𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

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Quand la nuit tombe,
les Pirateez passent à l'action.

Dans la maison de Choi San, dans un coin reculé de la capital, le bruit d'une voiture coûteuse vient briser le silence qui s'y était installé depuis quelques heures. Depuis l'intérieur on pouvait entendre le moteur s'arrêter de gronder, une porte se refermer, et des bruits de pas pressés sur le gravier de la coure avant. Les pas s'arrêtèrent sur le perron de la maison, juste avant que trois coup ne soient portés à la porte double. Les coups résonnent entre les murs et le haut plafond de l'immense demeure, mais personne ne répond.
   Le visiteur prit la liberté d'entrée, échappant ainsi au vent froid et aux températures très basses de l'hiver sud-coréen. C'était un jeune homme dans la vingtaine, assez petit de taille mais dans la moyenne du pays. Les traits fins de son visage se détendent petit à petit en sentant la chaleur du grand hall d'entrée. La couleur grise de ses cheveux leurs donnaient l'air d'être couvert d'une petite couche de givre, ce qui n'aurait pas été étonnant au vu du bout rouge de ses oreilles et de son nez.
   Le hall d'entrée, décorer d'un sublime lustre, donnait sur un escalier en pierre blanche qui s'accordait parfaitement avec l'air ancien de la maison, inspirée du style hausmanien à la française. Il menait aux chambres et aux salles de bains. À gauche du hall, une grande ouverture donnait sur la pièce à vivre à l'effigie du reste de la demeure: immense et luxueuse. Les canapés en cuire noirs accompagnés de leurs fauteuils valaient à eux seuls une petite fortune, et ne parlons pas des différentes œuvres d'arts qui habillaient les murs et les meubles comme de simples décorations. Au fond, la cuisine paraissait presque petite comparée au reste de la pièce. Ouverte et spacieuse, elle ne servait pas à grand chose: le maître des lieux ne cuisinait jamais. De l'autre côté du hall, à droite de l'entrée, se trouvait la salle de réception, elle aussi peut utilisée: San appréciait la compagnie d'une poignée de personnes tout juste.

En tendant l'oreille et en parcourant les lieux d'un rapide coup d'œil, le jeune homme comprend que San devait être à l'étage. Il monte deux à deux les marches de l'escalier et presse le pas en direction de la chambre de son ami, traversant un long couloir éclairé par la lune dont les grandes verrières qui ornaient tout un côté du mur laissaient entrer les quelques rayons. Arriver devant la porte de celle-ci; il connaissait le manoir comme sa poche; il y entra sans prendre la peine de toquer et découvre son ami assis sur le bord de son lit baldaquin.
   La tête entre les mains, les coudes sur les cuisses, Choi San, chef des Pirateez, semblait réfléchir sans vraiment trouver de solution à son problème. Il releva la tête vers son ami que lorsque les baskets de celui-ci apparurent dans son champ de vision. Ses cheveux noirs et ébouriffés montraient qu'il venait de se réveiller il y a peu, et son visage crispé que le réveille n'avait pas été très agréable.
   - Je suppose que tu es déjà au courant, commence le jeune homme en s'essayant à côté de l'homme d'affaire.
   - Tu supposes bien, Hong-Joong.
Le dit Hong-Joong lui répondit par un sourire crispé, et ne pipa mot.
San était silencieux, calme.

Trop calme.

Hong-Joong le connaissait suffisamment pour savoir que c'était très mauvais signe. Depuis petits les deux hommes se connaissent, enfait. Lorsque San était en colère, il n'était pas, ou plutôt plus, du genre à passer ses nerfs sur la première chose qui lui venait. Ça, c'était dans sa jeunesse délinquante. Avec l'âge et la maturité, il avait appris à garder son calme et à maîtriser ses émotions. Mais il ne fallait jamais l'interrompre, au risque d'en subir les conséquences. Il n'était jamais bon de pousser à bout Choi San, et il ne laissait jamais les gens commencer à le faire, d'ailleurs.
San ne se mettait pas en colère pour un rien, mais lorsqu'il s'agissait de son empire, s'était autre chose. Et aujourd'hui, ou plutôt cette nuit, l'une de ses pires craintes s'étaient réalisées.
Il y a tout juste vingt minutes, San s'était réveillé avec un mauvais pressentiment.
Ça n'a pas manqué: le PDG de la plus grosse entreprise d'immobilier du pays lui avait envoyé un SMS, dans lequel il lui révélait avoir découvert l'emplacement précis de l'un de leur entrepôt secret. Enfin, anciennement secret.
Ce type ne l'avait jamais caché, il a toujours été jaloux de l'autorité et de la richesse que possède les Pirateez, et il l'était déjà avant même que San n'en prenne le contrôle après la mort de son ancien chef. Cela fait des années qu'il cherche à les ruiner, mais jusqu'à présent il n'avait été question que de quelques menaces futiles et de bagarres enfantines. Le temps pressait, il fallait agir.
   - On pourrait acheter un nouvel hangar et y transférer toutes la marchandise, suggère Hong-Joong.
   - On parle d'une vingtaine de milliers d'armes illégales là, il soupire péniblement, et puis Kim Eunji a dû poster une dizaine de ses hommes tout autour du bâtiment pour y surveiller le passage. On pourra difficilement déplacer toutes ses armes autre part sans qu'il le remarque, d'autant plus que l'achat d'un nouvel hangar ne lui passerait pas inaperçu, il réfléchit à une solution, mais cette fois ci rien ne lui vient.
   Il avait bien des fois eu affaire à des menaces, et il s'en était toujours très bien sorti. Mais peut-être que cette fois-ci allait être l'exception. Malheureusement, ou pas, son rôle de chef ne lui permettait pas de se laisser abattre. S'il baissait les bras, c'était tout Pirateez qui était en péril. Il ne pouvait certainement pas laisser une telle catastrophe arriver, et n'osait même pas l'imaginer.
   On parle de plusieurs centaines de milliard de won en jeu, d'employé qui compte sur ce travail; bien qu'illégal; pour mettre leur famille à l'abris, d'armes à feux qui pourraient finir dans des mains encore plus mauvaises que les leurs. Et il y avait aussi la prison. Toutes les autorités du pays aimeraient voir San et ses coéquipiers derrière les barreaux. Vous vous rendez compte ? Le plus grand trafiquant d'arme sud-coréen enfin entre les mains de la justice.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant