2. Étoiles Diseuses (part. 3)

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Une course poursuite commence alors dans la maison, petite certes, mais c'est tout de même une maison !

Je le bloque dans le salon et m'approche dangereusement de lui, lui laissant comme seule opportunité la porte de derrière.

Après une brève hésitation, je fonds sur lui. Il se décale et sort dans le jardin. C'était son seul moyen de m'échapper de toute manière. Je le course, lui fais un croche-pied, soit dit en passant la raison de la soudaine chute.

- Je t'ai eu !

Je le plaque au sol, ses coudes dans le dos et j'appuie avec le mien sur son artère, au niveau du cou.

- Je me suis laissé faire !

- Et après ça ose vous prétendre de dire la vérité, dis-je en levant les yeux au ciel.

- Je suis là je te signale, juste comme cela, en passant.

Je ris doucement et le maintient au sol. J'attends toujours qu'il me dise qu'il va y réfléchir, sérieusement.

- Je me suis laissé faire d'abord, ronchonne Matt dans sa barbe.

- Mais oui, bien sûr.

- Mais c'est vrai !

- Non, dis-je fermement.

- Si.

- Non.

- Si.

- Non.

- Si ! dit-il en insistant sur cette syllabe.

- Non ! dis-je en faisant de même.

Silence.

- Ok, maintenant tu pourrais me lâcher ?

- Non.

- Mais... commence-t-il avec une petite voix d'enfant.

- À une condition.

- Puis-je savoir laquelle, gente dame ?

Je soupir à l'entente de cette appellation, n'importe quoi.

- Promets-moi de réfléchir à ce dont j'ai pu te dire sur toutes ces filles. Imagine-moi à la place d'une de ces filles, je ne voudrais pas que cette sorte de chagrin m'arrive.

- Tu parles d'un "chagrin d'amour".

- Peu m'importe quel type de chagrin est-ce, juste, promets-moi.

Matt ne dit plus un mot et semble réfléchir. Quand soudain, il se crispe et me répond d'une traite "À une condition". Je fronce légèrement les sourcils.

- Ce n'est pas juste ! Tu reprends les expressions qui me permettent de te tenir à l'œil, et les droits d'auteur alors ?!

- Je me fous de tes droits d'auteur, juste, réponds-moi. C'est d'accord ?

J'hoche positivement la tête.

- Vas y, développe...

- Je veux que tu rentres tout de suite à l'intérieur. Regarde en quelle tenue tu es !

Je l'ai rarement entendu parler de manière aussi sérieuse et colérique. Mais lorsque je prends conscience de ses paroles, je sursaute intérieurement. Je porte toujours ma tenue de combat alors que nous sommes dehors. Mon corps entier se crispe.

- D'accord, d'accord, mais alors dépêche-toi de promettre ! dis-je haletante. Allez, vite !

Tandis que je lui balance ces quelques mots, mon regard ne cesse de se poser sur tous les recoins des paysages alentours. Je vérifie que personne ne peut me voir, sachant pertinemment quelle sanction me serait réservée.

- Je promets...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, que je lui jette un petit "super" à l'oreille et le tire sans ménagement à l'intérieur. Une goutte de sueur glisse le long de ma colonne vertébrale. Je stresse. Je claque la porte et m'écroule derrière, essayant de reprendre une respiration calme et sereine.

Quelques minutes plus tard, je me déplace jusqu'à la fenêtre du salon. Je me positionne contre le mur en-dessous de celle-ci. Matt, qui est sur le canapé derrière moi, me demande ce que je fais, mais je ne lui réponds pas. Mon esprit est en ébullition et mon corps est bien trop alerte.

La peur me glace le sang. Je n'ai peur ni du noir ni d'un orage, je ne crains ni les créatures ni les plus féroces guerriers de ce monde. Mais, Le Conseil ne plaisante pas. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut traiter avec un couteau planté en plein cœur, ou alors en se cachant sous sa couverture, la nuit, en attendant que cela passe. Non. Dire que Le Conseil est extrêmement strict serait un euphémisme. Il impose des règles, des lois, qui doivent être suivit à la lettre pour notre bien, enfreignez-les et ce sera à vos risques et périls. Autant dire que je ne veux m'y risquer. Du moins, pas publiquement. Pas encore.

- Tu me réponds oui ou non ?! m'interpelle Matt, agacé.

- Non.

Il souffle. Je me risque à regarder à travers la vitre. Personne en vue. Je m'affale par terre de soulagement. Je l'ai échappé belle.

- Tu sais quoi, ne me dis rien ! Moi, je vais me laver.

Il quitte la pièce en grognant des mots que je ne peux entendre.

Ce n'est pas grave, il s'en remettra, ce n'est juste qu'un petit saut d'humeur. Comme toujours.

Après avoir tiré les rideaux, je monte les escaliers en vitesse. Je marche tranquillement dans le couloir. Je passe devant une chambre, l'ancienne des parents de Matt, puis, devant une autre, la sienne. Le bruit de l'eau augmente au fur et à mesure de ma progression. Sans le faire exprès, je me prends le pied dans un T-shirt. Je le déplie, ou plutôt, je soulève un bout de tissu sale qui était jeté par terre, à la hauteur de mes yeux. Je prends une grande inspiration et commence à crier à plein poumon pour qu'il m'entende.

- TU AS ENCORE LAISSÉ TRAÎNER TES AFFAIRES PAR TERRE ! Tu m'as prise pour qui ? Pour ta bonne de service ? je hurle à plein poumon.

Je sais qu'il m'a entendu et je l'imagine entrain de souffler ou de, pour la énième fois, me demander "qui est-ce qui est bonne ?" Je laisse échapper un petit rire.

J'attrape le vêtement et pose ma main sur la poignée de la porte de la salle de bain qui se trouve devant moi, à ma droite. J'entrebâille un peu la porte laissant entendre un bruit d'eau et un petit chantonnement, et je jette l'habit à l'intérieur avant de vite refermer. J'avance jusqu'à ma chambre un sourire en coins puisque j'entends Matt ronchonner et me crier quelque chose d'inintelligible.

Je me change rapidement etdescends préparer à manger.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant