𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕

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- Tu veux quoi ?
- Une chèvre miel s'il te plaît.
- T'as vraiment pas de goût.
   Toujours quelque chose à redire, celui-là.
   C'est totalement improbable, et pourtant bien vrai. Il y a tout juste vingt minutes, j'ai réussi à persuader San de m'accompagner à la première pizzeria du coin. Au départ je voulais commander, mais San m'en a vite interdit. Faire venir un livreur jusqu'à la maison n'est pas prudent, surtout en ce moment. Et quand il s'est aperçu que lui aussi commençait à avoir faim, il a presque sauter dans la voiture.
   Le chef de cartel ne pouvait pas s'empêcher de me juger une fois de plus. Quand ce n'est pas ma grande gueule qui l'agaçait, c'est le choix de ma pizza...
   L'employé qui nous a accueilli deux minutes plus tôt semblait déjà soûlé par nos disputes enfantines et ridicules.
- Vas-y, dit moi celle que tu prends toi qu'on rigole un peu ?
- Moi, je prends une forestière.
- Ah ouais, je vois que t'es quelqu'un proche de la nature.
   Si ma blague me fait bien rire, ce n'est pas le cas de San.
   S'il a accepté de m'emmener ici, il n'a cependant pas pour autant perdu son aigreur. La gentillesse ne fait apparement pas parti de ses principes. Je me doute bien qu'il n'agit pas ainsi avec Hong-Joong, alors je me demande pourquoi il ne peut pas s'empêcher d'être aussi mauvais avec moi. Son rôle de chef de cartel doit y être pour quelque chose, mais quand même...
   Après avoir passé commande, San se dirige vers la sortie de la petite pizzeria pour s'allumer une cigarette. Je ne peux m'empêcher de détailler son profil, les cheveux au vent en aspirant sa première bouffée.
   Cet homme est énervant, mais terriblement séduisant.
   Je ne sais pas vraiment pourquoi je m'inflige ça, mais je choisis d'attendre avec lui dans le froid. L'espace d'une seconde, j'ai l'impression qu'il a entêtée la rage de guerre.
- Tu comptes me suivre comme ça tout le temps ?
   J'ai peut-être tendance aussi à oublier que je suis quand même en compagnie du mec le plus dangereux du pays. Même si Hong-Joong m'a rapidement dit qu'il avait perdu en pouvoir, il reste toujours le numéro un.
   Je n'arrive toujours pas à croire dans quoi j'ai été embarquée. Il y a moins de deux semaines encore, je n'étais qu'une simple citoyenne modèle. Et me voilà mêler au Pirateez pour les aider à tuer Kim Eunji.
   Hong-Joong n'a jamais parlé de le tuer, mais je ne suis pas dupe. J'imagine bien qu'après tout ça ils ne le laisseront jamais en vie.
- Je peux te poser une question ?
- Non.
   Je ne prête pas attention à sa réponse.
- Tu as quel âge ? Tu me prends pour une gamine mais tu dois être à peine plus âgé que moi seulement.
   Son regard reste braqué sur l'horizon, la cigarette au bec. Même sa clope semble être plus importante que moi à ses yeux.
   En tout cas, il a un don pour ignorer les gens. Et aussi un don pour ne pas leur répondre.
- Tu parles beaucoup trop. Tu devrais te taire avant que je t'emmaillote jusqu'au lever du jour.
   Tout en douceur, comme d'habitude...
- Dans d'autres circonstances, ça aurait été avec plaisir.
   Il redirige toute son attention vers moi, les yeux grands ouverts, tandis que je lui souris de toutes mes dents.
- Par pitié, tait toi. Tu as un joli visage, ça serait bête qu'il soit couvert de coups.
   Cette fois-ci, c'est moi qui suis béat. Je m'en fiche pas mal de ses menaces, ce que je retiens c'est qu'il me trouve belle !
   Oh bébé, tu sais comment me parler.
   Maintenant embrasse moi grand fou !
   Puis comme s'il lisait dans mes pensées, il renchérît:
- Ne t'emballes pas. J'ai des filles bien plus belles que toi qui seraient capable de tout pour avoir ne serait-ce qu'une seconde de mon attention.
- Mais aujourd'hui et pendant un moment, c'est moi qui la monopolise.
   San ne répond rien mais continue de me fixer. De mon côté je pars récupérer nos pizzas, gardant en tête avoir réussi à obtenir le dernier mot face à lui.
   Lorsque je ressors du bâtiment située au plein milieu d'un parking désert, San est déjà entrain de m'attendre dans sa Jeep. Je pose les cartons sur le siège arrière, puis m'assois rapidement sur le siège passager en sentant son regard pressé se rivé sur moi.
   Pendant le trajet, silence. En l'absence de musique, je préférais me perdre dans le paysage pour éviter d'être gênée.
   Ce soir, ni les étoiles et ni la lune sont au rendez-vous.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now