Chapitre 33 : Impuissance

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AOÛT 1979

Il fallut quelques minutes à Joyce pour reprendre connaissance. Mettant à profit les bancs de la cérémonie qui s'alignaient toujours sur la pelouse, Sirius et moi l'avions soutenue jusqu'à la faire asseoir, puis j'avais fermement détourné le regard, ignorant délibérément les multiples questions du Maraudeur qui tentait de comprendre ce qui venait de se passer.

L'ancienne Serpentard cligna plusieurs fois des yeux, dévisagea Sirius avec incrédulité et finit par se tourner vers moi. Les fenêtres du salon projetant de grands rectangles de lumière sur le banc que nous avions choisi, je pus voir à quel point elle était désorientée. Aussi désorientée que moi après les deux rêves durant lesquels John m'avait emporté avec lui pour me révéler ce que je voulais savoir.

— Que... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? bafouilla-t-elle.

J'eus un regard pour Sirius, un autre pour le sang qui séchait sur la peau nue de mon bras.

Je ne fus pas assez discrète car mon amie fait de même et elle plaqua une main horrifiée sur sa bouche en voyant les croissants écarlates que ses ongles avaient laissés dans ma peau.

— Par Merlin, Alicia, je suis désolée ! Je... Je ne sais pas ce qui m'a pris.

— Oui, eh bien moi non plus, figure-toi, intervint Sirius d'une voix sèche. Tu as presque agressé Alicia, tu t'es mise à raconter n'importe quoi et après tu t'es à moitié évanouie sur moi.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ? m'interrogea Joyce.

— Rien, grommela Sirius avant que je n'aie eu le temps de la rassurer. Elle dit que c'est ton histoire et que c'est à toi de décider si tu veux m'en parler. Ce qui est décidément très stupide puisque je ne te laisserai de toute façon pas partir avant d'avoir obtenu une explication valable.

Les sourcils bruns de Joyce se haussèrent et je sus ce qu'elle allait faire avant même qu'elle ne le fasse. Sirius dut le pressentir aussi puisque, dès qu'elle amorça un geste pour se lever, il abattit ferment sa main sur son épaule et la fit se rasseoir.

Elle soupira.

— Je ne suis pas idiot, Martins. Je sais garder un secret. Par contre, je suis curieux. C'était quoi, ce que tu as dit, tout à l'heure ? Une prophétie ?

Joyce et moi échangeâmes un regard ébahi. Comment avait-il pu deviner ?

— James m'a parlé de cette fois où tu as voulu aider Jake avec ses devoirs de divination et que tu t'es mise à raconter des choses bizarres,. Alors, c'est ça ?

Joyce saisit la perche qu'il lui tendit involontairement avec plaisir et, discrètement, posa sa main sur ma cuisse pour la serrer avant de se mettre à expliquer, avec un jeu d'acteur qui me bluffa :

— Tu sais comment mes parents sont morts, je suppose ?

Il leva les yeux au ciel. La question devait lui paraître inutile

— Bien sûr que je le sais, Martins, tout le monde le sait.

— Sois pas si sûr de toi, je ne le sais que depuis quelques années, moi, rétorqua Joyce. Mais ce n'est pas le propos. Si tu sais ce qu'il s'est passé en octobre 1980, tu as donc dû apprendre que mes grands-parents paternels avaient des désaccords avec mes grands-parents maternels ?

— Ouais. Ils travaillaient avec des Moldus, non ?

— Dans une fête foraine, oui. Ils avaient un numéro de voyance. Je pensais que ce n'était que du vent, un moyen comme un autre de gagner de l'argent sur la crédibilité des gens, mais en fait... Je crois que c'était plus que ça. Je ne sais pas vraiment, tu vois, mais depuis l'épisode que t'as raconté James... Ça m'est arrivé plusieurs fois d'avoir des visions étranges. Des visions du futur.

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