𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟓

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   Je me réveilla lentement sans même avoir besoin d'alarme, ce que je trouva tout de suite étrange. En m'étirant pour mieux me sortir du sommeil, je fus vite étonnée de sentir un obstacle mou et... chaud.
   J'ouvris les yeux presque en sursaut lorsque tous les événements de la veille au soir me revinrent subitement en tête. L'espace d'un instant j'ai même eu l'impression que j'étais encore entrain de dormir et que les souvenirs auxquels je venais de penser n'étaient que des rêves. Mais non, il s'agissait bien de la réalité. Je m'était bel et bien endormie dans les bras de San.
Oh merde.
Je tomba littéralement nez à nez avec lui, encore profondément endormi. Sa respiration longues et régulières caressait mes lèvres et me firent frissonner immédiatement. Si mon sursaut est passé inaperçu, ce n'est malheureusement pas le cas pour mon corps tendu et légèrement tremblant. Dans un léger grognement, San resserra son bras autour de ma hanche et celui sous ma tête pour me coller davantage à lui, laissant plus que quelques petites misérables centimètres entre nos deux bouches. Mon souffle se coupa quelques secondes, comme si j'avais peur qu'en respirant nos lèvres allaient finir par sceller.
J'avais beau ne pas encore avoir les idées bien clairs, à ce moment là je ne pensais qu'à une chose: l'embrasser. Je n'avais qu'à faire un léger mouvement pour le faire, mais bien que la tentation était forte, je m'y résolu de force.
À la place je contempla plus en détail son visage illuminé par la lumière de la lune; traversant les carreaux des fenêtres désormais démunis de rideaux; caché par quelques mèches noires de ses cheveux qui y retombaient. Il avait l'air si paisible que s'en était touchant. Ce n'était plus le visage d'un dangereux chef de cartel que j'avais devant moi, mais celui d'un ange tombé du ciel qui s'était innocemment endormi comme s'il ne craignait strictement rien. Ses traits fins et détendus, son expression si douce... Ma présence semblait lui faire se sentir en sécurité, et à cette pensée je ne pus m'empêcher de sourire toujours en le contemplant silencieusement.
Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être, et aucun appareil autour de moi ne pouvait me la montrer, mais je la devina rapidement grâce au ciel qui commençait tout juste à prendre une teinte de bleue un peu moins foncé. Il devait tout juste être six heures passée, mon réveil pour le travail ne sonnait qu'une bonne heure après. Pas étonnant que je sois déjà réveillée, j'ai du m'endormir à vingt et une heure grand maximum et je commençais à avoir très envie d'aller aux toilettes.
Cela signifiait que San dormait maintenant depuis presque vingt-quatre heure, déjà. Et on dirait que ce n'est que maintenant qu'il se décide à vraiment se réveiller. Il l'avait bien déjà fait hier soir, mais seulement pour me dire de m'allonger dans le lit avec lui. Enfin... il me l'avait plutôt ordonné.
Son corps se contracta et frissonna contre le mien et San ouvrit à son tour ses yeux pour les planter dans les miens, absolument pas surpris de me voir là. J'aurai pensé qu'il ne se saurait pas souvenu de m'avoir fait dormir avec lui et qu'à la place il m'aurait virée de là avec nonchalance. C'est plutôt ce à quoi il m'a habitué avec lui, à dire vrai. Mais finalement, rien à voir. San ne sourit pas, mais il a l'air heureux de se réveiller en ma compagnie. Son visage est... comment dire ? lumineux, encore plus apaisée.
C'est ce qu'Hong-Joong m'avait affirmée il y a deux jours, quand je doutais encore que San voulait toujours bien de moi. Dorénavant, je n'avais plus aucune raison de continuer à le faire.
San détaillait mon visage comme je l'avais fait pour le sien tout en me câlinant avec une délicatesse dont il faisait rarement preuve, mais pas jamais. Sa main caressait doucement ma hanche et la seconde tendrement mes cheveux, dans un geste qui était au départ timide mais qui a vite fini par s'affirmer en me remarquant plus détendue.
Je sentais son cœur tambouriner dans sa poitrine contre la mienne, contrastant avec la quiétude de son visage.
J'ai l'impression qu'il essaye de se donner un air détendu pour garder son image d'homme sûr de lui, alors qu'au fond il est empli d'une excitation et d'une peur sans nom, qui n'est pas pour autant mauvaise. Elle devait être liée à la nouveauté de la situation. Je le comprenais, car je devais moi-même être dans le même état que lui. San devait lui aussi sentir mon cœur battre la chamade, et j'imagine qu'il y avait un côté rassurant à savoir que l'on n'est pas le seul à en être victime.
Il semblerait que l'on se soit tous les deux déjà imaginer cette scène avec l'autre, mais que la vivre nous avait l'air encore trop improbable pour ne pas se laisser emporter par nos propres émotions.
   J'ose finalement le câliner en retour, chose que j'ai toujours rêvé de faire mais dont l'occasion ne s'était encore jamais présentée, et glisse ma tête entre son torse et son cou pour fuir son regard et l'envie terrible de l'embrasser. Je ne pense pas avoir été la seule à la combattre, par ailleurs.
   Nous restâmes plusieurs minutes dans cette position, bercés par les caresses de l'autre. Les siennes osaient parfois s'aventurer dans mon dos et sur ma cuisse mais jamais ne s'y attardait jamais à mon plus grand désespoir. Je l'y incita donc moi-même en remontant ma jambe sur les siennes, dégageant ainsi une plus grande partie de ma cuisses et de mes fesses.
Mon mouvement remonta mon short qui cachait à présent que la moitié de mon postérieur et moulait mon entrejambe. La couette ne laissait rien apercevoir, mais San préférait apparement sentir que voir.
Il glissa lentement sa main de ma hanche à ma cuisse, avant de remonter jusqu'à ma fesse. Je sentais dans son geste qu'il voulait se faire désirer, qu'il ne voulait pas me donner immédiatement ce que j'attendais, qu'il voulait me faire patienter en m'obligeant à ne pas pouvoir protester, le tout toujours sans dire un seul mot. Et ça marchait bien, je commençais déjà à ressentir des chatouilles au niveau de mon entrejambe. Mais je savais bien que les envies que je commençais à avoir n'allaient pas se réaliser maintenant. C'était frustrant, mais quelque part amusant.
Très vite mon corps n'est plus le seul à montrer son excitation.
Collée à lui comme je l'était, c'était évident que j'allais finir par sentir son sexe grandir contre le mien, séparé seulement par le tissus de mon short et celui de son jogging, tous les deux peu épais et devenus de trop. Mais lui aussi savait qu'il n'allait pas pouvoir assouvir ses phantasmes. Ou plutôt, qu'il ne pouvait pas le faire.
Alors on resta simplement ainsi pendant un temps inconnu, mais suffisamment long pour que je puisse apercevoir la couleur du ciel s'éclaircir.
Je suis finalement la première à briser le silence.
- Comment tu te sens ?
On sentait à ma voix plus grave qu'à l'habitude que je n'étais pas encore totalement réveillée.
Je suis soulagée de voir que ma prise de parole ne change rien à cette instant incroyable. Je me contentais juste d'attendre la réponse de San qui continuait ses douces caresses tout en semblant chercher quoi dire, s'y j'en crois le temps qu'il met à me répondre.
- Fatigué, commence-t-il d'une voix grave, la même qu'hier soir, mais ça va. Et toi ?
- Je suis blottie contre toi, je ne vois pas comment ça pourrait mal aller.
Je sais à la manière dont se soulève sa poitrine contre ma tête qu'il rit silencieusement à ma remarque, s'attardant à présent plus à câliner mes cheveux que le reste de mon corps.
San replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de caresser le haut de ma joue avec son pouce, me faisant une nouvelle fois sourire. Il devait sans doute avoir senti mes lèvres s'étirer contre son torse.
- Je n'aime pas que tu te caches.
San s'écarte légèrement pour se mettre à mon niveau et m'obliger à tenir son regard, ce que je fais non sans avoir du mal à retenir mon sourire niais, caresses lentes sur ma joue puis à la commissure de mes lèvres n'aidant pas.
- Je n'étais pas vraiment préparée à être si proche de toi, surtout après ce qu'il s'est passé.
Son visage s'assombrit et cette fois ci c'est lui qui fuit mon regard, fixant à présent sa main sur mon visage qui s'était figée.
Pendant un court instant je regrette ma phrase, mais je me rassura en me disant que je ne pouvais pas faire comme si de rien ne c'était passé. Même s'il m'a quand même avoué une grosse partie de sa vie, je n'oublie pas qu'il m'a hurlé dessus en me prenant pour une moins que rien.
- T'étais pas loin de me pousser à bout.
C'est ça ton excuse ? Me faire porter le chapeau, vraiment ?
- Je n'aurai pas dû insister, et je ne l'aurai pas fait si j'avais su que ce sujet te mettrait dans cet état. Je suis désolée, San. Mais je ne suis pas la seule personne à être en tord ici.
Avec mon index et mon pouce, je redirige son visage vers lui pour le forcer à affronter mon regard, comme il l'a fait avec moi quelques instants plus tôt.
- C'est vrai.
J'ai l'impression qu'il me demande pardon à travers le regard qu'il me porte, puis comme pour confirmer mon impression il vient furtivement embrasser le milieu de mon front. Ses lèvres qui s'écrasent sur ma peau me font le même effet que la première fois. C'était il y a deux jours à peine, dans sa voiture, juste avant que je ne doive rejoindre le travail pour ne pas être en retard. Il m'avait embrassée la tempe, je me rappelle encore très bien de la sensation que j'avais ressenti à ce moment là. Cette sensation, c'est la même je sens maintenant, mais en encore plus intense. Pas étonnant puisque la situation n'est aujourd'hui pas la même. Il y a plus de tendresse, et surtout plus de sensualité.
   Ses lèvres s'écartent aussi rapidement qu'elles se sont posées sur ma peau, puis il me fixe de nouveau avec son habituel expression neutre.
   En lui disant « je suis désolée » je pensais pouvoir lui montrer l'exemple pour qu'il me le dise en retour. Mais San ne savait définitivement pas s'excuser. Je ne lui en veux toujours pas, son père ne lui a jamais appris à le faire et il n'a jamais ressenti le besoin de le faire. Jusqu'à... jusqu'à moi. Et puis... San trouve toujours une alternative pour ne pas avoir à se faire pardonner avec des mots, et qui en plus de ça est souvent plus efficace que des paroles. Il se sent plus à l'aise de s'excuser par des gestes, je n'ai aucune raison de le lui reprocher. Il arrivait au moins à être doux et affectueux, ce que je savais lui demandait beaucoup d'effort.
   - C'est d'accord.
   - Hein ?
   - Je passerai Noël avec ta famille.
Mes yeux s'agrandissent et pétillent alors que je passe à mon tour une main sur sa joue pour la caresser. Ses traits se crispent légèrement sous mon touché, tandis que je savoure cette instant en essayant d'en mémoriser chaque détail.
   - Je ne veux pas que tu te forces San...
   - Ma décision est prise.
Je lui souris et, prise d'une soudaine initiative, embrasse rapidement sa joue, tout près de ses lèvres. Quand mon regard croise de nouveau le sien, je remarque avec amusement que son visage  a pris une légère teinte rouge et qu'il tente de dissimuler un sourire en coin.
   - Je peux faire comme si je n'étais pas au courant pour... Il me coupe d'une voix douce.
   - C'est bon, pas la peine. Je ne veux juste pas en reparler. Pour l'instant.
J'acquiesce silencieusement, ou plutôt sans ajouter aucun mot puisqu'au même moment mon ventre décide de se mette à gargouiller, me rappelant que je ne n'avais rien avaler depuis hier midi. Je me suis endormie si vite hier soir que j'en ai oublié de me nourrir, et avec en prime mon entraînement avec MinGi... j'ai l'impression d'être soudainement morte de faim.
   - Je crois qu'on va devoir écourter cet agréable moment. Fait-il sur un ton moqueur.
   - Est-ce qu'on pourra... tu sais, remettre ça ? Demandai-je presque timide.
Son visage neutre laissa tout de même paraître un soupçon d'enthousiasme dans ses yeux, tout à coup bien plus éveillés.
   - Quand tu veux, Hannah.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now