Chapitre 40 : L'Ordre du Phénix

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AOÛT 1980

Du baptême d'Harry à la date communiquée par le parchemin de Sirius, je ne pus penser à autre chose qu'à ce que tout cela cachait. Je n'avais aucune idée de ce qui se tramait dans mon dos et j'avais à l'esprit le fait que c'était exactement pour ça que Sirius avait organisé les choses de cette façon : pour que ma curiosité m'empêche de me débiner, attirée par le mystère qu'il faisait planer sur ce rendez-vous.

Si telle était en effet son intention, il avait vu juste : le jour J venu, je ne me fatiguai pas à peser le pour et le contre, et transplanai à l'adresse qu'il m'avait transmise. Je me rematérialisai en plein Canterbury, devant une petite maison aux allures tranquilles située à quelques encablures de la cathédrale de la ville. Je me souviens encore de la peur qui me serrait le ventre alors que j'hésitais, debout sur les pavés, aussi partagée que le ciel qui, victime des astres, se perdait entre le jour et la nuit, plongeant les rues dans une semi-obscurité bleutée.

Quand, enfin, je me décidai à frapper à la porte, je faillis crier lorsqu'elle s'ouvrit sur Emmeline Vance, l'ancienne homologue de Nathan au poste de préfet-en-chef avec qui j'avais eu tant de mal à m'entendre lors de ma sixième année. Elle n'avait pas beaucoup changé. Ses cheveux blonds étaient toujours aussi impeccablement peignés qu'à Poudlard, et ses yeux brillants et observateurs derrière les verres qui les grossissaient légèrement. Seul son visage paraissait plus émacié, la monture métallique de ses lunettes cachant à peine les cernes qui creusaient ses pommettes.

Croyant à une mauvaise blague signée par les Maraudeurs, j'étais prête à tourner les talons en râlant quand elle desserra les lèvres après m'avoir longuement toisée.

— Tu es en retard, lâcha-t-elle avec la même froideur que lorsque nous nous côtoyions encore. Presque tout le monde est là.

Je fronçai les sourcils tandis qu'elle se reculait dans le petit vestibule afin de me laisser la place d'entrer. « Tout le monde » ? Dans quoi Sirius m'avait-il donc embarquée ? Emmeline ne daigna pas éclairer ma lanterne, m'indiquant seulement de suspendre ma cape à une patère avant de me faire signe de la suivre. Elle me fit pénétrer dans une salle à manger agrandie par les soins de la magie, uniquement meublée par une cheminée et une grande table autour de laquelle conversaient nombre de visages connus.

Il y avait bien évidemment Sirius, entouré du reste des Maraudeurs, assis en bout de table, en train de discuter avec Dorcas Meadowes et Frank Londubat, et j'ai appris plus tard que Lily et Alice les accompagnaient en temps normal mais étaient restées ce soir-là veiller sur le sommeil d'Harry et Neville. À quelques chaises de là, je reconnus Marlene McKinnon, une ancienne Gryffondor qui était dans la même année qu'Alex, Will et Thomas. Elle était flanquée de deux roux impossibles à différencier qui n'étaient autres que les jumeaux Prewett, deux anciens élèves qui avaient achevé leurs études à Poudlard deux ans après que j'y sois entrée. Non loin d'eux, j'eus la surprise de découvrir le professeur McGonagall, plongée dans la lecture de l'édition du jour de la Gazette sous le regard curieux de Dorcas Meadowes.

Quelques personnes dont je reconnaissais les visages mais avais oublié les noms complétaient l'assemblée dont la vue acheva de me rendre perplexe.

— Alicia ! s'exclama Dorcas qui fut la première à me remarquer.

Elle se leva pour me saluer, bien vite suivie par les autres qui se présentèrent tour à tour.

— C'est super que tu aies accepté de venir, poursuivit l'ancienne Serpentard quand tout le monde eut regagné sa place.

Je coulai un regard vers Sirius qui écoutait notre conversation d'un air amusé.

— Je n'ai rien accepté du tout, à vrai dire, puisque Black ne m'a rien expliqué, grommelai-je.

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