𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟒

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Il avait passé une bonne demie heure à retourner sa chambre et à hurler.
J'osais tout juste imaginer l'état actuel de la pièce. Le fait que San soit sujet à des crises aussi violentes ne m'effraie pas vraiment. Du temps qu'il ne passe pas physiquement ses nerfs sur moi et qu'il ne cherche pas à me détruire avec des mots, je m'en fiche pas mal à vrai dire. En revanche ses cries... S'ils étaient causé que par la colère j'aurai sûrement pu les ignorer. Mais j'entendais également de la souffrance à travers sa voix. Et ça par contre, j'avais du mal à le supporter.
Je ne connais pas toute son histoire, mais je sais qu'il ne mérite pas tout ça. San a grandi dans la violence, je ne lui en veux pas de savoir s'exprimer que par elle et la colère. Chacun a son histoire, mais la sienne est si triste que je comprends qu'il n'arrive pas à vivre correctement avec.
En me voyant perturbée, Yun-Ho avait pris l'initiative de mettre de la musique en augmentant le son jusqu'à ce que celui-ci couvre entièrement le bordel que San faisait à l'étage. J'ai pu me reconcentrer sur la soirée où nous avons joyeusement bu et mangé tout en parlant de tout et de rien.
L'heure est et petit à petit les garçons sont tous parti, et il ne restait désormais que Hong-Joong. J'avais d'ailleurs appris qu'ils vivaient tous dans le même immeuble, une sorte de grande colocation au cœur même de Séoul. Seul San habitait dans la périphérie de la capitale. D'après MinGi, il avait choisi de rester dans la maison dans laquelle il a grandi car il n'arrivait pas à s'en détacher après la mort de son père. Enfin, son père adoptif du coup. Mais il avait retiré tout ce qui lui faisait penser à cette époque.
Jong-Ho m'avait cependant révélé qu'il restait une pièce qui était restée tel quel: la chambre de son père. Vu le coup de coude que lui a donné Seong-Hwa ensuite, à mon avis je n'étais pas censée connaître cette information. Ou pas de sa bouche, en tout cas.
J'avais réalisé seulement là qu'en effet, il restait bien une chambre dans laquelle je n'étais jamais entrée, celle au fond du couloir de l'étage.
J'en avais déduis seule qu'il valait mieux que je ne parle pas de ça à San. Déjà qu'évoquer la fête de Noël a fini par lui faire pété un câble...
   - Tu penses que demain il se sera calmé pour de bon ?
   Hong-Joong s'asseya sur le rebord de mon lit et posa une main sur la mienne. Je m'étais confortablement emmitouflée dans ma couette, un tee-shirt et un short pour pyjama, toute contente d'avoir quelqu'un à mon chevet. J'étais comme une enfant, et mon père c'était Hong-Joong. Plutôt drôle comme situation. Mais en cette fin de journée épuisante, sa présence me faisait réellement du bien. Hong-Joong sait réconforter les autres, et il est le premier de ce monde de fou avec qui j'ai sympathisé. Forcément, j'ai un lien plus fort avec lui qu'avec les autres membres. En plus le rôle de paternel lui allait bien, ce qui ne déplaisait sûrement pas à mes daddy's issues.
- Oh oui, il sera même trop calme. Je le regarde avec interrogation pour l'inciter à continuer. Là il doit être entrain de se faire tous les paquets de cigarettes qu'il avait d'avance, et sûrement même un ou deux petits joints. Après pour être sûr d'oublier son chagrin, il avalera quelques anxiolytiques et se réveillera demain dans la soirée. Hong-Joonh rit légèrement devant mes sourcils froncés. Ouais, ça fait beaucoup. Mais ça se passe souvent comme ça.
- Mais il va encore plus se niquer la santé comme ça ? Et puis fumer de l'herbe et boire une bouteille avant de consommer des anxiolytiques... Je grimace. Le pauvre...
San est si mal au point mentalement qu'il ne sait pas traiter ses problèmes autrement. Je trouve ça terriblement triste.
Je regarda la main de mon ami caresser tendrement le dos de la mienne et souris. Je sentais mes épaules se détendre de plus en plus et s'enfoncer dans le matelas moelleux, tout comme le reste de mon corps. Son geste me berçait, j'arrivais presque à oublier toutes mes questions autour de San et le sommeil me gagnait progressivement.
- Chacun sa manière d'affronter les misères de sa vie. San s'en sort plutôt bien, en vrai.
   Je crois qu'on a pas été témoin des mêmes choses.
   - Enfiler tout un tas de calmant après voir détruit sa chambre c'est bien s'en sortir selon toi ?
J'ai rien contre les joints, en soirée ça fait toujours plaisir. Mais en fumer à chaque fois qu'on veut échapper à la réalité... Pas ouf.
- Avant il détruisait tout autour de lui, y compris ses potes. Maintenant il détruit un peu avec les mots, mais il a appris à ne plus se défouler physiquement sur les gens qu'il aime. Je l'imagine très bien le faire sur les autres, et surtout à un petit mec là au mauvais endroit, au mauvais moment. Alors ouais, je trouve que c'est pas si mal.
   - Ça montre qu'il est capable d'encore plus travailler sur lui. Fais-je plus à moi-même qu'à lui.
- Exactement. Ça prend beaucoup de temps, mais il progresse. Rien qu'avec toi il a beaucoup progressé.
Je commence à jouer avec ses doigts, ressentant d'un coup le besoin d'occuper mes mains.
- Tu m'avais déjà dit qu'il était plus calme depuis que j'étais là. Et même lui me l'a avoué ce matin. Mais j'ai pas l'impression que ça soit le cas. Enfin, ce que je veux dire plutôt, je cherche mes mots, c'est que je ne comprends pas comment c'est possible. Je sais que je lui plais, mais j'arrive pas à comprendre comment je peux avoir autant d'impacts positifs sur lui.
- Je te rassure, nous aussi on comprenait pas pourquoi. Je pousse un léger rire. Tu es une femme qui ne te laisse pas être impressionnée par n'importe quoi ou n'importe qui. Tu t'es présentée à San en lui listant tout ce que tu pourrais apporter au cartel et en lui montrant que tu n'allais pas le laisser te dicter tout et n'importe quoi. Et puis tu es sûre de toi, tu sais te donner des objectifs raisonnable mais audacieux et les atteindre. Ta personnalité lui plaît, et le fait qu'il t'effraie peu l'attire sûrement encore plus. La bienveillance et l'amour que tu lui portes le rassure. Ça lui fait du bien d'être traité comme un homme, et pas comme un chef de cartel.
Je ne m'attendais clairement pas à ce qu'il me dise tout ça, et le pire c'est que je me reconnais vraiment dans la description qu'il fait de moi. J'étais gênée par tant de compliments, mais j'étais surtout contente de savoir que je n'avais qu'à être moi-même pour plaire à San. Enfin c'est toujours ce que j'ai fait, sinon je ne lui plairai pas autant. Mais c'était rassurant d'entre quelqu'un me le dire ?
- San en a conscience ? J'ai l'impression que tu en parles comme si tu répétais certains de ses mots.
- Oh oui, il sait très bien pourquoi toi et pas une autre. On en a parlé ce week-end, c'est lui-même qui m'a dit qu'il se sentait bien avec toi car tu faisais ressortir en lui du positif. Le reste ce ne sont que des suppositions, mais je suis sûr que je ne me trompe pas. San a trop d'humilité pour m'avouer tout ce qu'il pense, mais de toute manière il ne pense qu'à toi alors bon.
Mes lèvres se fendent en un petit sourire, rapidement remplacé par un bâillement. Mes yeux commençaient à vraiment tirer, il devait être une heure du matin passé et demain il fallait encore que je me lève tôt pour le travail. Au moins, j'étais tellement fatiguée que je n'allais pas avoir le temps de repenser à cette journée avant de m'endormir.
- On devrait plus souvent discuter juste avant que je dorme, j'ai l'impression que c'est le moment où j'apprends le plus de choses croustillantes. Fais-je d'une voix plus faible, de plus en plus emportée par la fatigue.
- Mais il faut que tu sois en forme pour supporter Eunji, alors je veux bien de temps en temps mais pas trop.
- Merci papa. Ris-je.
Hong-Joong sourit et retire sa main de la mienne pour que je puisse la mettre au chaud sous la couette. De lui-même il se pencha vers moi pour prendre ma tête dans ses bras et la serrer près de son torse, déposant un petit baiser sur le sommet de mon crâne. Sa courte étreinte réchauffa mon cœur et me mit dans d'excellente condition pour dormir.
- Je t'amènerai au travail demain matin. Le soir se sera MinGi qui te récupérera pour ton entraînement. Il se redresse pour éteindre ma lampe de chevet avant de se diriger vers la porte de ma chambre.
J'acquiesce silencieusement en le regardant s'éloigne, et l'interpelle une dernière fois avant qu'il ne parte.
- Hong-Joong ? Il se tourne pour me regarder avec douceur, le visage éclairer par la lumière tamisée du couloir. Finalement je suis contente que vous soyez tous entrer dans ma vie. Ou plutôt, que vous ayez forcé l'accès à ma vie.
Il me sourit. Ce même sourire charmeur qui avait tant retenu mon attention à notre rencontre.
- Bonne nuit ma jolie. On se voit tout à l'heure.
Puis il disparaît derrière la porte.
J'entends ses pas descendre l'escalier en pierre, s'éloigner vers le hall et la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer à clé. J'étais tellement fatiguée que le son de sa voiture me parvenu rapidement aux oreilles, puis je sombrais dans un sommeil profond.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant