𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟒

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   Les jours suivant l'enterrement passèrent bien plus vite que ce dont j'avais imaginé. Nous sommes déjà jeudi. C'est aujourd'hui que Pirateez va abattre MinHa, la petite sœur d'Eunji, ainsi que sa mère.
   Me savoir à l'origine de cette idée me terrifie. J'ai l'impression de devenir une mauvaise personne, sûrement car c'est le cas. Mon angoisse n'a cessé de grandir au fur et à mesure que le temps passait, et actuellement elle me met dans un état second. J'ai beaucoup de moment d'absence, parfois au plein milieu d'une conversation. Mon rythme cardiaque et respiration sont anormalement élevés, et ils s'accompagnent de tremblements quasi constants. Rien que dégager une mèche de cheveux de mon visage est parfois difficile.
   San n'aime pas du tout me voir comme ça. Ça l'attriste.
   - Tu sais bien qu'un jour ou l'autre on aurait fini par les buter.
   C'est la seconde fois qu'il me dit cette phrase, ou peut-être bien la troisième.
   Nous étions quasiment tous réunis dans le salon. Seul Seong-Hwa et MinGi manquent à l'appel, ils passent la soirée avec leur copine respective. Seong-Hwa a caché le plan à Bora, ce qui n'est pas plus mal. Je n'aimerai pas qu'elle soit mêlée à cette affaire, déjà car ça la mettrait davantage en danger mais aussi car elle se sentirait coupable.
   Sur la table basse en verre était disposées toutes sortes d'objets : des petites caméras et des micros, des gilets par balles ainsi que des cagoules, un sniper avec des pistolets et des recharges. Tout le nécessaire pour la mission de ce soir à laquelle je ne suis pas conviée. San, qui va s'occuper personnellement de tuer les deux innocentes, ne voulait pas que j'y assiste. Ça tombe bien, car moi aussi je ne voulais pas. Je l'ai déjà vu tuer et je sais que ça se reproduira, mais si je peux éviter d'en voir plus je le fais volontiers. Et puis, je risque de compromettre le plan à cause d'un élan de culpabilité et d'empathie envers les cibles. En restant au manoir, je serais en sécurité et mon copain aura l'esprit plus tranquille.
   Pour cette mission il va être accompagné de Jong-Ho, Yun-Ho, WooYoung et une dizaine d'autres de leurs hommes. La moitié d'entre eux attendent patiemment dans la coure du manoir, et l'autre est déjà placée à proximité des cibles. Yeo-Sang et Hong-Joong, eux, vont rester avec moi cette nuit.
   Assise sur l'un des fauteuils, mon regard est attiré par les hommes de main visibles depuis la grande fenêtre du salon. Ils sont tous grands et baraqués, habillés tout en noir d'un cargo, une polaire, des rangers, d'une cagoule et d'un gilet par balle. Leur ceinture possède un étui fait pour un pistolet, et certains d'entre eux ont une arme qui ressemble à une aka47; ou quelque chose dans le genre; qui pend devant eux en étant attaché autour de leur cou par une lanière. Les garçons qui partent en mission ont la même tenue, sans la cagoule et le gilet, et, mon Dieu, ce que ça les rend séduisants, San tout particulièrement; évidemment.
   Je reporte mes yeux sur ce dentier. Il est en face de moi, de l'autre côté de la table, entrain de s'équiper comme le reste des gars.
   - Je sais, mais ça ne change rien à ma culpabilité.
   - Il va falloir que tu t'y fasses.
   Il attrape un gilet par balle, l'enfile et règle les sangle en continuant de me regarder dans les yeux. Les siens sont sombres, plus qu'à l'habitude. Le San que j'ai devant moi est actuellement plus un chef de cartel que mon petit copain.
   - T'es super rassurant, merci. Lâchais-je avant de soupirer.
   Ma remarque fait rire WooYoung et Jong-Ho. Il s'arrête quand San les foudroie du regard. Hong-Joong se déplace derrière moi et commence doucement à masser le haut de mon dos. Mes épaules s'affaissent un peu, mais ce n'est pas un massage qui va réussir à m'apaiser vraiment.
   - Ça va passer, ne t'en fais pas. Me souffle-t-il.
   - Retire tes mains de ma petite-amie.
   La voix de San est autoritaire, froide. Je lève les yeux au ciel alors qu'Hong obéit en levant les mains en l'air, lui aussi blasé.
   - Sérieux mec ?
   - Ouais. Crache San.
   - Ce que t'es chiant quand tu t'y mets. Dis-je en croisant les bras contre ma poitrine.
   - Il est tendu. Fait Jong-Ho en attrapant une arme à feu pour la charger puis la glisser dans sa ceinture. C'est toujours pareil avant une mission.
   - Ta gueule Jong-Ho.
   Jong-Ho lui fait un bisous volant, habitué depuis longtemps au sale caractère de son ami, auquel celui-ci répond par une grimace. Hong-Joong dépose un baiser sur le sommet de ma tête avant de s'assoir sur le siège à côté du mien. Au vu la tête de San, il a l'air de voir ce geste comme de la provocation. Mais il se passe de commentaire.
Je le regarde recharger un pistolet avant de le glisser dans sa ceinture, puis ranger deux autres recharges dans les poches de son cargo au niveau de ses cuisses. Il attrape le sniper pour l'inspecter sous tous les angles, avant d'enfiler la lanière pour le laisser pendre sur son torse. Enfin, il accroche une caméra et un micro à son gilet, comme l'on fait les autres.
Oh. Mon. Dieu.
Je bande. Je suis même déjà entrain jouir rien qu'en le regardant. Si j'écoutais la petite voix dans ma tête, je serais à genoux devant lui avec sa queue dans ma bouche.
- Bon alors, commence Yun-Ho, tout le monde a compris le plan ?
Les concernés hochent la tête. Avec le nombre de fois qu'ils l'ont répété, moi-même je connais le plan par cœur. Ils vont tous partir dans le même fourgon pour aller s'occuper de la lycéen en premier. Les hommes de main ont remarqué qu'elle prenait toujours le même chemin pour partir de son club de danse et revenir chez elle, et elle passe par plusieurs petites ruelles la plus part du temps déserte. San la tuera d'une balle dans la tête, une mort immédiate et donc sans douleur. Elle n'aura pas le temps de se rendre compte de quoi que ce soit qu'elle aura déjà quitté ce monde.
   Il y a au moins ça qui me rassure.
   Ils ramèneront le corps dans le fourgon et s'occuperont de la mère avec le même procédé pendant que certains hommes s'occuperont d'effacer la moindre trace du crime. Ensuite, ils balanceront les corps dans le fleuve Han. Ils seront sûrement repêchés d'ici la fin de la semaine, mais rien ne pourra faire remonter les autorités jusqu'à nous, d'autant plus qu'une bonne partie d'entre elles sont déjà corrompus et au service du cartel.
   Tout devrait se passer pour le mieux. Enfin je l'espère.
- On est prêts à partir alors. Dit WooYoung en se relevant du canapé pour attraper une cagoule et l'enfiler.
   Moi, Hong et Yeo-Sang les suivons jusqu'à la coure pour leur faire nos aux revoir. Dehors il fait nuit noir depuis longtemps déjà. Il est à peine dix-neuf heure, l'air est étonnamment doux pour cette fin de mars. On ne dirait pas qu'il neigeait il y a tout juste quatre jours.
   L'un des hommes ouvre la porte arrière du fourgon pour laisser entrer Jong-Ho et Yun-Ho. WooYoung s'installe sur le siège passager, et seulement là tous les autres hommes prennent place à l'arrière. Il ne reste plus que San.
   Il se rapproche jusqu'à coller nos deux corps. Sa main libre; l'autre tenant la cagoule; se pose sur ma joue au moment où il scelle nos lèvres pour un baiser passionner. Je n'aime pas ce que je ressens, on dirait qu'il m'embrasse comme si c'était la dernière fois qu'on le faisait. Il n'y a pas de raison que le plan se passe mal, mais on ne peut pas en être entièrement sûr malheureusement.
   - Faites attention. Lui dis-je quand il se détache de ma bouche.
   Son souffle chaud caresse encore mes lèvres. Il me regarde amoureusement. Je me sens de nouveau particulièrement précieuse.
   - Tout ce passera bien.
   - J'ai quand même peur pour vous. Pour toi.
   J'ai peur pour un homme qui s'apprête à tuer une gamine et sa daronne. Le même homme qui, trois mois plus tôt, a été tuer tranquillement une quarantaine de mecs entraînés au combat. Vu comme ça c'est tout à fait absurde.
   - Je serais de retour dans deux heures, même pas. Il rapproche son front de lui pour y déposer un bisou. Essaye de te reposer.
   - J'en ai marre qu'on me dise tout le temps de me reposer. Tu sais très bien que je t'attendrais. Je passe ma main gauche, celle non plâtrée, dans ses cheveux avant de rapprocher mes lèvres de son oreille. Ta tenue me donne très envie que tu me fasses des choses. Et j'embrasse chastement sa tempe.
   Son bassin se colle au mien pour me faire sentir son sexe déjà un peu dur. S'il n'y avait pas du monde autour de nous je me serais empressée de me retourner pour frotter mes fesses à son entrecuisse.
   - Je m'occuperai de toi en rentrant. Me souffle-t-il.
   Soudainement, l'une de ses mains se glisse au creux de mon dos alors que l'autre s'enroule autour de ma gorge. Il reprend possession de mes lèvres en aspirant la mienne inférieur avant de mêler nos deux langues. Son corps se sépare du mien tout aussi rapidement, créant un vide de par son absence mais aussi de la frustration. Il enfile sa cagoule, me lance un dernier regard avant de monter du côté conducteur. Le portail s'ouvre et nous regardons la voiture s'éloigner et disparaître derrière les hautes hais qui entoure la propriété.
   - Ça va bien se passer, ils ont l'habitude.
   C'est Yeo-Sang, qui vient de poser une main réconfortante sur mon épaule. J'inspire un grand coup en fermant les yeux, soudainement submergée par l'angoisse maintenant que mon amoureux est parti.
   - Et si on allait se défouler dans le garage ? Poursuit-il en remarquant mon état. Tirez te fera du bien.
   - C'est une bonne idée. Ajoute Hong. On regardera plus tard les caméras.
  

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now