Chapitre 29 : Des messages dans le ciel

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JUILLET 1975

Le reste de l'année scolaire passa à une vitesse incroyable. Pour des raisons qui doivent vous sembler évidentes mais que j'ignorais encore à l'époque, Joyce revint soudainement vers moi et, si nos rapports prirent quelques temps avant de redevenir comme avant, me réconcilier avec elle fut l'un des plus beaux moments de cette année 1975. Puis les jours s'enchaînèrent, les examens approchèrent et, avec eux, le choix des options pour ma troisième année à Poudlard. Je ris un peu en y repensant, je l'avoue. Je m'étais fait toute une montagne de ces options ! La divination mise à part, toutes m'intéressaient et c'est donc pourquoi je finis par en choisir trois au lieu des deux traditionnellement sélectionnées par les élèves : l'arithmancie, l'étude des runes et le soin aux créatures magiques. En parallèle, j'avançais également dans la traduction du manuel de transformation des Maraudeurs, leur apprenant ainsi juste avant l'été qu'ils allaient devoir se procurer des feuilles de Mandragore et les garder dans la bouche un mois entier, ce qui les fit bien moins rire que moi.

Les vacances d'été finirent par arriver, apportant avec elles un changement radical dans la façon de se comporter de mon père, comme me le montra un matin tout gris de juillet. Nous étions tous réunis dans la cuisine pour petit-déjeuner, si endormis que personne ne parlait, ce qui rendait le pied de mon père qui tapait inlassablement contre le carrelage noir et blanc du sol, comme en écho de la pluie qui cognait contre les vitres, incroyablement audible. Quelques minutes plus tôt, un hibou lui avait apporté l'édition du jour de la Gazette du Sorcier et son front se plissait de plus en plus à mesure qu'il tournait les pages du quotidien, l'air profondément exaspéré. Il finit par replier le journal et le poser sur la table avec un profond soupir.

— C'est de pire en pire, conclut-il pour lui-même.

Il leva sa baguette, fit léviter la cafetière jusqu'à lui et se servit une tasse fumante. Du coin de l'œil, ma mère le couvait d'un regard soucieux tout en faisant cuire des pancakes. Impuissante, elle le vit finir cul-sec son café puis se lever, les pieds de sa chaise émettant un horrible grincement contre le carrelage qui nous fit tous grimacer. Aussitôt, il transplana, sans même nous souhaiter une bonne journée, ce qu'il ne manquait d'ordinaire jamais de faire. Agacée, ma mère retourna à son saladier de pâte, ruminant des pensées qui faisaient s'agiter nerveusement ses sourcils. Toute aussi intriguée qu'eux, j'échangeai des regards perplexes avec Jake, Marly et Arthur et, timidement, celui-ci demanda :

— Qu'est-ce qui lui arrive, à Papa ?

— Ce qui lui arrive ? répéta ma mère en se retournant d'un bond. C'est une bonne question, ça ! Je n'en sais strictement rien puisqu'il ne se donne pas la peine de m'en parler !

Le sifflet coupé, Arthur se réintéressa à son petit déjeuner, préférant sans doute perdre son énergie à tartiner un pancake de chutney aux figues plutôt qu'à questionner inutilement ma mère. Résolu à obtenir des réponses malgré tout, Jake s'empara de l'édition de la Gazette et la parcourut des yeux.

— Les nouvelles ne sont pas mauvaises, pourtant, déclara-t-il.

Ma mère lui lança un tel regard que, malgré sa grande gueule, il n'osa rien ajouter. En même temps, il faut préciser que ma mère ne se montrait que très rarement aussi sèche, encore moins avec nous. Pour qu'elle en soit arrivée à un tel stade d'énervement, la situation avec mon père ne devait pas dater de la veille et c'est ce qui me fit comprendre que ce qui le préoccupait était bien plus important que d'habitude.

Lorsque ma mère décréta qu'il devait y avoir suffisamment de pancakes pour nourrir tout Poudlard, elle revint s'asseoir.

— Ta valise est prête, Marly ? s'enquit-elle, toujours froide. La mère de Tess a dit qu'elle passerait te prendre en fin de matinée.

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now