Chapitre 22 : Choisir son camp

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AVRIL 1978

En raison des examens qui approchaient et de leur longueur, limitée à une semaine, il était de notoriété publique que peu d'élèves faisaient le choix de retourner chez eux pour les vacances de Pâques. Mais, cette année-là, ce ne fut véritablement qu'une poignée d'étudiants qui grimpa dans le Poudlard Express pour rejoindre Londres au matin du premier jour des vacances. Si j'en faisais partie, ce n'était d'ailleurs que parce que les circonstances l'obligeaient : voir mon père était un impératif que Jake, Marly et moi ne pouvions ignorer. Nous nous installâmes donc dans un compartiment, bien vite rejoints par Joyce et Dorcas Meadowes, la première voulant profiter de cette occasion pour voir son filleul et invité la seconde à passer la semaine avec elle, à Tinworth.

La vision de trois Serpentard, d'une Serdaigle et d'une Gryffondor discutant tranquillement dut faire un drôle d'effet à celles et ceux qui passèrent devant notre compartiment, mais sans doute moins que celle que Ganymede, Joyce et moi offrîmes en milieu de trajet, lorsque nous nous retrouvâmes en queue de train afin de discuter de l'Éventrée et des nouveaux problèmes qu'elle nous causait. J'appris ainsi que ma meilleure amie était sa nouvelle cible depuis bien plus longtemps que la veille tandis que, filant à travers la campagne, le train nous ramenait à Kings Cross.

— Vous êtes en train de me dire que ça fait plusieurs jours qu'elle suit Becca ?

— Oui, confirma Lestrange. Du coup on a essayé de faire en sorte qu'elle ne se retrouve jamais toute seule dans un couloir pour retarder le moment où notre grand-mère passerait à l'action.

— Et vous ne m'en avez pas parlé pendant tout ce temps ?

— Ta mère est morte et ton frère est parti. Tu avais autre chose en tête, Azer.

— Mais c'est de ma meilleure amie dont on parle ! Vous ne pensez pas que j'ai le droit de savoir qu'elle est potentiellement menacée par l'hystérique qui, rappelons-le, a tué mon grand-père ? Et puis d'ailleurs pourquoi est-ce qu'elle a choisi Becca, hein ? Ça n'a aucun sens ! Elle aurait pu prendre n'importe lequel de mes amis ! Comme Angel, par exemple ! Elle aurait eu un impact bien plus grand en s'intéressant à elle. Je veux dire, elle sait des choses sur les Wade qu'Angel elle-même ne soupçonne pas et qui la détruiraient purement et simplement !

Les deux cousins échangèrent un regard.

— C'est un petit peu plus compliqué que ça, fit doucement Joyce. Je ne suis pas certaine que tu sois la personne qu'elle cherche à atteindre en s'approchant de Becca.

Je m'apprêtai à lui demander qui d'autre elle aurait bien pu chercher à atteindre quand une secousse du train manqua de me faire tomber tête la première contre la fenêtre. Quand je me relevai en poussant un juron, la conversation n'était plus aux motivations de l'Éventrée mais aux moyens à notre disposition pour l'empêcher de faire ce qu'elle avait en tête et je dus remettre ma question à plus tard.

— Il faudrait trouver un moyen pour la mettre hors d'état de nuire, déclara Joyce.

— Il n'y en a pas, non ? intervins-je. Enfin, pas d'autre que de suivre Becca partout où elle va pour qu'elle ne puisse pas l'approcher de nouveau et lui causer de dommages irréparables, ce qui est tout à fait impossible puisqu'il nous reste plus de deux ans à passer à Poudlard.

— Je vais voir ce que je peux trouver dans la bibliothèque du manoir. Je suis sûr qu'il y a des solutions plus drastiques que celle-là, proposa Lestrange.

Il s'interrompit, sembla hésiter un instant, puis ajouta :

— Pour la détruire une bonne fois pour toutes.

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