Chapitre 13 : Les gardiens de la mort

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AVRIL 1977

— Noir ?

Incrédule, Mrs Pomfresh me fixait, les mains posées à plat sur son bureau et les yeux grands ouverts.

Mal à l'aise, j'hochai la tête pour confirmer ses propos.

— Vous en êtes certaine, miss Azer ? Il ne s'agissait pas de sang normal ? La luminosité des vestiaires était peut-être insuffisante et vous n'avez pas bien vu la couleur... Vous êtes plus qu'en âge d'avoir vos premières règles, il se peut donc que –

— C'était noir, l'interrompis-je, agacée. J'en suis sûre et certaine.

Perdue, l'infirmière poussa un soupir inquiet et attrapa sa baguette.

— Dans ce cas, il va vous falloir passer quelques tests, me dit-elle en se levant. Ce genre de symptômes peut avoir des causes diverses et je ne pourrais pas déterminer de laquelle il s'agit sans avoir fait un bilan complet de votre état de santé actuel.

Sans me demander mon avis, elle se mit à relever des mesures dans tout un tas de domaines, reportant soigneusement les résultats obtenus dans une grille préalablement établie. Depuis ma tension jusqu'à ma concentration en cellules magiques, elle prit le temps de vérifier chacune de ses observations puis s'installa de nouveau derrière son bureau pour étudier l'ensemble de mon bilan.

Mais elle eut beau parcourir la feuille en long et en large, tourner les choses dans tous les sens et s'assurer une énième fois que le liquide que j'avais vu était noir, le pli soucieux que je percevais aisément entre ses sourcils ne disparut pas. Elle finit par se lever de nouveau pour attraper un des livres posés sur ses étagères et le feuilleta avec énergie jusqu'à trouver la page qu'elle cherchait. Elle la lut attentivement, puis me jeta un regard de biais avant de refermer le bouquin et de se rasseoir, nerveuse.

— Je ne comprends pas, m'avoua-t-elle au bout d'un moment en retirant ses lunettes avec lenteur. Je ne comprends vraiment pas. Si l'on met de côté votre circulation sanguine, vous êtes en parfaite santé. Mais la couleur de vos veines – instinctivement, je baissai les yeux sur mes avant-bras où, sous ma peau aussi pâle que la neige, couraient mes veines, bien plus visibles qu'à l'ordinaire – et ce sang noir que vous avez vu témoignent sans aucun doute possible que vous souffrez d'un trouble conséquent. D'autant plus que vos défenses immunitaires magiques sont anormalement actives. Ce qui m'amène à la conclusion évidente que l'état de vos vaisseaux sanguins est dû au système défensif mis en place par vos cellules magiques.

— Et en quoi c'est inquiétant ? demandai-je sans comprendre. Si mes défenses immunitaires magiques se mettent en place, c'est plutôt bon signe, non ?

— Tout à fait. Cela signifie que votre corps se défend. Mais vous devez comprendre quelque chose, miss Azer : votre corps n'a pas choisi de le faire de lui-même. Il a forcément été stimulé par quelque chose d'extérieur à votre organisme. Et, ici, c'est loin d'être rassurant.

— Qu'est-ce que vous voulez dire ?

L'infirmière grimaça et prit le temps de jauger une dernière fois mes résultats, comme pour s'assurer de la véracité de son diagnostic, avant de me répondre.

— Un taux aussi élevé de cellules défensives ne se déclenche qu'en cas d'attaque par la magie noire, lâcha-t-elle dans un souffle.

Ses mots me tirèrent un hoquet de surprise qui, dans le silence de son bureau, s'apparentait presque à un ricanement.

— Mais je n'ai pas... commençai-je aussitôt à me justifier. Je – je m'en serais rendu compte si j'avais été sous l'influence de la magie noire ! N'est-ce pas ?

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now