous quitter vous a traversé l'esprit, je me demande quoi d'autre avez-vous pu penser. Un esprit qui a trahit une fois, trahira une seconde fois.

Un grand sentiment d'injustice gonfla en lui. Et, il ne l'empêcha pas de gagner ses yeux jusqu'à teinter ces derniers de noir. Son regard avait changé. Ce n'était plus le même.

- Vous parlez de trahison ? Mais je n'ai jamais rien fait de tel !

D'un geste, l'homme aux cheveux de cendres l'arrêta d'un geste. Cela ne fit qu'amplifier ce sentiment colérique. Il avait sacrifié tant de choses pour le Conseil, pour que jamais il ne s'en prenne à sa famille. Et là quoi ? Il osait lui parler ainsi ?

- Assez. Maintenant, sortez. Allez retrouver votre famille qui doit vous attendre dans le hall d'entrée. La grande réunion publique va bientôt commencer.

Le dirigeant ne le regardait plus. Il avait délaissé tout intérêt pour lui. La rage au cœur, Davv sentit qu'il allait exploser. Toutes ces années passées à se cacher du Conseil, à le détester en secret mais à malgré tout agir aux ordres les plus violents. Tous ces sentiments enfouis. Tous ces moments extrêmes durs, dont il souhaiterait ne plus jamais se souvenir. Tout cela, il l'a vécu volontairement en pensant un jour être récompensé par une retraite méritée. Une retraite loin de la cruauté à laquelle il a été exposé durant si longtemps. Il ne voulait pas croire que tout cela avait servi à rien.

- Je vous ai servi sans une seconde d'hésitation durant une trentaine d'année. Et aujourd'hui, je viens vous faire part d'une critique que j'ai entendu aux alentours et comment y remédier. Et vous, parlez de trahison ?! Mais avez-vous ne serait-ce qu'envisager tout ce que j'ai fait pour vous ?

Le général avait malgré lui levé la voix. L'Aîné se tourna lentement vers lui et le fusilla du regard. Alors, il réalisa qu'il n'avait pas entendu les grandes portes s'ouvrir. Et que déjà, le peuple avait commencé à s'engouffrer dans la salle de réunion. Les yeux dans les yeux, Davv compris que la patience de l'Aîné avait atteint ses limites. Son regard affreusement glacial dévia du sien pour venir fixer quelque chose derrière lui, ou plutôt, quelqu'un. Lorsque l'homme se retourna, son regard tomba sur deux prunelles frétillantes. Deux iris angoissées, aussi claires que les siens. Sa fille, petite enfant de sept années à la peau claire et aux cheveux noirs, le fixait intensément. Sans un mot, elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Que quelque chose de grave allait se passer. Et lorsque Davv pris sa petite main dans la sienne, il savait déjà qu'il ne pourrait rien lui cacher. Et elle, ne voulait pas savoir.

Une larme roula sur le visage poupin de Tery. Et le cœur de son père se serra si fort que ses yeux verdoyants s'embuèrent. 



ARCHIVE N°4539 du 16 mars 2175, 21h30,

L'après-midi du 16 mars de cette année-ci, le général Davv et ses complices Fredaric et Evae durent exécutés sous ordres du Conseil. Concernant les délits et dénonciations liés à ces événements, se référer aux archives N°4536, N°4537 et N°4538.

La femme du général, Sireen, fut retrouvée morte ce soir même chez elle, dans son jardin. Tout laisse concorde à définir cet acte comme étant un suicide. Ce sont les voisins qui ont prévenu l'armée avant que les deux enfants du ménage ne s'en aperçoivent.

Concernant ces deux enfants âgés de 7 et 8 ans, nommés Theresy et Mattelos, ils vivront seuls dans la maison de leurs géniteurs. Suite à la décision du Conseil, ils n'auront pas de tuteurs attitrés. Les détails de cette décision sont expliqués dans l'archive N°4540.

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