Chapitre 9 : Hors-la-loi

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MARS 1974

Quelques minutes plus tard, James, Sirius, Peter et moi nous trouvions dans une salle de classe désaffectée, un gros volume posé sur la table autour de laquelle nous faisions cercle. Et, pour la première fois de ma vie, je me sentais supérieure aux trois Maraudeurs réunis. Pour la simple et bonne raison que ce livre était intégralement écrit en français et que j'étais par conséquent la seule à pouvoir y comprendre quelque chose.

— Récapitulons, lâchai-je après avoir fixé la couverture vierge de l'épais volume pendant un peu trop longtemps pour pouvoir feindre le désintérêt. Vous voulez que je vous traduise ce truc. Sans poser de questions.

— C'est ça, confirma James. Tu penses que tu pourrais ?

— Non mais ça va pas la tête ?! m'exclamai-je. Vous êtes conscients qu'il fait au moins 600 pages ? Comment vous pouvez me demander un truc pareil sans vous attendre à ce que j'exige des explications ?

Mes trois vis-à-vis échangèrent un regard.

— Je vous avais dit qu'elle ne voudrait pas, crut bon de glisser Peter d'une voix à peine audible.

— On n'a pas d'autres solutions ! le rabroua sèchement Sirius. C'est soit ça, soit on laisse tomber !

Quelque chose dans l'expression du plus petit des trois garçons laissait penser que ça n'aurait pas été pour lui déplaire mais, comme à son habitude, il ne chercha pas à contredire son ami.

— Tu es si étroit d'esprit, Black... Bien sûr que vous avez d'autres solutions ! Vous pouvez soit me mettre dans le coup afin que j'accepte de vous traduire ces 600 pages, soit vous dénicher un dictionnaire français-anglais et faire le sale boulot vous-même. Auquel cas vous feriez bien de vous y mettre tout de suite, parce ça risque d'être long...

Je ne savais pas d'où me venait cette soudaine force de caractère, mais une chose était sûre : je n'étais pas décidée à me laisser marcher sur les pieds. Le souvenir de notre dernière conversation - au cours de laquelle James et Sirius avaient été plus désagréables que jamais - mêlé à la curiosité de savoir ce qu'ils mijotaient me rendait bien moins timide qu'à l'ordinaire et j'étais prête à tout pour ne pas céder trop facilement.

— Ok, finit par abdiquer James. On aimerait faire quelque chose pour Remus. Par rapport à...

— À sa lycanthropie, compris-je face à son hésitation. Et en quoi ce bouquin pourrait vous être utile ? Ce n'est que du papier !

Jugeant sûrement qu'on avait assez tourné autour du pot, Sirius abdiqua :

— On aimerait devenir des Animagus. Et ce livre est l'un des quatre seuls exemplaires encore existants dans le monde de la magie pour y parvenir. Sauf qu'il est écrit en français. Et qu'aucun de nous trois ne parle français.

Sa tirade laissa place à un long silence au cours duquel les questions affluèrent dans ma tête avec la fluidité du sang dans mes veines.

— Mais... Mais c'est interdit par la loi ! finis-je par balbutier, un frisson me parcourant l'échine. Et puis c'est super compliqué ! Et dangereux ! Qu'est-ce que vous allez faire si ça tourne mal ?

— Relax, Azer, ricana Sirius, amusé par ma réaction.

— Tu es sérieux, là ? Comment veux-tu que je me relaxe ?! Vous me demandez de traduire un manuel de transformation dont l'usage est réglementé par le Ministère de la Magie, tout ça pour faire un truc carrément illégal ! Et puis même, comment vous avez pu vous procurer ce manuel ? Je...

— On est plein de ressources, me coupa le Maraudeur. Alors, tu vas nous aider, oui ou non ? s'impatienta-t-il.

Je me rappelle avoir hésité, pour des raisons dont je ne me souviens pas exactement mais qui tombent sous le sens. Mais l'attrait d'une nouvelle aventure en compagnie des Maraudeurs qui, malgré tout ce qu'il s'était passé depuis le retour des vacances de Noël, n'avaient pas perdu de leur superbe et l'éternel sentiment d'autosatisfaction à l'idée de leur être indispensable finirent par me convaincre.

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now