𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟖

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Le lendemain matin, je me fais réveiller par les rayons du soleil traversant les grands vitraux de ma chambre. Ceux là réchauffent légèrement mon visage et me font frissonner à cause de la différence de température avec la pièce, qui n'avait sûrement pas été chauffée pendant longtemps avant mon arrivée.
San n'avait pas l'air d'accueillir beaucoup de monde, alors je me demandais pourquoi avait-il fait le choix d'habiter dans une si grande maison pour au final y être seul la majeur partie du temps. Et de toute évidence, il préférait être seul que d'avoir de la compagnie. Il me l'a très bien fait comprendre hier.
Je m'étire encore allongée dans mes draps puis me penche sur la table de nuit pour y attraper mon téléphone.
Il est dix heure, j'ai dormi comme un bébé. Plutôt étrange pour une première nuit dans un endroit inconnu. Je devais sûrement être beaucoup plus fatiguée que ce que je pensais.
Lorsque je me lève pour sortir du lit, le contact de mes pieds chauds aux parquets froids me fit frémir. Et mon pyjama composé que du teeshirt de San n'arrangeait pas mon cas. D'ailleurs, en l'enfilant hier soir, j'avais été un peu triste de ne sentir aucune odeur particulière, mise à part celle de la lessive. J'aurai au moins pu me sentir comme dans ses bras pour mieux imaginer mes scénarios.
Dommage.
Je me dirige dans la salle de bain pour prendre une rapide douche chaude avant de remettre mes vêtements de la veille. J'avais dû laver ma culotte au gel douche et à la main, avant de la mettre à sécher sur le porte serviette chauffé, pour pouvoir la remettre aujourd'hui. Plutôt paradoxal pour une meuf qui vient de passer la nuit dans une baraque qu'elle aurait sûrement jamais pu acheter de sa vie.
   Une fois habillée j'essuie la buée du grand miroir avec une serviette puis allume les néons qui y sont incrustés grâce à un bouton tactile.
   En voyant mon reflet je prends limite peur. J'avais bien dormi mais mes habituelles cernes sont encore plus creusées que d'habitude. Et je n'avais aucun maquillage sous la main pour les cacher et me donner bonne mine.
Pas top pour pécho le chef de cartel.
   Tous les changements des derniers jours ne m'atteignent mentalement pas, mais j'ai l'impression que mon corps, lui, en paye les frais. Il va falloir qu'il s'y habitue, j'ai pas fini de découvrir de nouvelles choses.
Et à mon avis il y en aura peu de bonnes.

   Après avoir rapidement brossé mes cheveux avec mes doigts; en l'absence de brosse; je les attache en une couette haute puis sors enfin de ma chambre.
   Le couloir avait l'air différent qu'à mon arrivé hier soir.
   L'étage était plus accueillant en journée qu'en soirée. Quand le soleil traversait les grandes verrières, l'endroit avait presque l'air d'être une immense maison familiale. Je m'y sentais déjà un peu plus à l'aise.
   Je m'attarde quelques secondes sur la vue.
Si le devant du manoir donnait sur une grande route peu occupée, l'arrière lui avait un grand jardin qui nous séparait d'un petit bois.
   Mon regard se porte ensuite sur la porte de la chambre de San, puis ma curiosité me pousse à y coller mon oreille. Mais je ne discerne aucun son. Ni dans sa chambre ni dans le reste de la maison.
   Puis je me rappela ce qu'il m'a dit hier soir, lorsque j'étais tout juste entrée dans mon bain.
« Ne vient pas me déranger le matin, je dors jusqu'à tard. »
« C'est une fois que la nuit est tombée que Pirateez passe à l'action. Retient le bien. »
    Il avait dû passer la nuit a comploté. Et moi j'allais devoir attendre patiemment l'après-midi au moins avant d'aller pouvoir récupérer mes affaires. En attendant, je suis coincée ici avec la belle au bois dormant. Et ça va être ainsi tous les jours.
Super.

   Je soupire en voyant le frigo complètement vide. Il y avait qu'une pauvre patate qui avait commencé à germer, une brique de lait pas encore entamée et un paquet de fromage râpé. Je ne vais pas pouvoir aller bien loin avec ça. À côté le mien paraît riche, et pourtant là-dedans aussi il n'y a pas foule.
   Je le referme puis fouille les tiroirs de la cuisine. La plus part sont vides et poussiéreux, j'en soupçonne même certains de ne jamais avoir servi. Je trouve ça complètement stupide d'avoir une cuisine aussi grande et luxueuse pour ne même pas l'utiliser.
   Par chance je finis par tomber sur une réserve de nouilles instantanées et de céréales après avoir commencé à perdre espoir.
   Je chauffe de l'eau dans une casserole et, une fois bouillante, y plonge directement deux paquets de nouilles avec leur poudre et leur sauce. Quand tout est prêt je m'installe autour du grand îlot central et commence à les déguster en pianotant sur le téléphone que m'avait donnée; ou plutôt jetée; San hier soir.
   J'avais été forcée d'éteindre le mien en arrivant ici, au risque de me faire foudroyer par Monsieur Aigri. Et malheureusement pas dans le sens que j'aurai aimé.
   Tout en aspirant une grosse portion de nouilles, je me décida à appeler Hong-Joong rien que pour pouvoir me plaindre à quelqu'un. Je savais que, lui au moins, allait m'écouter. Pas comme l'autre là qui passe la plus part de son temps à m'ignorer.
   Après deux détonations seulement, Hong-Joong me répond.
   - Toujours vivante ?
Sa question ne me fit même pas rire.
Moi aussi j'avais décidé d'être aigri. Ou du moins, pour les cinq prochaines minutes.
   - Oui, mais je ne sais pas ce qui est le mieux entre mourir ou vivre ici !
   - Crois moi, tu n'as encore rien vu.
J'entends en bruit de fond des voitures et des claxons. Hong-Joong était encore entrain de conduire.
   J'ai l'impression qu'il passe sa vie dans sa voiture.
   Ça me rappel que je lui en ai demandé une similaire juste avant d'accepter de les aider.
Avec l'interdiction de sortir seule que j'ai, je me demande si je vais vraiment pouvoir en profiter le temps que je suis ici.
   - Tu peux pas m'emmener avec toi ? J'étouffe déjà ici.
   - Si je le fais, San me tuera. Je ne suis pas étonnée de sa réponse. Profite du jardin si tu te sens enfermés.
  - Et me geler les couilles ? Je l'entends rire. Nan je préfère encore rester à l'intérieur.
   - J'ai vu que tu regardais beaucoup de drama, tu peux continuer ta série là-bas. Il y a Netflix sur la télé.
C'est effrayant de savoir qu'il sait ça alors que je lui en ai jamais parlé. Mais bon, j'essaye d'en faire abstraction.
   - Fallait commencer par là. Puis une question dont la réponse reste incertaine vient me trotter le tête. Mais rassure moi, tu ne m'as jamais observée nue ? Devant son silence de plusieurs secondes je blêmis. Je vais te faire bouffer le sol Hong-Joong.
J'aurai dû m'en douter, mais j'avais encore espoir que non.
   - C'était accidentel ! Se défend-t-il, mais le mal est fait !
   - Comment ça accidentel ?!
   - Si tu te baladais pas à poil dans ton appartement ça ne serait jamais arrivé !
Mais il essaye de faire porter le chapeau en plus !
   - C'est mon appartement, comme tu viens de le dire. Je me balade nue si je veux ! Et puis, à la base, on n'est pas censés observer les autres chez eux !
   - Ouais bon, ça va t'es pardonné pour cette fois.
Non mais je rêve !
   - Dit moi au moins que tu n'as pas de photos de ces moments là.
Au point où j'en suis, je crois que plus rien ne me choquerait.
   - Non, pas de ces moments là. Mais comment tu sais que j'en ai faite ?
   - Je suis le genre de meuf qui regarde des documentaires sur des criminels pour m'endormir. J'en sais plus que ce que tu penses.
   - Là, c'est toi qui est flippante. Je l'entends légèrement rire. D'ailleurs, je me suis arrangé pour ton boulot. Ton absence ne posera pas de problème, et tu as ton week-end. Ta mission commencera donc lundi prochain. D'ici là, tu rencontras sûrement l'équipe. On t'apprendra plusieurs petits trucs aussi.
   - Comment ça « je me suis arrangé » ?
Il m'avait déjà sorti un truc similaire pour hier après-midi. Je ne sais pas comment il s'y prend, mais ça me fait peur.
  C- Je vais être occupé je te laisse ! Il esquive encore la question. Je passerai demain soir, aujourd'hui tu seras seule avec San. Ça va aller ?
   - J'ai pas l'impression d'avoir le choix de toute façon. Je le devine sourire au bout du fil. À demain. Fais-je avant de raccrocher.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now