Chapitre 20 : Marquée

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JANVIER 1975

Les problèmes que j'avais rencontrés durant le premier trimestre de l'année désormais résolus, c'est bien plus sereine que j'étais rentrée chez moi pour les vacances de Noël. Le cadre aidant, celles-ci avaient d'ailleurs permis à Joyce et James de se rapprocher un peu et de mettre leur relation au clair. Rien n'indiquait qu'une fois de retour à Poudlard les rivalités opposant Gryffondor à Serpentard ne s'immisceraient pas entre eux à nouveau, mais ce qui est sûr c'est que cette trêve leur fit du bien.

De mon côté, je passai des vacances moins oppressantes que l'année précédente, cours de violoncelle et de musique étant bannis de mon emploi du temps ; lequel était peu fourni. Ma grand-mère ne vint nous rendre visite que pour le déjeuner du 25 décembre, étant invitée chez des amis français le 24 au soir et à la nouvelle année, aussi je n'eus pas à la confronter trop longtemps et à me remémorer de douloureux souvenirs de l'année passée.

Les deux semaines passèrent à une vitesse folle et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'étais propulsée dans le Poudlard Express aux côtés de mes amis. Ça avait été un voyage très silencieux, la neige qui tombait sans bruit au dehors semblant nous dissuader de discuter autrement que par chuchotements. Charlie et Theo ne tardèrent pas à entamer une partie d'échecs, Becca s'endormit alors qu'on venait à peine de quitter Londres, et Angel et moi nous plongeâmes dans nos lectures respectives. À cette époque, j'étais en effet fascinée par l'ouvrage que mes parents m'avaient déniché en guise de cadeau de Noël. Il s'agissait d'une édition limitée d'un livre qui narrait l'histoire des prisons d'Europe. Mes parents avaient trouvé intéressant de me montrer comment les différents pays géraient leurs prisonniers et, bien qu'un peu déçue de n'obtenir qu'un livre plutôt sombre et non un balai comme j'aurais préféré, je n'avais pas tardé à être fascinée par l'histoire d'Azkaban, la prison anglaise.

C'est d'ailleurs après avoir terminé le chapitre qui expliquait comment son emplacement avait été choisi que je décidai d'aller faire un tour aux toilettes et quittai le compartiment toujours aussi calme. Les couloirs n'étaient pas plus animés et, contrairement au jour de ma première rentrée, j'atteignis les toilettes sans encombres. L'unique cabine pour les filles étant occupée, je pris mon mal en patience et attendis mon tour. Agacée par le temps que ma camarade prenait, j'étais sur le point de frapper à la porte pour lui intimer de se dépêcher lorsque celle-ci s'ouvrit sur nulle autre que Joyce.

— Mais c'est qu'on ne se quitte plus ! s'amusa la Serpentard en parcourant la courte distance conduisant au lavabo.

Elle retroussa ses manches pour éviter de les mouiller et c'est alors qu'elle savonnait ses paumes avec soin que je remarquai pour la première fois la marque sombre qui ornait son poignet gauche.

— Qu'est-ce que tu t'es fait ? lui demandai-je en fronçant les sourcils. Tu t'es brûlée ?

Joyce mit quelques minutes à comprendre de quoi je lui parlais.

— Oh, ça ! s'écria-t-elle lorsque ses yeux se posèrent enfin sur la tâche de son poignet. C'est rien, je l'ai toujours eue.

Elle s'approcha de moi et me montra de plus près l'étrange marque apposée sur sa peau. Par sa texture et sa couleur, elle était semblable en tout point à une tâche de naissance lambda, mais je ne mis pas longtemps à comprendre qu'elle ne l'était pas. Car quelle tâche de naissance serait aussi précise et symétrique que celle que j'avais sous les yeux, qui semblait représenter deux yeux à la même iris, formant ainsi une sorte de croix aux bords arrondis ?

— C'est une tâche de naissance ? questionnai-je sans grande conviction.

— Je suppose. D'après Ariane et Edwin je suis née avec. C'est bien l'une des rares choses sur lesquelles ils sont d'accord, d'ailleurs...

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