𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟗

123 21 3
                                    


Face à moi se trouve le bureau d'Eunji, et putain, je n'ai jamais été aussi anxieuse et excitée à l'idée de fouiller un endroit. Peut-être car normalement ce genre d'occasion n'arrive pas tous les jours et même jamais, mais passons.
De grandes bibliothèques recouvrent le mur à ma droite et à ma gauche et s'étendent jusqu'au plafond un peu plus bas que celui du rez-de-chaussée. Celles-ci sont décorées par quelques vases et fausses plantes, mais elles sont surtout remplis de paperasses. Je vois à travers leurs portes en verre que tout semble ranger selon un ordre logique, c'est parfait. Un peu plus loin dans la pièce rectangulaire trône son bureau en bois massif, qui me fait d'ailleurs penser à celui de San à la Cour des Pirates, et derrière lui encore une grande fenêtre éclaire la pièce en y laissant entrer la lumière de la lune et de la ville. Elle n'était pas assez forte pour que je puisse y voir vraiment clair mais elle allait très bien faire l'affaire avec celle de la torche de mon téléphone. Évidemment je ne pouvais me permettre d'allumer celle de la pièce, je risquais d'éveiller les soupçons. Je devais aussi faire attention au bruit de mes talons sur le parquet, mais heureusement je pouvais compter sur le tapis qui recouvrait la majorité du sol pour camoufler mes pas.
   Mon cœur s'accélère lorsque je vois une caméra dans un coin au fond de la pièce, et même si je me doute bien que les garçons n'ont pas pu laisser échapper quelque chose d'aussi important je leur fais quand même part de ma trouvaille.
   - La caméra. Je chuchotais presque mes mots.
   - Yun-Ho s'en est occupé. Me répond Hong-Joong. S'ils vérifient ils ne verront aucune différence. La caméra rediffuse des vidéos de la pièce comme elle l'était avant ton arrivée.
   Un soupire de soulagement s'échappe de ma bouche, puis je me ressaisis pour commencer hâtivement mes recherches. 'Valait mieux que je commence par son bureau, j'imagine que c'est là où on range tous les documents importants et récents. Je pourrais peut-être trouver rapidement quelque chose qui indique sa prochaine attaque envers nous ou...
   « Nous » ? Tu ne fais pas partie de Pirateez, Hannah.
   Mais je suis tellement impliquée dans ce cartel à présent que j'ai l'impression que c'est le cas. Y a-t-il quelque chose de mal à le penser ? Peut-être, car après tout mon travail avec eux est censé s'arrêter dès la fin de ma mission, et je reprendrai une vie à peu près normal.
Bon sang, c'est pas le moment d'y penser.
   Je longe les bibliothèques pour passer derrière le bureau où je déposa mon sac à main. Rien d'intéressant n'y est posé, il n'y a qu'une tasse de café froide à moitié vide, un pot à crayon et... putain, un ordinateur ! Je l'ouvre mais évidemment il me faut un mot de passe pour l'explorer. Fait chier, je n'ai aucune idée de ce que cela peut être. Ce n'est pas l'ordinateur qu'il utilise au travail, celui-ci doit à tous les coups regrouper des informations importantes.
   - Vous avez le mot de passe de l'ordi ?
   - San arrive avec quelque chose qui va nous aider.
   - Comment ça « il arrive »...
   J'écorche la fin de ma phrase, prise d'un sursaut lorsque quelqu'un toque derrière moi. La main sur ma poitrine et mon cœur battant à tout rompre je me retourne rapidement pour tomber sur San, en équilibre sur le rebord de la fenêtre. Je jure dans ma barbe inexistante et lui ouvre pour le laisser rentrer. San prend appui contre le bord puis saute pour atterrir silencieusement par terre. On voit qu'il a l'habitude de s'introduire illégalement chez les autres, je ne sais pas si je dois m'en foutre ou trouver ça effrayant. Son corps se redresse tandis que son regard examine rapidement le bureau avant de s'attarder sur moi plus longuement. Il me tend une main pour m'inciter à lui donner l'une des miennes, ce que je fais non sans froncer les sourcils. Je ne comprends encore moins ce qu'il se passe quand il la soulève pour me faire tourner sur moi-même deux ou trois fois, je ne sais plus, tout en me détaillant de la tête au pied. Le bas de ma robe se gonfle et tourne avec moi, révélant la lame accrochée à ma cuisse. Épiée par ses yeux noirs je me sentis encore plus petite face à lui que je ne le suis déjà en temps normal.
   - Au moins il ne t'a pas fait de mal physiquement.
   Et dire que je commençais presque à croire qu'il voulait me faire danser, alors qu'il voulait juste voir si je n'avais pas de trace de mon embrassade torride avec Eunji. Sa voix encore plus sèche et froide que d'habitude montre qu'il ne se remet toujours pas de la liberté que prend mon patron avec moi. Je suis rassurée de voir que jamais il ne m'accusera de quoi que ce soit. Jamais San ne m'a reprochée de toucher Eunji et de le laisser faire, ça prouve qu'il a confiance en moi et qu'il ne doute pas de mes intentions envers lui. Il aurait pu me tenir responsable de ce baiser. Même si c'est totalement stupide, il aurait pu. Mais ce n'est pas le cas, alors je n'ai pas à m'en faire.
   Je ne m'attendais pas à ce qu'il me rejoigne dans mes fouilles mais sa présence me rassure énormément. Quand il est près de moi j'ai encore plus la sensation que rien ne peut m'arriver, que je suis en sécurité peu importe ce qu'il se passe. Et mon dieu ce que cela fait du bien de se sentir si protéger et par quelqu'un qu'on aime autant.
   - Arrête un peu de me regarder comme ça.
   - Comme quoi ?
   - Tes yeux là. Ils brillent quand ils me regardent.
   Je souris, un peu gênée qu'il le remarque même si je ne cherche pas à cacher l'effet qu'il me fait.
   - Je ne comprends pas en quoi cela pose un problème.
   - Le problème, c'est que si je m'écoute je te fais assoir sur ce bureau pour t'embrasser et te... Je pouffe un petit rire en sachant qu'il n'allait pas terminer sa phrase. Arrête. Tu continues, arrête. Répète-t-il plus pour se persuader que le problème vient de moi et non pas de lui et de ses envies difficiles à gérer. Tu es trop... trop adorable.
   Le San que j'ai rencontré il y a deux mois n'aurait jamais réussi à me faire cet aveux là. Il m'aurait insulté et menacé pour garder son image de mec intouchable sentimentalement parlant et physiquement. Ça ne m'aurait pas tant déranger, San est super sexy quand il s'énerve.
   - Remettez-vous au boulot bande de cons. La voix d'Hong-Joong nous sort de notre petite bulle. Y'en a marre de vous voir flirter même en plein espionnage.
   - Ta gueule putain. Lui répond très poliment San.
   Il soulève de nouveau ma main pour la porter à ses lèvres et en embrasser le dos tendrement. Son souffle chaud qui s'écrase sur ma peau me fait frissonner et je regrette déjà de ne pas avoir mieux profiter de ce baisemain quand sa bouche se détache. San ne me regarde pas après ça mais je comprends à son petit sourire en coin qu'il m'a très bien senti frémir à son contact et qu'il en était plus que satisfait. Un vrai playboy celui-là.
   Il me dépasse pour se placer devant l'ordinateur. Sa main se faufile dans la poche de son jean noir pour en sortir une clé USB qu'il branche. On dirait que l'ordinateur n'est pas beaucoup ça puisque l'écran se met à buger. Il s'éteint, se rallume, et ça plusieurs fois très rapidement. Parfois il s'affiche qu'à moitié et l'image devient moins net. Finalement une barre de chargement s'affiche et avance plutôt rapidement. Il lui faut moins d'une minute pour atteindre les cent pour-cent, puis l'ordinateur se déverrouille et affiche l'écran d'accueil. Rien d'anormal à première vu, seulement des dizaines de dossier directement accessibles depuis celui-ci.
- C'est un virus. Yun-Ho l'a créé exprès pour ce genre de cas de figure. Ne me demande pas comment, ce mec est un génie pour coder.
A côté de lui je le regarde sélectionner tous les dossiers qu'il trouve pour les dupliquer sur la clé. Malheureusement un en particulier pose problème.
- Mot de passe requis. Lisais-je sur l'écran. Pourquoi il n'a pas été déverrouillé en même temps que l'ordinateur ?
- Car il est vachement bien protégé, mais ça devrait le faire. Fouille la pièce en attendant Hannah.
- Oui Monsieur, tout ce que vous voulez Monsieur. Dis-je d'une voix suave en faisant glisser ma main dans son dos alors que je pars vers une bibliothèque.
San se joue de voir et de sentir l'effet qu'il me fait, mais alors lui n'est pas mieux. Une caresse et il finit dans un de ses états...
J'ouvre la porte d'une bibliothèque et parcours les étagères rapidement du regard pour repérer quelque chose d'intéressant. Heureusement les documents regrouper dans des cartons étiquetés m'aident à m'y retrouver facilement, mais je prends tous de mêmes le temps d'en fouiller quelques un dans le doute qu'il ne le soit en fait pas.
La première bibliothèque regroupe beaucoup de paperasses liée à Palace Immobilier, rien de spécialement intéressant, jusqu'à ce que mon œil s'arrête sur un dossier ranger grossièrement dans une caisse non étiquetée. Prise de curiosité je le pris et le retourna pour le mettre dans le bon sang. Mes yeux parcourt le titre du dossier alors que mon corps se fige.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now