Chapitre 31 : Jeux de rôles

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1) J'ai commencé cette histoire bien avant la sortie des Animaux Fantastiques 2 et rédigé ce chapitre avant de l'avoir vu. Je sais qu'au point de vue Paris sorcier ce chapitre ne collera donc pas à ce qui est présenté dans le film, mais c'est tout à fait naturel (et ça ne pose dans le fond aucun souci de cohérence).

2) Dans ce chapitre, vous allez découvrir les Villevannes, la famille de Jocaste, la grand-mère paternelle d'Alicia. Si vous voulez vous remettre dans le bain pour voir comment s'articule cette famille par rapport à celle des Azer, vous avez à votre disposition un arbre généalogique dans le recueil de bonus affilié à Life Always Restarts, trouvable sur mon profil.


JUILLET 1979

Des bateaux, j'en voyais passer tous les étés depuis que j'habitais à Tinworth. Petits, gros, à voile, à moteur, il m'arrivait de m'arrêter pour les regarder fendre la mer. Ils ne me fascinaient pas comme ils fascinaient Joyce, que j'avais souvent surprise immobile, les yeux fixés sur la ligne d'horizon et le sourire au large, absorbée par la contemplation de ce qu'elle percevait sans doute comme le symbole ultime de la liberté, mais, pour autant, parfois, je les admirais. J'ouvrais grand les battants de ma fenêtre et, tout en m'enivrant de l'odeur de varech, j'imaginais comment était la vie sur ces rafiots qui, de loin, paraissaient épouser l'océan.

La vérité, c'est que c'était juste désagréable. Les autres passagers étaient bruyants, les sièges de la passerelle inconfortables, des gouttes d'eau venaient se mêler aux larmes que le vent glissait sous mes paupières et la coque semblait plus déchirer la mer que flirter avec elle.

Regagner la terre ferme fut un réel soulagement, qui ne dura cependant que le temps qu'il me fallut pour réaliser que je me trouvais à Cabourg, dans la ville où, soixante ans plus tôt, mon arrière-grand-père avait été assassiné par les Martins. Ma grand-mère, quand elle vint me chercher à l'embarcadère pour me conduire jusqu'à la zone de transplanage à partir de laquelle nous rejoindrions Paris, ne m'en toucha mot, mais à la façon dont elle pressa le pas alors qu'on longeait les maisons bordant la plage, je pus deviner qu'elle aussi s'empêchait de les examiner pour déterminer laquelle avait remplacé celle où son mari avait failli perdre la vie.

Le malaise pesait et la rue côtière paraissait ne jamais avoir de fin mais, après quelques minutes, nous finîmes par atteindre un petit square d'apparence désaffectée, où l'herbe avait depuis longtemps envahi les allées et les buissons perdu leur sage agencement. Cet aspect n'était qu'un leurre, comme il en existait dans chaque ville de France où habitaient des sorciers. Encore traumatisées par les ravages qu'avait faits Grindelwald dans sa conquête avant de délaisser l'Europe pour les États-Unis, les autorités magiques françaises avaient en effet strictement réglementé l'arrivée de sorciers sur le territoire. Il n'était pas possible de transplaner hors de ces zones, dont l'activité était d'autant plus étroitement surveillée par des officiers de police à l'uniforme vert sapin que la renommée de Voldemort avait dépassé les frontières.

Celui qui était de garde ce soir-là nous salua, ma grand-mère et moi, avec une lassitude aisément perceptible et vérifia notre identité avant de nous laisser transplaner. Dans la zone de transplanage ouest de Paris, l'activité était bien plus soutenue. Les sorciers allaient et venaient, si pressés que les collègues de celui qui nous avait contrôlées peinaient à faire leur travail. En bonne campagnarde que j'étais bien malgré moi, c'était la première fois que j'assistais à un spectacle pareil et les mouvements ininterrompus des mobilités quotidiennes des sorciers parisiens m'absorbèrent complètement, m'attirant des regards moqueurs de la part de ceux qui prenaient le temps de me remarquer et irritant ma grand-mère qui finit par me tirer d'autorité par la manche pour nous faire sortir.

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