𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟕

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   Le manoir était à nouveau plongé dans le silence. Après le départ des garçons et de Bora, j'ai eu l'impression qu'un immense vide les avait remplacé. Ce n'était peut-être pas plus mal, j'ai besoin de repos et un peu de calme n'est pas de refus. Comme je n'avais rien d'autre à faire que de rester allongée dans le lit de San; qui devient donc mon lit aussi; j'ai passé une bonne partie de la soirée à regarder tout et n'importe quoi sur mon téléphone pendant que Monsieur se défoule dans le garage. Voilà près de deux heures que j'entends des coups de feux résonner entre les hauts murs du bâtiment à intervalles irrégulières. De temps en temps je l'entends crier, je n'y prête pas plus attention que ça.
   San ne voulait pas me laisser seule à l'étage, il voulait rester au près de moi même si ce n'est pour rien faire. C'est moi qui l'ait incité à prendre un peu de temps pour lui, à souffler un coup. Son visage s'est tout de suite détendu. Le connaissant il ne comptait même pas me demander s'il pouvait allait s'isoler un peu. Comme s'il avait besoin de ma permission pour ça, ou que j'allais l'en interdir.
   Je sais qu'il en a besoin, surtout avec son tempérament colérique. Je sais aussi que bien que nous soyons amoureux, ça ne me met pas à l'abris de ses crises. San n'arrive pas encore assez à gérer sa colère pour ça, mais ça viendra. J'en suis sûre.
   Je souris bêtement devant la légende d'une photo que ma meilleure amie m'a envoyée à l'instant. Sur celle-ci ses cheveux courts bruns sont en bataille, son glosse a presque disparu et ses traits d'eye-liner ont coulé. Elle vient de se faire bousiller par Seong-Hwa; j'ai pas d'autre mot au vu de son état; et elle est très heureuse de me l'apprendre. Et si elle est heureuse, alors moi aussi je le suis.
   Avant de partir elle a changé le gros pansement qui couvre mes points de suture après avoir nettoyé la plaie. Ça n'a pas été douloureux mais très perturbant à voir, surtout que je n'avais pas encore vu à quoi cela ressemblait. Puis elle a montré à San comment faire pour qu'il puisse changer les prochains. Mon cathéter a été enlevé aussi, je n'ai plus besoin de morphine ni d'antibiotiques.
   - Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
   Le téléphone m'échappe presque des mains à cause de mon sursaut. Trop absorbée dans ma conversation avec ma meilleure amie, je n'ai pas remarqué que les coups de feux avaient cessés et que San était remonté dans la chambre. Il est habillé d'un tee-shirt de compression noir et de son jogging gris.
   Miam.
   Il me regarde depuis la porte avec un fin sourire, le même qu'il arbore toujours dès qu'il me voit depuis que l'on a confié nos sentiments à l'autre. Je ne l'ai jamais vu aussi mignon, et pourtant je le trouve déjà adorable à chaque fois que mes yeux se posent sur lui. Bon, sauf quand il pète un plomb. Dans ces cas là je le trouve terriblement sexy.
   Doucement, je m'assoie au bord du lit tandis qu'il s'avance jusqu'à s'arrêter et s'accroupir devant moi, presque entre mes jambes. Les mèches qui recouvrent habituellement son front sont collés à celui-ci à cause de la sueur. Ce côté sexy-raffiné; je suis sans doute la seule à le voir ainsi; contraste par ses yeux brillants presque entre ouverts.
   Il semble apaisé. Ça me fait du bien de le voir plus léger.
   Je passe ma main valide dans ses cheveux pour les mettre sur le côté et mieux pouvoir contemplé son joli visage. J'allais la reposer sur mes genoux mais San la prend doucement dans l'une des siennes. Il est encore plus méticuleux quand il reproduit ce geste avec ma main plâtrée. Mon cœur s'emballe et ma respiration avec. Je suis certaine que San entend chacun de mes battements tant ils sont puissants. Est-ce le fait qu'il semble voué à moi, dans cette position, qui me met dans un tel état ? Si c'est bien le cas, j'ai déjà peur de ce que je vais éprouver dans les prochains jours.
   Toutes ces choses sont nouvelles pour nous. Et si San a l'air sûr de lui dans son rôle de petit copain, je le connais suffisamment pour savoir qu'en réalité il a peur de mal faire. Ceci étant dit, il se débrouille très bien puisque je n'ai rien à lui reprocher. Au contraire.
   Ce n'est qu'en sentant mes joues me faire mal que je remarque que je suis entrain de sourire bêtement depuis un bon moment déjà, le fixant comme s'il s'agissait de la première fois que je voyais sa beauté. Gênée, je redirige mon regard autre part; sur la table de nuit sur laquelle est posée un cadre photo et les boites de médicaments éparpillées de San. Dans la journée, San y a déposé le cadre qui était autrefois dans ma chambre pour m'apporter un peu de réconfort. Il s'agit de celui dans lequel est enfermé une photo de moi et Bora.
   J'ai déjà hâte de me réveiller et de tomber sur son gros crâne. Elle sera à nouveau le premier visage; sans compter celui de mon mec; que j'apercevrai à chaque nouvelle journée.
Quel bonheur.
- C'est Bora. Elle m'a envoyé une photo d'elle juste après s'être faite péter la chatte par... San me coupe.
- Je m'en fiche pas mal de sa vie sexuelle. Je pouffe un rire en le regardant à nouveau, réveillant légèrement la douleur à mon abdomen. En fait, si. Il baise bien ?
- Comme un Dieu. Ce sont ses mots.
- Pas mal.
   C'est qu'il a l'air fier de son pote en plus, le con.
- Quoi ? T'es jaloux ?
- Pas le moins du monde. Je n'ai rien à envier à personne.
- Preuve ou fake. Fais-je dans un rire.
Il s'étouffe presque avec sa salive.
   On dirait qu'il a oublié que, à la base, j'avais plus comme objectif de le baiser que de tomber amoureuse de lui.
- Hannah, si je t'en donne la preuve c'est plus seulement du trou que t'as dans le bide dont tu vas souffrir.
   Cette fois ci c'est moi qui m'étouffe, et mes joues me font encore plus mal en plus de chauffer.
Je trouve cette conversation très intéressante, pas vous ?
- Oh.
Ouais, c'est le seul mot que j'arrive à prononcer. Est-ce qu'on peut dire qu'il m'en bouche un coin ?
   Pitié, je suis tellement drôle.
- J'espère que tu feras un peu plus de bruit pendant que je te...
J'arrache ma main valide de la sienne pour le taper à l'épaule, évidemment stopper bien avant à cause de la lenteur de mon côté faible et de sa force.
- Je ne veux pas en entendre plus !
- Oh non, pourquoi ? Dit-il faussement déçu.
- J'ai pas d'explication à te donner !
- C'est toi qui commence par ton 'preuve ou fake' et quand je rentre dans ton jeu tu fuis. Je te pensais plus courageuse que ça, Hannah.
   Moi aussi.
J'ai l'impression qu'il prononce mon prénom rien que pour me déstabiliser. Et ça marche.
- Je ne fuis pas du tout ! C'est juste... j'essaye de trouver une excuse. De toute façon, je suis gravement blessée. Alors ça ne sert à rien d'en parler puisque mon corps n'est pas apte à... ça.
Son sourire se rallonge d'un côté.
   Je connais que trop bien ce sourire là.
Il prend appuie sur ses genoux pour se pencher vers moi et effleure mes lèvres avec les siennes. Je ferme les yeux, ne pouvant pas supporter de voir les quelques misérables centimètres qui séparent nos bouches. Son souffle chaud caresse ma lèvre du dessus et me fait frissonner. Les battements de mon cœur se font encore plus réguliers et puissants. Puis je sens sa mains se poser sur ma cuisse dénudée et remonter jusqu'au tissus de mon short. Il passe ses doigts entre lui et ma peau mais ne s'aventurent pas plus loin.
   Pas assez loin.
   J'ai envi de l'attraper pour l'enfoncer davantage, mais si je ne le fais pas c'est juste par esprit de contradiction.
Ma frustration grandit quand je sens ses lèvres s'éloigner des miennes pour glisser près de mon oreille.
- Tu vois, je ne suis vraiment pas sûr que tes blessures t'empêcheraient de recevoir ma queue.
Mes joues rougissent davantage. Mon pauvre petit cœur ne sait plus comment gérer la situation, et ça ne s'arrange pas quand il vient embrasser ma tempe.
Ça me rappelle de bons vieux souvenirs.
- Pas du tout. Réussis-je à articuler sans bégayer.
Je réouvre les yeux lorsqu'il s'écarte et croise directement les siens. Il est d'humeur joueur, le con. Et il arrive très bien à me rendre folle.
Comme si je ne l'étais déjà pas assez .
- OK, j'ai rien dit. T'as raison. Avouais-je finalement.
De toute façon il a très bien conscience de l'effet qu'il a sur moi. Et même si je voudrai le lui cacher, mon corps me trahirait sans plus attendre. L'humidité qui naît entre mes cuisses en est la preuve.
- Je préfère cent fois plus quand tu l'assumes. Sa voix est à la fois calme et provocatrice. Quant à ses yeux, il me dévore avec leur noirceur. Ça te rend plus... Non, tu es tout le temps excitante.
J'en peux plus.
Je rapproche mon visage du sien pour sceller agressivement nos lèvres. Son corps bascule un peu en arrière puis se loge entre mes jambes facilement après avoir retrouver l'équilibre. Sa poitrine se soulève contre la mienne, car même si je suis en hauteur face à lui notre différence de taille nous fait à peu près arriver au même niveau. Il passe ses bras autour de ma taille et ses mains viennent soulever mon sweat-shirt; son sweat-shirt en réalité; pour passer en dessous et caresser mon dos. Les miennes se posent sur ses joues et m'aident à encore plus coller nos bouches pour approfondir notre baiser.
Après quelques secondes je demande moi-même l'accès à sa langue. San me le donne sans hésiter. C'est déjà arriver quelques fois depuis ce matin, mais j'ai l'impression que chaque fois est une première. Tout chez lui est irrésistible.
   J'ai envie de le consumer jusqu'à en perdre la raison et inversement. J'aimerai qu'il prenne possession de mon corps, qu'il me fasse tourner la tête...
Quand San se détache rapidement de moi, repoussant mes épaules, je me sens vide et confuse.
   C'était avant de comprendre ses attentions.
- Et puis merde...
Il se redresse en glissant ses mains sous mes cuisses. Je me raccroche à son cou en sentant mon corps se soulever pour être reposé plus loin sur le lit, là où il a la place de se mettre au-dessus de moi. Un de ses genoux se place entre mes cuisses pour les maintenir écarter, l'une de ses mains prend appui sur le matelas à côté de ma tête et l'autre survole ma joue et mon cou avant de s'attarder à ma poitrine. Quand elle empoigne l'un de mes seins, même à travers mon vêtement épais, une grande satisfaction s'empare de moi alors que l'excitation grandit dans mon short. C'est la première fois qu'il touche cette partie là de mon corps. Je suis tellement heureuse qu'il puisse en découvrir davantage. Enfin.
Nos lèvres ne se séparent pas. Elle ont l'air faites pour l'autre tout comme nos corps. San appuie légèrement son bassin contre le mien, veillant à ne jamais toucher ma blessure. Nos respirations saccadées se mélangés et emplissent la pièce avec le frottement de nos vêtements qui deviennent de plus en plus de trop. Sa main continu de malaxer mon sein puis s'attarde à mon téton durci par l'excitation en le pinçant à travers le tissus. Ce qui ressemble à un couinement s'échappe de ma bouche. San sourit contre mes lèvres. Je suis sûre qu'il s'agit de son fameux sourire en coin. Puis il ramène sa main à ma gorge, l'entoure et la sert doucement.
   C'est effrayant comme San me connaît bien, comme il connaît ce que j'aime et ce que je n'aime pas sans même qu'on en est discuté.
   Je laisse ma main valide redécouvrir son dos. Celui que j'aime tant, mis en valeur par son teeshirt. Par moment je l'agrippe avant de faire pareil avec l'arrière de ses cheveux noirs. Mes jambes s'enroulent autour de sa taille, attirées comme des aimants. Je sens son entrejambe se rapprocher encore plus de la mienne, vite stoppé par un petit cri de douleur qui met aussi fin au baisers. Il s'est trop approché de ma blessure.
   - Merde, je ne voulais pas... il me regarde avec des yeux désolés et inquiets.
   - C'est pas grave, ça a juste réveillé la douleur.
   - Non, j'aurai du faire plus attention.
   Il regarde un moment sa main autour de mon cou avant de l'enlever. J'ai l'impression qu'il apprécie de m'étrangler encore plus que moi j'aime qu'il me le fasse.
   Parfait !
   - On devrait s'arrêter là, j'ai peur de te faire plus de mal.
   - Je sais gérer ma douleur seule. Répondis-je plus fermement. Je t'aurai arrêté.
   Il acquiesce, plus pour ne pas me contredire que parce qu'il est convaincu. Puis il m'embrasse chastement une dernière fois avant de se redresser.
   - J'ai un truc à te montrer.
   Il se relève du lit et m'aide à faire de même avant de me faire quitter la chambre. Mes premiers pas sont un peu chancelants, mais je parviens vite à retrouver un bon équilibre. Machinalement j'allais me diriger vers l'escalier, mais San me guide dans la direction opposée. Vers le fond du couloir, éclairé par quelques luminaires. C'est là où se trouve la porte qui mène au toilette, et une autre à la chambre du père de San. Son ancienne chambre du moins. Je me rappelle que c'était Jong-Ho qui m'en avait parlé.
   Avant d'entrer dans celle-ci, San attrape ma main pour entrecroiser nos doigts et m'adresse quelques mots.
   - Avant de m'y réfugier pendant que Bora t'opérait, je n'y avais pas été depuis sa mort presque.
   Il me fixe comme s'il cherchait du réconfort à travers mes iris. J'imagine qu'il le trouve puisqu'il n'ajoute rien d'autre et abaisse la poignée de la porte.
   San entre le premier et je le suis de près. La lumière de la lune et artificielle de la ville me suffit à, dès le premier pied posé, avoir l'impression de voyager, d'avoir changer d'époque. Tout ici date d'il y a trente ans. La pièce est agencée un peu comme les deux autres. Un lit double est placé au milieu du mur de gauche, devant lui se trouve une commode et à côté une grande armoire, tous en bois massif. Sur le mur du fond, à gauche il y a une grande fenêtre puis le un dressing et la salle de bain séparée par une cloison. San allume la lumière et je remarque que des vêtements sont encore parfaitement bien rangée dans le dressing. J'aperçois beaucoup et surtout des costumes. Ici les murs sont encore habillés avec du papier peint, une espèce de blanc cassé. Des bandes sur lesquels de petits ornements sont imprimés longent le début des murs et leur fins.
   La chambre ne possède que le strict minimum. Aucune décoration, rien. Elle me fait penser au bureau de San à la Cour des Pirates.
   Une odeur de cigarette parvient à mes narines, San a du fumer dedans l'équivalent de presque un paquet à tous les coups. Je comprends toujours pas comment ça se fait qu'il n'ait pas de problème de santé à cause de ça d'ailleurs.
   - Ça me rassure que cette pièce reste tel quel. J'ai l'impression que grâce à elle on n'oubliera jamais sa mort. Il s'avance vers le lit et s'y allonge sur le dos, m'entraînant avec lui. On se retrouve à discuter les yeux rivés sur le plafond, nos mains toujours enlacés. Quand on était gamin Hong-Joong et moi jouions beaucoup à cache-cache ici, même si on en avait pas le droit. Comme on avait peur d'y entrer, souvent celui qui avait l'audace de s'y cacher gagnait quasiment tout le temps. Il est pas difficile de percevoir de la nostalgie à travers sa voix. Il a été le premier enfant à jouer avec moi. Grâce à lui j'ai appris à quoi un gamin normal de mon âge est censé jouer. J'aurais pu apprendre certains jeux juste en observant les autres à l'orphelinat, mais ça ne m'intéressait même pas. Torturer les insectes étaient pour moi plus intéressant, puis j'ai commencé à développer une fascination effrayante pour les cadavres d'animaux. Quand j'ai expliqué tout ça à Hong la première fois , je me souviens qu'il a trouvé ça dégueu. Puis sans transition il m'a parlé de son Pokémon préféré. Je comprenais rien à ce qu'il me disait, mais j'aimais beaucoup la manière dont il m'initiait. On avait huit ans, c'était mon premier ami.
   Je me tourne sur le côté pour me blottir contre lui, la tête contre sa poitrine, obligée de lâcher sa main. San fait de même. Nos jambes s'entrecroisent alors que nous sommes tous les deux bien au chaud dans les bras de l'autre, profitant de ses câlins.
   - Où vivait Hong-Joong ?
   - À l'époque mon père avait fait construire un refuge pour accueillir des gamins. Hong-Joong était l'un des premiers pensionnaires et a donc connu mon père avant moi. Ses parents ont eu des des problèmes d'argents peu de temps après sa première rentrée à l'école. Ils n'arrivaient pas à lui donner une vie convenable. C'est mon père qui l'a trouvé, un jour où il vagabondait dehors, comme d'habitude, parce que ses parents travaillaient trop pour pouvoir le surveiller. Il avait quatre ans, il est devenu comme un fils pour papa et il l'a éduqué comme si c'était le cas. Il marque un pause. Ce refuse était spécial. Les gamins étaient entraînés dès le plus jeune âge pour intégrer Pirateez par la suite. Ils ont tous été à l'école comme des enfants normaux, mais ils étaient déjà destinés à un avenir dans le cartel. Apparement ça n'a jamais posé problème puisque c'était soit ça et être bien payé, soit finie à la rue. Puis mon père a choisi de le fermer une dizaine d'année plus tard une fois que tous les gamins sont devenus assez grands et autonome pour occuper des appartements. Les enfants étaient des cibles trop faciles pour les ennemis, c'est risqué d'en accueillir plus encore et de faire ça au long terme.
   - Wow.
   Je ne m'attendais pas à tout ça. Pas du tout même. Hong-Joong aussi en a beaucoup bavé. Sans Pirateez il aurait été promis à une vie de foyer, un endroit où il est difficile d'avoir des repaires et de se sentir en sécurité, surtout quand on passe de famille d'accueil en famille d'accueil. Je me rends compte que je ne connais pas grand chose du passer des garçons. MinGi et Jong-Ho m'ont rapidement expliqué le leur, mais ça c'est arrêté là. 
   - Ouais, le Pirateez d'avant était vraiment différent. Plus vivant, familial. À l'époque je trouvais ça stupide. Pour moi on rachetait et revendait des armes, ça s'arrêtait là. Ce n'est que récemment que j'ai compris que ce n'était pas que ça, et que Pirateez a sauvé la vie de beaucoup de personne.
   - Ton père avait l'air d'un homme bien.
   - Il l'était. Malheureusement plus avec les autres qu'avec moi. Il a fini ses jours seuls après que sa femme soit décédée d'un cancer alors que j'étais à peine né. Quand il s'en est enfin remis il a commencé à se préoccuper de l'avenir du cartel après lui. Il n'avait pas d'enfant, alors il a adopté. Ses mains caressent doucement mes cheveux. Je me rappelle que ces putes d'éducatrices ont presque sauté de joie quand il m'a choisi. Elles avaient hâte de se débarrasser de moi. Les premiers mois étaient étranges mais tout se passait bien. Je me suis attaché à quelqu'un pour la première fois de la vie. Et progressivement mon père est devenu plus dur avec moi. J'étais celui qui allait reprendre l'affaire, alors il m'a forgé pour que j'en sois capable. Avec des méthodes tout à fait...
   - Discutables.
   - Ouais, carrément discutables. Tout ça pour quoi ? Pour que je foire tout quand même.
   - Tu sais très bien que ce n'est pas le cas, et surtout qu'il y a encore l'espoir.
   - Tu es mon seul espoir, Hannah.
   Sa phrase me fait sourire bêtement alors que je blotti un peu plus ma tête contre son torse, bercée par ses caresses et heureuse qu'il se confie autant à moi. On a vraiment dépassé un cape, encore une fois.
   - T'es tellement mignon que j'en oublie que je t'ai vu briser la nuque de quelqu'un à mains nues.
   - J'apprécie énormément le compliment. Je rigole contre lui. Plus sérieusement, on est pas revenus là-dessus encore. Tu n'es pas traumatisée par ça ? Ou quelque chose du genre ?
   - Honnêtement je venais de me faire tirer dessus, alors ce n'est pas vraiment ce qui a retenu le plus mon attention.
   - Hong-Joong m'avait vendue une fille courageuse et qui aime le danger, mais finalement t'es peut-être aussi torturée que moi.
   - Je commence justement à le penser. Ris-je doucement.
   San se détache doucement, embrassant ma joue au passage, juste assez pour nous puissions voir le visage de l'autre. Ses yeux brillent d'émotions quand il me regarde. Je le sens vraiment... unique, désirée, précieuse.
   - Je n'ai jamais aimé quelqu'un comme je t'aime toi, Hannah. Je jure d'être digne de toi et de ton amour.
   Mon regard s'attendrit. Sur le coup je ne sais même pas quoi répondre face à sa déclaration si soudaine. 
   - Tu es déjà digne San.
   - Je le serais quand je te ferais vivre ta vie de rêve. En attendant, je me suis un peu loupé puisque t'as reçu une balle dans le ventre.
   - Erreur de parcours, ça arrive à tout le monde non ?
   San rigole. Un rire si doux...
   Il n'y a pas à dire, j'aime encore plus le San qu'il  devient. Le vrai San, pas celui qui trouve du réconfort à être dangereux et détestable.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now