Chapitre 48 : Les jouets cassés doivent être réparés

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RAPPEL : Dans le chapitre 26 du premier tome, vous avez appris l'existence d'un manège musical miniature qui avait été donné aux enfants Azer par un artisan lors d'une nuit d'Halloween où ils visitaient la tombe de leurs grands-parents maternels à Strasbourg. Lorsqu'ils sont partis en Angleterre, ils l'ont laissé en France, comme un symbole de leur unité passée.


Cette fois-là, pour la première fois, je sus que je rêvais avant d'ouvrir les yeux. Oubliant les bras de Theo qui m'entouraient, loin de là, dans la vraie vie, je ne mis donc pas longtemps à rejoindre John, installé derrière le comptoir de ma boutique avec Nathan dans sa version antérieure à l'attaque de la Pomme d'Or, penché sur la réparation d'un petit objet que je ne pouvais discerner, caché comme il l'était entre ses grandes mains.

Même si je m'y étais attendue, voir ses cheveux blancs, sa nuque voûté et les pattes d'oie encadrant son regard quand il le posa sur moi me déstabilisa et me rappela d'une façon un peu trop violente à mon goût le caractère éphémère certain dont je savais mes rêves dotés depuis que l'enfant du premier avait cédé sa place à l'adolescent du deuxième. Seul le trou rouge creusant sa poitrine demeurait inchangé.

— Je suis contente de te voir, déclarai-je néanmoins, mettant de côté mon trouble.

— Moi aussi. Je commençais à me demander quand tu serais enfin prête à guérir.

Je baissai la tête, consciente d'avoir laissé s'écouler de nombreuses semaines avant de comprendre que je préférerais toujours aller vers l'avant que de rester immobile.

— N'aie pas honte, me rassura-t-il. Tu as perdu beaucoup, c'est normal que tu aies besoin de temps.

Je chassai ses considérations d'un geste du bras.

— Où on va, aujourd'hui ?

— Nulle part.

Je ne parvins pas à cacher ma déception et il rigola doucement.

— Tu te souviens que c'est toi qui décide de...

— De ce que tu me montres, je sais.

— Alors ne fais pas cette tête. Et puis, cette boutique est très belle, vous avez fait du bon boulot.

— Avant que les Mangemorts ne détruisent tout.

— Mais ils ne sont plus là, les Mangemorts. Et, ce qui se casse, ça se répare.

Comme pour me prouver qu'il avait raison, il posa sur le bois du comptoir quelque chose que je n'avais pas vu depuis des années.

— Le manège mécanique... soufflai-je. Où est-ce que tu l'as trouvé ?

John ricana alors que je saisissais entre mes doigts l'armature fragile du jouet pour enfants qu'un artisan Moldu nous avait donné des années plus tôt, à Jake, Marly, Arthur et moi.

— Dans ta mémoire, Ali. Dans la vraie vie, il n'a pas bougé. Il vous attend toujours sur la commode, à la Scierie.

J'effleurai la mollette du bout du pouce, résistant à l'envie de la tourner pour entendre encore une fois cette mélodie si douce ancrée dans mon cœur.

— Tu mens, répliquai-je en le reposant un peu trop violemment, faisant trembler un des chevaux de bois. Il ne peut pas nous attendre.

— Pourquoi ? Parce que vous n'êtes plus quatre ?

J'hochai frénétiquement la tête et John soupira.

— Ce n'est pas parce qu'Arthur n'est plus là qu'il ne peut pas marcher. Il n'a pas besoin de vous quatre vivants pour fonctionner, il a besoin de vous quatre en paix les uns avec les autres.

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