𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

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Je soupire un grand coup avant d'entrée dans le gigantesque bâtiment, me préparant à passer une énième journée à supporter des visiteurs curieux et chiants, et de potentiels acheteurs qui ne se prennent pas pour n'importe qui juste parce qu'ils ont beaucoup d'argent. Bref, passionnant comme métier, l'accueil, n'est-ce pas ?
Quand je franchis les portes automatiques, il me faut encore scanner mon badge aux portiques de sécurité pour atterrir dans le grand et spacieux hall d'entrée. Plusieurs lustres décorent le haut plafond blanc et rendent la pièce très lumineuse, lui donnant l'air d'être encore plus immense.
Les employés vont et viennent, les hommes habillés d'un costard noir et les femmes le plus souvent d'un ensemble tailleur ou d'une jupe crayon. Tout les salariés se ressemblent, s'en est parfois déprimant. Mais il valait mieux rentrer dans la norme: la couleur et la fantaisie étaient surtout réservées au patron qui aimait montrer sa supériorité hiérarchique.
Moi je ne faisais pas exception non plus.
J'avais revêtu l'un de mes tailleurs, bleu marine celui-ci, et mes escarpins noirs les plus confortables aux talons de cinq centimètres seulement. Avec tous les allées-retours que je faisais, avoir une plus grande hauteur était inimaginable. J'avais ramené mes cheveux ondulés et mi-long en une queue de cheval haute, la coiffure basique des hôtesses d'accueil.
   Je me faufile derrière le comptoir de l'accueil tout en saluant plusieurs de mes collègues, avec qui je travaille depuis quelques années pour la plus part, puis entre dans le vestiaire des hôtesses pour y déposer mon long manteau marron et mon petit sac à main. Je glisse mon téléphone dans l'une des poches de mon pantalon, referme à clé mon casier personnel, puis rejoins la salle de réunion située au deuxième étage.
   Mes talons claquent sur le carrelage aux motifs inspiré de ceux du marbre et résonnent tout autour de moi. Arrivée dans l'un des ascenseurs de la tour, je sélectionne le bouton correspondant à l'étage deux et me met à soupirer en voyant ceux des vingt-cinq autres étages. Toujours plus ici.
   - Lee Hanah ! Cria une voix au loin qui met trop familière.
Oh non, manquait plus que lui !
La silhouette de l'ultime patron de l'entreprise apparaît à plusieurs mètres de moi. Il court pour rejoindre le même ascenseurs que moi, comme s'il n'y en avait pas quatre autres qui pouvait l'amener à son étage.
Pff, et merde.
Il sait que je l'ai vu, c'est trop tard pour faire semblant de ne pas l'avoir remarquer. '
Je bloque la fermeture automatique des portes avec mon bras avant de le retirer une fois que monsieur a rejoint l'ascenseur. Cet imbécile souffle un grand coup, essoufflé, avant d'appuyer sur le bouton du vingt cinquième étages puis de me sourire, tout content de me voir. Je lui rends un faux sourire, pour ma part dépitée d'être enfermée dans le même ascenseur que lui.
  Kim Eunji n'avait pas un physique désavantageux, bien au contraire. Le corps sculpté, la mâchoire bien définit, l'arrête de son nez parfaitement droite, un visage symétrique... Bref, merci la chirurgie plastique.
Mais son attitude et la personne qu'il est me dégoûte tout simplement. Kim Eunji n'était pas un homme bon, et il en était trop loin pour que son physique rattrape le reste. Enfin, apparement, pour Kang Soyeon ce n'était pas un problème.
Cette femme me tuerait presque pour être à ma place. Alors que moi, c'est ce mec que je veux buter.
   - Quelle plaisir de vous voir dès le matin !
Plaisir non partagé.
   - Vous ne devriez pas courir ainsi au travail, ça vous donne mauvaise allure. Les gens sont habitués à ce que ce soit eux qui vous courent après, pas l'inverse.
Mes paroles ne sont sûrement pas celles qu'il voudrait entendre, mais mon petit sourire innocent lui fait croire que je lui dis tout cela dans le seul but de le conseiller et de l'aider à maintenir son image.
Étonnamment, il aimait bien quand ça venait de moi.
   - Mais vous n'êtes pas les gens, Hannah. Pour vous, ça n'est plus un problème.
Retient toi de grimacer, Hannah.
Je suis soulagée de sentir l'ascenseur s'arrêter à mon étage, et attends impatiemment que ses portes s'ouvrent pour que je puisse vite m'enfuir loin de lui.
Une fois les deux pieds dehors, je me retourne et lui souris.
   - Passez une bonne matinée. Au plaisir de vous revoir.
Quelle actrice !
Kim Eunji affiche un sourire plus que satisfait en entendant ma dernière phrase, puis les portes se referment et l'ascenseur l'emmène enfin loin de moi. Maintenant, il me faut affronter le regard sévère de ma responsable. Génial...

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now