7. Un Petit Mensonge (part. 2)

787 54 0
                                    

Nous remontons au rez-de-chaussée, en prenant soins de prendre avec nous la pendule que j'avais jadis apporté. Matt la repose à sa place tandis que moi je vais m'asseoir sur le canapé. Il ne tarde pas à me rejoindre. Je m'installe contre lui, ma tête reposant sur son épaule. Il prend alors ma main gauche entre ses paumes et commence à jouer avec mes doigts.

- Je ne savais pas que Callie allait venir tout à l'heure, avoue-t-il.

- Je me doute, ne t'en fais pas pour moi, tout ira bien.

- Je l'espère.

Je lui souris tendrement, et il fait de même. Je soupire en fermant les yeux, m'accordant une petite pause. Il faut dire que cela fait un petit bout de temps que j'accumule de la fatigue, et cela commence à se faire ressentir. Je pense sérieusement que je vais aller me coucher ans peu de temps, tandis pour le repas, je n'ai pas faim de toute manière et Matt peut très bien se débrouiller sans moi.

- Dure journée ? me demande-il en haussant un sourcil.

- Je me suis beaucoup entraînée, j'hausse les épaules. Au fait, sais-tu ce que voulait Callie ?

Matt soupire en se passant une main sur le visage. Il semble réfléchir à la tournure de sa phrase.

- Elle semblait triste de m'avoir perdu, elle souhaitait que nous nous remettions ensemble. Callie est amoureuse de moi, seulement, moi je ne suis pas. Je ne veux pas lui fait du mal, lui briser le cœur, mais je ne veux pas non plus me forcer à sortir avec elle. Dans une relation sérieuse, les deux personnes doivent être consentante. Qui dit consentante dit amour, or je ne ressens pas cela.

Je secoue la tête.

- Mais, elle n'avait pas déjà un époux ? Quant est-il de lui, est-il au courant ? 

- Tu sais, la plupart des femmes avec qui j'ai flirté était soit mariées soit fiancées, hausse-il les épaules d'une manière quelconque. Elle était fiancée lorsque nous avions eu une relation, mais à présent, son fiancé est récemment décédé.

Ce n'est pas rare qu'un homme ou une femme ne meure. Nous n'avons ni médicaments, ni vaccin. Et, ce sont les guerriers qui vont chasser en dehors des murs, c'est pourquoi beaucoup d'entre eux dépérissent à cause d'une grave blessure ou tué par une créature.

- Je suppose qu'elle espérait que tu veuilles la demander en mariage, cela lui aurait évité de se voir mariée à n'importe qui.

- En effet, tu as vu juste puisqu'elle n'a plus de famille, elle a grandi en foyer.

Evidemment, je remercie chaque jour nos géniteurs d'avoir habités si longtemps ensemble. Sans cela, je serai moi-même déjà mariée au premier venu. Lorsque nous n'avons pas de famille ou de géniteurs, en tant que femme, nos choix sont obligatoirement remis aux mains du Conseil ou du dirigeant de notre foyer. A nos 16 ans, nous devons être soit fiancée soit mariée. Quand nous avons la chance de posséder des parents, ce sont eux qui décident pour nous. Pour leurs intérêts financés, il est plus convenable de nous trouver un époux le plus vite possible, puisque dans ce cas-là, tous les frais nous concernant seront à la charge de notre mari.

Heureusement pour moi et le peu de liberté qu'il me reste, Matt est considéré comme un membre de ma famille, alors la décision n'appartient qu'à lui.

Je me lève, dépose un baiser sur la joue de Matt et le préviens que je monte me coucher. Il acquiesce et me souhaite un bon repos. Je gravie les marches menant à l'étage et m'avance jusqu'à ma chambre. Arrivée dedans, je me débarrasse de ma tenue en cuir et la remplace par un simple T-shirt ample m'arrivant à mi-cuisse. Je me glisse alors sous les draps et ferme mes paupières.

Pendant que mon rythme cardiaque ralentit légèrement, tous les muscles de mon corps se détendent. Ma respiration se fait régulière, et je tombe dans les bras de Morphée.

Quelques rayons de soleil viennent éclairer la peau nue de mon visage. Mes paupières sont encore lourdes de sommeil. Je les laisse fermées et savoure cette sensation de chaleur sur ma peau fine. J'inspire lentement et regarde les particules de poussières voler dans l'air. Je soulève les draps recouvrant mon corps et pose au sol une jambe après l'autre. J'enfile une robe pourpre et me dirige vers la salle d'eau tout en enlevant l'élastique qui retenait ma chevelure hier. A l'aide de ma brosse, je me démêle les cheveux, puis, je les rattache en une seule couette sur le haut de ma tête. J'ouvre le robinet d'eau et place mes mains en forme de creux en-dessous du jet d'eau. Je m'asperge le visage plusieurs fois, ferme le robinet et m'essuie grâce à une serviette.

Je marche dans le couloir, m'arrête et pousse la porte de la chambre de Matt. Personne. Je descends au salon et, ne trouvant personne non plus j'en conclus qu'il doit déjà être parti. Je contourne et viens me poster devant la table en bois où est déposé un bout de papier gribouillé. Je l'attrape et essaie de le déchiffrer. "Je suis parti plus tôt ce matin, il y a encore des restes d'hier soir si tu as faim. Je rentrerai quand les deux aiguilles pointeront le chiffre "12", à bientôt, Matt."

Je m'avance vers la pendule, toujours le papier en mains. Je positionne celui-ci à côté du balancier et compare chaque chiffre à celui que Matt a écrit. Ce n'est ni celui du bas, ni celui de gauche. J'ai trouvé, il parlait de quand les aiguilles pointent de plafond.

J'entre dans la cuisine et vois une assiette déjà toute prête, cette petite attention me fait doucement sourire. Je m'installe sur une chaise, devant les couverts et commence à manger cette tomate accompagnée d'un peu de fromage. Une fois rassasiée, je lave mes affaires sous l'eau froide et les déposes sur le plan de travail. Je récupère un petit bout de tissu suspendu à un mur, nous servant de torchon. J'essuie mes couverts grâce à lui et jette un regard vers ma droite. Dans une corbeille se trouvent encore une aubergine et deux tomates. Il faudra que je fasse les courses.

Il faut aussi j'achète du tissu pour épaissir les bretelles de mes robes de manière à ce que l'on ne distingue plus mes cicatrices. Celles qui se trouvent trop près de mon cou seront recouvertes par mes cheveux.

Je range mes affaires et attrape le panier en osier posé sur la table. J'y glisse quelques pièces et sors de la maison. Je commence à marcher sur les pavés. Cela me fait toujours bizarre d'apercevoir un trou en forme de champignon sous chaque poignée de porte d'entrée. D'après mes parents, cela servait au part avant à pouvoir fermer leurs portes à clef, ce qui signifie : empêcher une autre personne d'entrer dans votre demeure. Seulement, certains citoyens utilisaient ce système pour se cacher des autorités et du Conseil, alors, ils ont supprimé ces petits bouts de ferraille. Leur explication aurait été très simple : "Nous nous faisons confiance, alors pourquoi se barricader chez soi ? De quoi avez-vous peur, il n'y aucun danger à l'intérieur des murs.", mais pour moi c'est une façon comme une autre pour Eux de pouvoir contrôler le peuple. Comme cela, ils peuvent rentrer n'importe quand et chez n'importe qui si cela leurs chante. Nous ne pouvons plus désobéir aux lois imposées sans risquer d'être surpris.

J'arrive devant une petite boutique où aucune inscription n'est présente sur la devanture. En même temps, pourquoi s'embêter à marquer quelque chose que la clientèle ne pourrait comprendre ?

J'entre en poussant simplementune petite porte. 

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant