Chapitre 36 : Le silence des tombes

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RAPPELS : Dans le chapitre 28 du tome 1 (« Promesse brisée et destins enchaînés »), vous avez appris que Ariane Lestrange et Edwin Martins ont conclu, quand Joyce a quitté les Martins pour aller vivre chez les Lestrange, un Serment Inviolable portant sur la protection de Joyce, Rabastan, Rodulphus et Ganymede. Les termes du serment sont simples : s'il arrive malheur à Joyce, Ariane perd la vie, s'il arrive malheur à l'un des trois Lestrange, Edwin perd la vie.


21 AVRIL 1980

Une fois de retour sur la terre ferme, Theo et moi ne parlâmes plus de nos confessions respectives. Elles étaient là, tout autour de nous, cachées dans les caresses du vent, les pensées qui nous traversaient, les regards qu'on échangeait et les mains invisibles qu'on se tendait, mais il n'y avait rien de menaçant dans leur présence et, si elles m'oppressaient, c'était d'un poids dont je ne parvenais pas à avoir conscience. Partager ma connaissance ne l'avait pas rendue moins encombrante, j'avais toujours l'impression de trop en savoir, mais le fait que Theo en sache trop avec moi n'avait pas de prix.

Une conversation à froid, loin du Lac Noir et de son instabilité tangible, n'aurait bien évidemment pas été superflue compte tenu du nombre de questions que Theo devait garder pour lui, mais il n'en avait posé aucune lorsque j'avais terminé mon récit et il n'en posa aucune au cours des semaines qui suivirent. Malgré leur omniprésence, la seule chose dont il daigna me faire part fut de son soutien.

Ce fut lui qui, avril venu, malgré la guerre qui continuait et les ASPICS qui approchaient drastiquement, me conseilla de rentrer à Tinworth pour m'y aérer, revoir ma famille et penser à autre chose. Au départ peu convaincue par l'idée de devoir retourner dans un village qui ne me semblait plus avoir grand-chose d'accueillant maintenant que ni Joyce ni James n'y habitaient – j'ignorais alors encore que Joyce était revenue des États-Unis pour un rituel tout spécial dont elle ne m'avait jamais parlé – et que l'emplacement qui accueillait autrefois le manoir des Potter n'était plus qu'un terrain vague, je finis par me laisser convaincre par Marly lorsqu'elle m'assura que cela lui ferait du bien à elle aussi.

Au matin du premier jour des vacances de Pâques, nous faisions donc partie de la trentaine d'élèves qui avaient fait le choix de rentrer chez eux pour la semaine malgré les complications générées par les actions des Mangemorts.

Dire que cela fit plaisir à mon père serait un comble. Lorsqu'il nous aperçut sur le quai à Londres, ses yeux se mirent aussitôt à briller et même ses joues, qui s'étaient creusées depuis Noël, reprirent de la vigueur et s'étirèrent en un sourire. Je n'irai pas jusqu'à qualifier la soirée que nous passâmes avec lui, Jake et Elladora de joyeuse, les absents étaient trop nombreux, mais au moins la partie de bataille explosive que l'on se disputa fut ponctuée, en plus des explosions des cartes, par des éclats de rire qui n'avaient rien de feints.

Le lendemain – et je ne suis pas vraiment heureuse d'être à même de vous certifier qu'il s'agissait du lundi 21 avril 1980 –, je fus réveillée bien trop tôt à mon goût, alors que le jour venait à peine de poindre au-dessus des toits. L'alcool de poire que mon père avait déniché la veille au soir pour accompagner notre jeu m'étreignait encore le crâne et c'est en me massant les tempes que je quittai l'étreinte tiède de mes draps pour aller ouvrir les volets.

Le soleil avait beau faire briller les restes de rosée, la fraîcheur matinale m'enveloppa aussitôt et le frisson qui me parcourut fut d'autant plus glacial lorsque je me rendis compte que, une année plus tôt, à la même heure, les rayons de l'astre n'auraient jamais illuminé le parquet de ma chambre parce que la maison des Potter entravait alors leur course.

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now