Chapitre 44 : La reine des glaces

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AVRIL 1976

— Bien que plus connue dans le monde des Moldus, la légende qui lie le village de Tinworth à son nom a bel et bien des origines sorcières. En effet, à travers les aventures tragiques et romantiques de Tina et de Worth, deux sorciers ayant réellement existé à la toute fin du seizième siècle, se cache nul autre que le Cercle des Sept Dons. Dans la légende Moldue, Tina et Worth sont présentés comme un couple qui s'aimait d'un amour si fort que rien ne semblait pouvoir le briser. Jusqu'à l'arrivée d'une femme inconnue dotée de pouvoirs magiques qui, dit-on, envoûta Worth pour lui voler son amour pour Tina. Désespérée, cette dernière tenta comme elle put de récupérer l'attention du jeune homme, sans succès. Croyant qu'il ne l'aimait plus, elle se rendit sur les falaises du village et se pendit à un jeune chêne aujourd'hui plusieurs fois centenaire. Comprenant que l'amour de Worth pour elle ne serait jamais vrai, la femme qui l'avait envoûté rompit son enchantement, redonnant sa liberté émotionnelle à celui-ci. Worth partit à la recherche de Tina mais la retrouva trop tard, se balançant au bout d'une corde accrochée à la plus haute branche du chêne. Dévasté, il érigea la tombe de son amante au pied de l'arbre et, jusqu'à la fin de sa vie, vint se lamenter entre ses racines. Perpétuant cette tradition, les villageois continuèrent à venir déposer des messages tout autour du chêne qui est à présent connu sous le nom de l'Arbre aux Messages. Des deux amants fut nommé le village ; Tinworth, en mémoire des noms de Tina et de Worth, associés pour l'éternité.

« Ce que la légende Moldue ne dit pas, cependant, c'est que Tina et Worth étaient deux sorciers et que cette sorcière venue rompre leur quotidien était en réalité dotée du don d'envoûtement et faisait partie du Cercle des Sept Dons. De cette histoire tragique naquit une haine à l'encontre des membres du Cercle. Le frère de Tina, Martin, se sentant désespéré de la perte de sa sœur, se mit en tête de retrouver cette femme et de là commença une réelle traque des porteurs de dons, rendue plus facile par l'existence des marques sur la peau des membres du Cercle. Martin parvint à rallier à sa cause des sorciers venus de tous les horizons et, quelques années plus tard, la Communauté de l'Edelweiss naquit de son initiative. Le peu de témoignages retrouvés racontent que cette organisation criminelle cherchait à capturer tous les membres du Cercle des Sept Dons et à effectuer des expériences sur leur sang pour trouver l'origine de leurs pouvoirs plus étendus que ceux de la plupart des sorciers. Une rumeur affirme aussi que, grâce à ce trafic de sang, Martin parvint à s'enrichir de manière considérable et à gagner de l'influence dans le monde magique anglais. Mais, entre légende et réalité, la véracité de cette partie de l'histoire n'a jamais été prouvée.

Joyce eut un long frisson en reposant le livre sur la table une fois sa lecture achevée. Ses grands yeux verts étaient perdus dans le vide alors qu'elle assimilait ces nouvelles informations et ses mains tremblaient d'une peur qu'elle ne paraissait pas en mesure de contrôler. Ce qui était compréhensible.

Depuis qu'elle avait appris son appartenance au Cercle des Sept Dons durant les vacances, la Serpentard n'avait eu de cesse de me harceler à son propos, refusant d'admettre que je n'étais pas un puits de savoir et qu'il lui faudrait attendre notre retour à Poudlard pour obtenir les éclaircissements qu'elle désirait. À peine descendue du train, elle m'avait donc traînée de force à la bibliothèque, ignorant les cris de famine de mon estomac qui brûlait de rejoindre la Grande Salle. Et maintenant, elle était terrifiée par tout ce qu'elle avait découvert sur sa famille maternelle.

Après avoir jugé qu'être dotée du don de prophétie était génial, Joyce se rendait en effet peu à peu compte que c'était loin d'être une bonne nouvelle. Au-delà de la découverte des pouvoirs qui étaient les siens, le fait qu'elle descende d'une des Sept Sacrées, les sept familles appartenant au Cercle, impliquait toutes sortes de dangers que ni elle ni moi n'étions en mesure d'imaginer. Et encore moins d'affronter. À commencer par l'existence de la Communauté de l'Edelweiss, qui obligeait Joyce à garder son don secret.

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