Chapitre 5 : Aux petits oignons

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(tw deuil)


DÉCEMBRE 1973

Après ma collaboration avec les Maraudeurs, les jours s'enchaînèrent sans que j'aie le temps de les voir passer. Le rythme des cours s'intensifia, creusant encore l'écart entre les têtes de classe telles qu'Angel et Lestrange, et laissant en arrière les plus en difficulté comme Becca. De mon côté, je faisais de mon mieux, mais hormis en botanique et en potion qui étaient mes domaines de prédilection, il me sembla être de plus en plus à la ramasse.

Décembre arriva et, avec lui, un flot d'émotions dont j'aurais très bien pu me passer. En effet, un samedi midi, alors que je quittais la bibliothèque où j'avais tenté sans grand succès de retenir quelques sortilèges de duel pour notre prochain cours de défense contre les forces du mal, j'entendis quelqu'un m'interpeller. Avec surprise, je me retournai vers Leane Dickens, une Serdaigle que j'avais souvent aperçue en compagnie de Marly.

— Fiou ! s'exclama-t-elle en arrivant à ma hauteur. J'ai cru que tu ne te retournerais jamais !

Puis, tout sourire, elle me tendit mon manuel de défense contre les forces du mal que j'avais dû laisser sur ma table.

— Oh, merci ! fis-je, touchée qu'elle ait pris la peine de me le ramener.

— C'est bien normal, assura-t-elle.

J'avais le sentiment que beaucoup d'autres élèves, Tess et ma sœur en tête, auraient été trop heureux d'abandonner là mon manuel, mais acquiesçai tout de même et l'invitai à se joindre à moi pour descendre à la Grande Salle. Le trajet, bien que bref, me fut suffisant pour remarquer que Leane n'avait pas l'air d'avoir grand chose en commun avec Marly ou Tess. Elle n'était ni silencieusement calculatrice comme la première, ni peste comme la seconde. En réalité, elle était si accueillante qu'elle me fit penser à Becca à bien des égards. Si ce n'est qu'elle semblait bien plus gentille que mon amie et ne se laissa pas une fois aller à la moindre pique à mon attention alors que la rouquine ne s'était jamais gênée pour le faire. Cependant son ingénuité me blessa indirectement bien plus que la moindre des moqueries que Becca avait pu me lancer depuis la rentrée. Effectivement, alors qu'on était presque arrivées aux portes du réfectoire, avec cette curiosité franche qui aujourd'hui la caractérise toujours, elle me lança :

— D'ailleurs, tu le prends comment le fait de déménager, toi ?

— Hein ?

— Marly a fait la tête pendant une semaine après avoir reçu la lettre de vos parents... Je crois qu'elle est vraiment déçue de ne plus être voisine avec Tess.

Incrédule, je fixai ma camarade de classe pendant quelques secondes.

— Je... J'ai dit une bêtise ? s'alarma celle-ci, comprenant enfin que quelque chose clochait dans ma réaction.

Je ne répondis pas à sa question et baragouinai une excuse à peine compréhensible avant de la planter là pour me diriger sans plus de cérémonie vers la table des Serpentard. Jake était en train d'y déjeuner en compagnie d'Evan Rosier et de Regulus Black qui me regardèrent tous deux arriver d'une démarche chaloupée, perplexes. Lorsqu'il me vit, Jake reposa sa fourchette dans son assiette et prit soigneusement le temps de s'essuyer la bouche avant de me demander ce que je voulais. Chacun de ses gestes était empreint d'une grâce étonnante et je me surpris à penser que, malgré toutes les blagues à son encontre que je pourrais échafauder avec les Maraudeurs, je ne parviendrais jamais à l'atteindre véritablement. Et ce constat m'irrita encore plus si c'était humainement possible.

— On déménage ? crachai-je en français, histoire de bien faire comprendre à ses deux amis qui nous observaient qu'ils n'étaient pas inclus dans la conversation.

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now