Chapitre 45 : Le pire jour de leurs vies

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PRINTEMPS 1976

Les paroles de Regulus m'affectèrent bien plus que je n'aurais pu le prévoir. Ses mots tournèrent en boucle dans ma tête durant de longues heures après qu'il me les ait balancés à la figure et, quelques jours plus tard, j'étais encore capable de restituer la moindre de ses phrases, intonations et mimiques à la clé. Néanmoins, ces dernières eurent au moins le mérite de me réconcilier avec Becca et Angel. En effet, en me voyant complètement démolie le soir de mon altercation avec le frère de Sirius, Becca se méprit sur les raisons de mes larmes et, pensant qu'elle en était la responsable, se jeta sur moi en disant que me blesser n'avait jamais été dans ses intentions.

Au départ, je ne cherchai pas à la démentir, bien trop heureuse qu'elle se soit trompée et ait ainsi fait le premier pas mais, quelques jours plus tard, je finis par lui confier, à elle et à Angel qui s'était jointe à nous, ce qui s'était passé avec le Serpentard. Becca le traita de tous les noms, me faisant sourire, et le regard que m'adressa Angel valait bien toutes les potions antidouleurs de Mrs Pomfresh. M'assurant qu'il n'était qu'un imbécile et qu'il ne méritait pas que je me mette dans un tel état, elles me forcèrent à reprendre du poil de la bête et notre amitié, bien que salie par les récents événements, se retissa petit à petit

Peu de temps après notre réconciliation, les Maraudeurs organisèrent une petite farce, comme pour montrer aux élèves de Poudlard que, maintenant qu'ils étaient à nouveau réunis et pas près de se redisputer, leurs ennemis n'avaient qu'à bien se tenir. Les voir comploter tous les quatre comme au bon vieux temps me réconforta étrangement, au même titre que le progressif retour à la normale des entraînements de Quidditch en dépit de ce qu'il s'était passé entre Angel et Thomas. Les deux semblaient prêts à oublier l'épisode et Alex et moi, qui étions les seuls au courant, nous gardâmes bien de le leur rappeler, même lorsqu'on se fit humilier en finale contre les Poufsouffle.

Ainsi, mai passa sans que je ne m'en rende compte. Les examens se firent plus proches, le château plus studieux, la bibliothèque se remplissant de jour en jour, au grand désarroi de Mrs Pince qui n'avait pas assez de ses deux yeux pour surveiller tous les élèves. Mes premiers examens débutèrent à la mi-juin et se déroulèrent bien pour la plupart. De toute façon, j'avais si peu travaillé durant les dernières semaines que j'étais loin d'être en mesure de me plaindre de la difficulté de ce qui nous était demandé.

***

JUIN 1976

Lorsque, enfin, le dernier examen toucha à sa fin, tous les troisièmes années de Gryffondor se rendirent gaiement dans le parc. Sun-Ly entraîna Angel et Becca vers le lac tandis que Zoey se plongeait dans la lecture d'un magazine sur la berge et que Fred Thompson, un de mes camarades de maison, tentait comme il pouvait d'expliquer les règles du football à Theo et Charlie qui, bien que de sang-mêlé tous les deux, ne semblaient pas y comprendre grand-chose. De mon côté, je ne fis que m'allonger dans l'herbe, savourant la douceur du début d'été.

À Poudlard, j'avais l'impression d'être hors du temps. De pouvoir profiter de mon adolescence loin de tous les problèmes de la vie courante qu'il me faudrait retrouver dès que le Poudlard Express s'immobiliserait dans la gare de Kings Cross. Je me doutais que je ne verrais pas beaucoup mon père de l'été et cette perspective m'attristait. Depuis que les attaques s'enchaînaient, il avait l'air d'avoir pris dix années, son visage se creusant de fatigue tandis que son sourire se faisait moins lumineux de jour en jour. Il passait de plus en plus de temps au Ministère et ma mère disait, à juste titre, que ça lui bouffait toute sa joie de vivre.

Bercée par les cris des garçons, les éclaboussures de Sun-Ly, Angel et Becca, et les bruissements des pages du magasine de Zoey, je finis par sombrer petit à petit dans un sommeil réparateur. Lorsque je m'en réveillai, quelques heures plus tard, sous le regard moqueur de Becca qui me fit remarquer que je dormais la bouche ouverte, le soleil était bien descendu dans le ciel et les cinquièmes et septièmes années qui passaient leurs BUSES ou ASPICS avaient à leur tour rejoint le parc pour savourer un moment de répit.

Life Always RestartsWhere stories live. Discover now