23. Tests

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Un esprit sensible ne convient pas à qui porte une épée.

William Shakespeare, Le Roi Lear.


- C'est vraiment super que tu aies réussi à m'obtenir cela aussi rapidement, je souris.

- Avec un peu de pression et d'exagération, ça passe tout seul. Il nous attend pour 17 heures 45, dans un quart d'heure à peu près.

Nous marchons côte à côte. Les rues sont encore encombrées de multiples personnes même si à cette heure-ci beaucoup ont terminé leur travail. Le ciel bleuté ne montre encore aucun signe de la nuit qui approche. J'aime lorsque les jours ne cessent de rallonger.

- C'est vrai ce que tu as insinué hier soir ?

Mon regard dénonce ma curiosité. Il fronce légèrement les sourcils, cherchant de quoi je veux parler.

- C'que j'ai dit à propos de ton ami ? un sourire vient emballer sa bouche, rigolant que j'ai retenu cette phrase. Il est vrai que je préfère les personnes qui n'ont pas de poitrine mais un truc qui pend entre les jambes, il me lance un regard joueur qui me fait rougir jusqu'aux oreilles en entendant ses paroles.

- Tu es plus branché garçon quoi, j'acquiesce pour moi-même.

- Et toi alors ? C'est quoi ton style ?

- La même chose que toi.

Je mentirais si je disais que cette conversation ne me gêne pas du tout. Je n'ai pas l'habitude. Nous avançons jusqu'à arriver à la caserne. Cette fois-ci je retiens le chemin comme il faut.

Lorsque nous rentrons, Jonas m'emmène dans une pièce assez grande avec différentes sections il semblerait à vue d'œil. Le mur encadrant la porte par laquelle nous sommes entrée supporte de nombreux porte-manteau ou serviette surplombant des bands. Près de nous se trouve toutes sortes de choses servant à s'échauffer, plus loin un espace recouvert de tapis de gym, puis au fond un autre endroit dont je ne vois pas le déboucher. A ma droite, différents hommes et femmes me regardent. Je me sens soudain toute petite. Un homme s'avance, je le reconnais. Il était là lorsque j'ai rencontré Lesly. Il me dépasse d'une tête et ses yeux bruns me fixent. Ses épaules carrées sont recouvertes d'un ensemble formel à épaulettes blanches. Un général. Il me fait signe d'avancer.

- Il paraît que tu veux et que t'as les capacités pour rentrer dans nos forces.

Rien dans sa phrase n'indique l'attente d'une quelconque réponse, pourtant il marque une pause. Ses yeux me regardent non pas avec une supériorité mais une vraie curiosité.

- On va donc te faire passer quelques testes. Que choisis-tu entre le tire à l'arc et le lancer de couteaux ?

Je le regarde, suspicieuses.

- Est-ce-que cette question fait partie de l'examen ?

- Non, mais elle va décider de la suite, il esquisse un sourire.

- Lancer de couteaux.

Il hoche la tête et me demande de m'avancer vers le fond de la salle.

- Est-ce-que vous aurez des vêtements plus adapter à cela ? On ne peut pas trop bouger là-dedans.

Il fait signe à une fille qui s'avance vers moi et m'amène à sa suite. Nous arrivons dans les vestiaires que j'ai emprunté l'autre jour. Elle me sort un jogging et un débardeur qui fera amplement l'affaire. Je la remercie et dans un hochement de tête elle quitte la pièce. Je me change et la rejoins.

- Tu aurais un élastique à me prêter ?

- Ouais, tiens.

Elle me tend celui qu'elle portait à son poignet que j'attache de suite à ma chevelure.

De retour, je suis le général dans le recoin de la pièce que je n'avais pas pu voir tout à l'heure. Il s'assoit sur une chaise devant une table qui a l'air d'avoir été installé eexprès pour l'occasion. Devant lui trône une feuille où il va certainement écrire ce qu'il pense de ma prestation. Plusieurs cibles sont installées pour différents types d'armes. Je me place instinctivement en face de celles destinées aux dagues courtes. On m'en dépose cinq sur une table, à ma gauche. Mes yeux observent les lieux. Les murs sont haut, blancs, lisses. La largeur dese recoin doit être de 25 mètres. Dix me séparent de ma cible. Les forces présentent doivent être une vingtaine. Je n'ai pas regardé leurs visages de peur de tomber sur Wyden ou le sergent qui m'avait escorté ne soit présent. Mes mains tremblent même avant que je ne touche une de ces lames. On me dit de commencer.Mon cœur tambourine si fort que je crois que tout le monde l'entend. Mes doigts frémissants encerclent le manche d'un couteau. Je bouge plusieurs fois lepommeau dans ma main. Ce ne sont pas mes lames. Je ne suis pas habituée à celles-ci. Même mon ventre est tremblotant. Allez. Il faut que je lance lapremière et ensuite cela ira mieux. Je place ma jambe droite devant, ramène mamain gauche. Sans réfléchir plus longtemps, je lance le couteau d'un mouvement brusque.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant