𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟎

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   7h30, mon réveil sonne et comme tous les lundis, j'ai envie de me foutre une balle dans la tête. Le pire, c'est que maintenant je pourrai vraiment le faire avec tous les flingues qu'il y a dans le garage.
Quelle jolie manière de commencer la semaine Hannah !
   Je chasse cette pensée de ma tête et me redresse dans mon lit à baldaquin pour éteindre l'alarme et m'étirer. Lorsque je m'extrais de la couette pour me lever, un frisson traverse mon corps à cause de la différence de température et du parquet froid sous mes pieds nus. Je m'empresse d'entrer dans la baignoire pour prendre une douche qui me permettra de mieux être réveillée, puis en ressort cinq minutes plus tard avec une serviette autour de la poitrine.
Je prends le temps de bien me maquiller, insistant sur le fond de teint et le correcteur pour camoufler mes cernes et mes quelques rougeurs.
Un peu de blush et d'eye-liner plus tard, j'attache mes cheveux en une queue de cheval haute avant de ressortir de la salle de bain pour entrer dans mon dressing enfiler la tenue que j'avais prévu dans ma tête la veille.
   Aujourd'hui j'allais faire mon premier jour en tant que secrétaire pour Eunji, alors il fallait que ma tenue sorte un peu de l'ordinaire pour attirer encore plus son attention. Et pour ça, rien de mieux qu'une jupe crayon bleu marine qui moulera mon petit cul, avec un chemisier blanc qui laissera légèrement deviner la forme de mon soutif à dentelle, blanc lui aussi.
Avec ça, j'étais sûre qu'il allait passer la journée à me regarder. Heureusement pour moi, l'idée de me rapprocher de plus en plus du but de ma mission l'emportait sur mon dégoût envers lui. Sinon, j'étais mal barrée.

J'étais entrain entrain d'enfiler un collant noir sous ma jupe lorsque des cris de plaintes m'interpella. Je reconnais directement la voix de San, qui arrivait jusqu'à moi à cause du mur assez fin qui séparait nos deux chambres.
Avant de passer ma première nuit ici, San m'avait mis en garde par rapport à ça car il ne voulait pas m'entendre. J'essayai d'être discrète pour ne pas le gêner, ce qui était souvent difficile à cause de nos habitudes de sommeils totalement décalées. Mais lui, il n'en avait rien à foutre de me gêner ou pas. Ce n'était pas du tout la première fois qu'il se plaignait en criant, parfois il le faisait même avant de se coucher alors que moi je dormais déjà depuis un moment. Ça finissait toujours par me réveiller, et j'étais soûlée de voir mon téléphone afficher quatre ou six heures du matin.
   Ce matin, je n'étais pas surprise de l'entendre se réveiller en se plaignant. Hier soir il avait décidé seul qu'il allait me déposer au travail pour la première fois à l'occasion de ma première journée dans mon nouveau post. Normalement c'était Hong-Joong qui devait le faire, mais il n'a même pas eu son mot à dire. Quant à moi, vous imaginez bien qu'on m'a encore moins demandé mon avis.
   J'accessoirisais ma tenue par quelques bijoux dorée lorsqu'un bruit sourd me fit presque sursauter. Je crois que San venait de lancer son téléphone à l'autre bout de la chambre car il n'avait pas réussi à éteindre son réveil.
Ouais, j'ai un colocataire très délicat.
   Je n'y porte pas plus attention et attrape mon sac à main et une paire d'escarpin noir; toujours les mêmes; avant de sortir de la chambre. Au même moment, la porte de celle de San s'ouvrit brusquement et claque contre le mur. Monsieur Aigri arrive dans le couloir avec un air peu commode, ses cheveux noirs en bataille et vêtu seulement d'un short de sport noir.
Je ne manque évidemment pas l'occasion pour dévorer du regard son torse bien sculpté, m'attardant sur ses clavicules et ses grandes épaules.

Putin, j'ai une folle envie de lui faire un câlin en fourrant ma tête dans le creux de son cou.
Oh non Hannah ! Commence pas ! D'abord la baize, maintenant les câlins ?! Et puis quoi encore, t'attacher à lui à cause de ta dépendance affective et tomber amoureuse !

Ahah !
Ahah..!
Ahah...

Non, en fait moi je rigole pas.

   Oh merde,
   merde,
   merde...
Qu'est-ce qu'il vient de se passer au juste ?
Ne me dîtes pas que je suis vraiment entrain de...
Je secoue la tête de droite à gauche pour chasser la pensée tout à fait effrayante qui a voulu taper l'incruste dans mon esprit. San, lui, plisse les yeux le temps de s'habituer à la lumière du soleil qui traverse les grandes verrières.
Quand c'est fait, il semble remarquer ma présence seulement maintenant. Et on dirait bien que c'est à son tour de me mater.
Ma tenue fait son effet, de toute évidence. Ses yeux reste un instant bloqué sur mes hanches, puis remonte progressivement sur mon ventre, ma poitrine, et la naissance de mes seins légèrement visible grâce aux, ou à cause, deux premiers boutons détachés de mon chemisier.
Enfin, ses yeux noirs emplis de désire et de colère rencontrent les miens.
Je sais déjà ce qu'il va me dire...
   - Va te changer.
Et voilà.
   - Non. Dis-je simplement.
   - Non ? Ses sourcils se froncent tandis qu'il ne me lâche pas du regard, comme s'il voulait m'intimider et voir jusqu'où je lui tiendrais tête.
   - Tu sais pas combien de temps j'ai mis pour choisir et assembler ces vêtements !
Et c'était la vérité ! J'avais passé au moins mis... trente-cinq secondes, allongée dans mon lit et les yeux rivés sur le plafond, pour trouver cette tenue !
Bon, et j'avais aussi un peu envi de l'embêter.
Juste un peu.
   - Va te changer. Répète-t-il en insistant que chaque mot.
   - J'ai dit non, au cas où t'avais pas entendu. Son visage commence à se déformer à cause de l'agacement, mais je ne comptais sûrement pas le laisser faire. Plutôt mourir que d'obéir à un homme qui exige que je m'habille en me cachant plus. Rajoutais-je avant de lui tourner le dos pour rejoindre l'escalier, mais soudainement arrêter par sa main sur mon poignet.
Je me retourne vers lui surprise et agacée, comme quoi sa mauvaise humeur commence à m'atteindre, bien qu'elle ne dure pas.
Je me fige en voyant le visage crispé de San n'être plus qu'à quelques misérables centimètres du mien, sentant même son souffle chaud caresser mes lèvres.
Mon cœur s'emballe, mon esprit aussi. Je ne sais même plus où regarder. J'étais trop nerveuse pour oser affronter son regard sombre, mais je n'avais pas envie de rater l'occasion de voir son visage d'aussi près, alors qu'elle ne s'était pas présentée depuis un moment.
Finalement, mes yeux s'attardèrent sur ses lèvres légèrement rosée qui me donnèrent soudainement envie de les embrasser. Je fus étonnement prise d'une certaine frustration. Je n'avais qu'à m'avancer un peu plus vers lui pour pouvoir sceller nos lèvres, mais notre relation ne nous le permettait absolument pas. Pourtant...
Je suis certaine de ne pas être la seule à vouloir embrasser sauvagement l'autre.
Une drôle de sensation que je connaissais déjà s'empara de ma poitrine et de ma gorge. Mais elle n'avait jamais été aussi forte qu'aujourd'hui.
J'avais tellement envie de lui sauter au coup que j'étais étonnée de parvenir à encore me retenir.
Ma poitrine se soulevait en même temps que la sienne, nous rapprochant davantage par moment.
Je voulais tellement me coller à lui...
Nos lèvres, nos langues, nos corps...
Je commençais à avoir chaud, à cause de mes scénarios mais aussi à cause de sa chaleur corporelle. D'un coup, mes vêtements me paraissaient de trop.
Là encore j'étais sûre de ne pas être la seule à ressentir toute cette excitation. Mais à l'inverse de moi, San savait très bien garder une expression neutre. Malheureusement pour lui, son corps le trahissait.
Si moi j'étais toujours trop absorbée par son charme pour dire quoi que ce soit, San, lui, parvient à retrouver la parole sans pour autant briser l'attraction palpable entre nous.
   - Alors attache correctement ton chemisier.
Je compris très bien ses mots, mais si je ne m'exécute pas ce n'est pas par esprit de contradiction. Mais bien parce que j'étais toujours autant figée.
San le remarqua rapidement, et prit alors une initiative qui n'arrangea en rien mon état.
   - Je vais le faire moi même dans ce cas.
Sa main quitte mon poignet pour se poser avec la seconde sur le col de mon chemisier, effleurant ma poitrine avec douceur. Il l'avait fait exprès, j'en étais certaine. Il m'avait senti frémir sous son contact, et cela lui plaisait trop pour se retenir de continuer.
Il referma avec une délicatesse étonnante le première bouton, puis s'attarda au deuxième dans des gestes lents qui prouvaient qu'il ne voulait pas cesser son contact.
Quand il eut fini, ses mains quittent mon vêtement pour rejoindre ses poches. Mais avant qu'il le fasse, je les saisis délicatement pour les poser sur mes hanches, profitant d'une poussée de confiance pour faire durer cette instant encore un peu.
J'étais retissante à l'idée que San me repousse, mais finalement il n'en était rien. Il se laissa faire, jusqu'à même agripper légèrement mes hanches. Mes mains restèrent sur les siennes, et je trouva enfin le courage de le regarder dans les yeux.
Je voyais pour la première fois un San peu sûr de lui, voir même craintif. Il n'avait plus rien de l'image qu'il s'efforçait de me renvoyer depuis que j'étais chez lui.
Je l'avais pris au dépourvu à son tour, et je le voyais très bien se battre avec lui même pour ne pas craquer.
J'aimerai tellement qu'il cède, qu'il se laisse aller à moi....
Je me doute bien que c'est une mauvaise idée, voir même une très mauvaise idée, mais j'aimerai tellement laisser mon corps dicter mes gestes, et non plus laisser ma tête le faire...
   - San... Est la seul chose que j'arriva à dire, malgré toutes mes pensées.
Je rapprocha tout doucement mes lèvres des siennes et ferme les yeux en le voyant le faire en premier. Je sens ma bouche effleurer la sienne et un frisson parcourir nos deux corps, mais aucun de nous n'osa franchir les derniers millimètres qui nous séparaient encore.
Pourquoi il ne le faisait pas ? J'avais fait le premier pas, mais lui... il préférait encore rester dans le contrôle. Est-ce qu'il le voulait vraiment, ce baiser ? Redoutait-il que cela aille trop loin s'il lâchait prise ?
Je sentis soudainement quelque chose se briser en moi lorsqu'il se détacha de moi et recula de quelques bon mètres, ne prenant même plus la peine de me regarder.
Je me sentis soudainement seule, rejetée.
Peut-être parce que c'était le cas.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now