𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

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   Je souris à San, fière et heureuse d'avoir réussi à m'imposer et à l'avoir satisfait surtout. Si à la base je n'étais pas du tout chaud de me faire embarquer dans toutes ses histoires de cartel, je suis maintenant toute excitée à l'idée de commencer ma mission et de découvrir ce monde totalement différent du mien.
- Bon, et bien maintenant que tout ça est fait, je file !
   C'est à peine s'il ne prend pas ses jambes à son cou pour partir rapidement de la maison. Avant qu'il ne s'enfuit j'arrive à agripper le bas de sa veste en cuire noire pour le forcer à m'accorder encore quelques secondes de son temps.
- Tu ne peux pas déjà me laisser toute seule avec ce type ! Dis-je en chuchotant, bien que consciente que San pouvait tout entendre.
- Hmmm... Il fait mine de réfléchir, avant que son regard ne s'illumine. En fait si, je peux. Bye les amis !
   Hong-Joong glisse dans ma main la black card qu'il m'a montrée tout à l'heure avec un petit papier, puis se détache de mon emprise en partant comme une flèche. Quatre chiffres étaient inscrits dessus, sûrement le code de la carte. Une petite minute plus tard, j'entends le moteur de sa voiture gronder et s'éloigner. Je me retrouve donc seule avec un patron de cartel, dans un manoir bien trop grand pour seulement deux personnes. Bien trop grand pour que je ne me sente pas encore plus seule, rien qu'avec ce mec.
   J'entends San soupirer, puis frisonne quand ses yeux se posent sur moi. J'ai bien peur qu'avec tout ça, je n'arrive pas à cacher l'effet qu'il me fait. Ça serait gênant qu'il le remarque. Même si je crois bien que c'est déjà foutu.
- Je vais te montrer ta chambre. Mais j'ai l'impression que tu n'as aucune affaire avec toi. Son regard s'attarde sur mon petit sac à main, qui représente la seule chose que j'ai avec moi. Tant pis, tu feras avec jusqu'à demain.
   Je pensais que, comme dans les histoires à l'eau de rose, il allait me proposer un de ses tee-shirt au moins. Mais non, lui il s'en bat les couilles.  Tant pis, je lui en soutirais un un peu plus tard.
   San se tourne pour partir en direction de l'escalier situé à l'entrée de la maison. Je le suis silencieusement en faisant bien attention à garder une certaine distance entre nos deux corps, même si la petite voix dans ma tête me hurle de me coller à lui.
   On va voir si je vais pas me faire le chef de cartel le plus dangereux, riche et craint de Corée du Sud !
   En y repensant, j'aurai peut-être dû demander à Hong-Joong plus d'infos de ce côté là. J'espère qu'il n'est pas du genre à sauter tout ce qui lui vient, sinon l'avoir dans mon lit ne serait pas un véritable challenge.
   Bref.
   L'étage est principalement composé d'un long couloir avec d'un côté d'immenses verrières qui recouvrent le mur, et de l'autre toutes les portes qui doivent mener aux chambres et aux salles de bains. San s'arrête devant la première et l'ouvre pour m'y faire entrer la première. En passant devant lui je crois sentir une tension palpable entre nous, ou en tout cas quelque chose d'assez important pour me faire frémir. Mon mètre soixante me semble tout d'un coup minuscule face à lui, pourtant San n'est pas si grand. Mais quelque chose dans sa prestance le rendait encore plus impressionnant.
   La chambre est de taille moyenne, aussi bien décorée que le reste de la maison. Le lit à baldaquin qui trône la pièce semble terriblement confortable. Le fond de la chambre se sépare en deux autres petites pièces: un dressing dans la longueur et une salle de bain assez grande pour y accueillir une baignoire. J'ai déjà hâte de m'y prélasser, si le fou qui me sert d'hôte m'en laisse le temps.
- Ma chambre est celle d'à côté. Les murs sont fins, t'as pas intérêt à faire du bruit.
   Je me contente de hocher la tête pour seule réponse. Je pose dans le dressing vide les quelques affaires que j'ai sur moi, c'est-à-dire mon manteau, mon écharpe et ma paire d'escarpins. Quand je me retourne, San n'est déjà plus dans l'encadrement de la porte.
   Super accueillant.
   Je redescends l'escalier puis le rejoins à la cuisine, là où il est entrain de se servir un verre de whisky japonais. Il me regarde du coin de l'œil en commençant à déguster son verre. Il ne se gêne pas pour me faire comprendre que je le dérange.
- Hong-Joong m'a dit que j'allais avoir un deuxième téléphone pour communiquer avec vous. Fais-je en brisant le silence gênant.
Toujours sans me porter plus d'attention, il se dirige vers une commode en marbre blanc pour en farfouiller les tiroirs. Il en sort le smartphone et le lance sur le canapé en cuir, ce qui a le don de me tendre encore plus. J'essaye de passer outre ça et m'assoit sur l'un des fauteuils du salon pour le consulter. Il s'agit du dernier IPhone, et il est déjà configuré. Dans le répertoire il y a le numéro d'une petite dizaine de personnes déjà enregistrés avec leur nom et prénom. Seulement trois me sont familiers: Hong-Joong, San et MinGi que je n'ai pas encore rencontré. Parmi ceux inconnus il y a notamment un certain Jung WooYoung et un Choi Jong-Ho. C'est après avoir lu tous les noms que je remarque qu'il y a le numéro d'aucune femme.
   Pas bien rassurant.
Pour ce qui est des applications, rien de particulier. Seul l'une d'elle retient mon attention: l'une dont le logo est littéralement une tête de mort. En l'ouvrant je comprends qu'il s'agit simplement d'une application de traçage. Ma localisation y est marqué d'un pont bleu, et au même endroit un point rouge y est aussi représenté. J'en déduis qu'il s'agit de celle de San. Sept autre petits point blancs sont représentés sur la vaste carte, et appuyer dessus me permet de savoir à qui ils correspondent. Sans étonnement, celui de Hong-Joong se déplace très rapidement. Ce mec doit encore être entrain de rouler comme s'il avait plusieurs vies.
   Je détourne mon regard du téléphone lorsque San s'assoit lourdement sur le canapé, son verre dans une mains et son téléphone dans l'autre. Il est presque avachi.
   Je vous demande pardon population, mais je me vois très bien la tête entre ses jambes pour le...
NAAAN POUR LE RIEN DU TOUT HANNAH !
- Qu'est ce que tu regardes comme ça ? Me dit-il sans pour autant lever les yeux vers moi.
   Crois moi, tu ne veux pas savoir.
- Toi.
   Je devrais penser à garder ma langue dans ma poche.
San relève enfin les yeux de son téléphone pour me fixer, un sourcil arquer.
   Side eye. Criminal, offensive, side eye.
Je rigole beaucoup, mais je commence à perdre de mon assurance. C'est qu'il n'a pas l'air d'aimer la façon dont je lui parle, ni même de m'aimer tout court, en fait.
- Je sais pas à quoi tu joues, mais je te conseille de vite arrêter. Dit-il d'une voix ferme et froide.
- Je ne joue à rien. J'arrive dans un endroit que je ne connais pas avec une personne que je n'avais jamais vu avant, c'est normal que j'observe mon environnement. Il ne répond rien et fixe de nouveau son téléphone. J'en profite pour relancer sur autre chose. Demain il faudra que j'aille récupérer des affaires, je peux emprunter une voiture ?
- Non.
- Comment ça non ?
- On t'oblige à rester vivre ici, tu penses franchement que c'est pour te laisser te balader toute seule ?
   En effet, j'aurai dû y penser. On m'impose de loger dans ce manoir, évidemment que je vais pouvoir effectuer le moindre trajet à condition d'être accompagnée.
   Génial.
   Je vais dans les contacts de mon téléphone pour retrouver celui de Hong-Joong et l'appeler. Quand je porte mon smartphone à l'oreille, San me dévisage.
   Je crois bien qu'il va passer ses journée à m'ignorer ou à mal me regarder.
- Tu fais quoi ?
- J'appelle Hong-Joong.
- Allô ? Fait la voix du concerné depuis mon téléphone.
   Si je dois dorénavant toujours me déplacer avec quelqu'un du cartel, je préfère largement que ça soit avec Hong-Joong. Je me méfie toujours un peu de lui, mais j'ai déjà plus confiance en lui qu'en ce bad boy ténébreux à deux balles.
- J'ai besoin que tu viennes me chercher demain pour aller à mon appartement récupérer des vêtements.
- Raccroche. Dit-il tout juste après que j'ai fini ma phrase. C'est moi qui t'y emmènerais.
   C'est à mon tour de le dévisager. J'ai bien envi de l'ignorer juste pour le contrarier, mais je tiens à ma peau. Je préfèrerais qu'il me démonte au lit que parce que je ne l'écoute pas, vous voyez ?
- Je crois qu'il a été clair. Dit Hong-Joong, amusé. Je pourrais presque l'entendre sourire.
- Ton pote me fait peur, je ne veux pas me retrouver enfermée avec lui dans une voiture. Lui répondais-je.
- Je t'entends. Fait sèchement San.
- C'est le but minus.
   Je devrais définitivement apprendre à me taire.
   Apparement San n'apprécie pas beaucoup les personnes qui lui tiennent tête et le décrédibilise. Manque de chance pour moi, c'est exactement ce que j'aime faire.
   Le chef de cartel abandonne son verre de whisky sur la table basse en verre du salon et se lève du canapé dans un silence qui n'envisage rien de bon. La lenteur de ses gestes et son visage fermé le rend terriblement sexy, mais surtout menaçant.
   Je ne le connais pas, mais je vais vite apprendre à le connaître en colère. De toute façon, il ne sait faire que ça, être à colère.
   Il s'arrête seulement lorsque ses jambes touchent le fauteuil dans lequel je suis assise. Celles-ci on l'air de tenir les miennes en otages, tandis que ses mains se posent sur les accoudoirs. Il se penche vers moi jusqu'à ce que je puisse sentir le souffle chaud de son nez s'écraser sur le mien. Ses yeux noirs capturent mon regard et me paralyse presque. Ma poitrine se soulève et s'abaisse à un rythme beaucoup plus rapide que d'habitude, tandis que dans ma tête c'est la panique totale.
   J'ai bêtement mis en colère un homme dont je n'ai aucune idée de ce dont il était capable. Ou plutôt, cet homme s'est bêtement mis en colère.
   Je sens que mon séjour ici va être particulièrement long.
- Je te déconseille de me parler sur ce ton là. Ceci est un avertissement. Recommence et le confort dont tu disposes ici te sera enlever progressivement.
   Ses yeux noirs s'encrent dans les miens et me déstabilisent, mais je ne panique pas.
- Tu ne peux pas. Réussis-je à articuler. C'est grâce à moi que vous avez une chance de vous en sortir.
- Ne te pense pas indispensable.
- Alors pourquoi vous n'avez pas déjà régler votre problème tout seul ?
- Ça ne te regarde pas.
- Au contraire, maintenant que je travaille pour toi... Il me coupe.
- Exactement, tu travailles pour moi. C'est moi qui est la possibilité de faire de ta vie, ou non, un enfer. Maintenant que tu as accepté, tu n'as plus d'autres choix que d'aller jusqu'au bout. C'est ton comportement qui déterminera ta qualité de vie parmi nous.
Ses mots me blessent, mais malheureusement pour lui ils ne font que me motiver encore plus.
Je me lève doucement, ce qui l'oblige à se redresser. Néanmoins la distance entre nous reste la même: quasi inexistante. Bien que San soit plus grand d'une tête que moi, ça ne lui donne pas obligatoirement l'avantage.
   S'il pensait pouvoir m'intimider, il s'est bien trompé.
- Tu devrais plutôt m'être reconnaissant pour ça. Personnellement, à part l'argent et les belles voitures, je n'ai aucun intérêt à le faire. Je n'ai pas été mauvaise avec toi, alors je ne te permets pas de l'être avec moi juste pour satisfaire ton petit ego de pseudo homme virile.
   Je ne décroche pas mon regard du sien. Lui non plus. Un sourire mauvais commence à se former sur ses lèvres. C'est à ce moment là que je comprends que San va jouer avec moi jusqu'à ce que ma mission se finisse.
   Manque de chance : je ne compte pas le laisser gagner.
- Et sinon quoi, madame ?
Je lève la main dans le but de le gifler, mais San intercepte mon coup, agrippe mon bras pour le mettre dans mon bas dos puis me force à me tourner dos à lui. La seconde d'après je finis presque échouée sur le fauteuil, la tête enfoncée dans le dossier et un genoux sur l'assise pour m'éviter de m'écrouler. Mon dos s'arque involontairement.
Je n'ai pas besoin de voir son visage pour l'imaginer entrain de sourire davantage. Me voir soumise à lui doit lui faire éprouver beaucoup de plaisir.
- Tu parles beaucoup mais n'es capable de rien. Je n'aime pas ça.
- C'est ce qu'on va voir.
Je lui donne un coup de fesses en plein dans l'entrejambe, suffisamment fort pour lui faire mal au niveau de ses bijoux de familles. San me lâche enfin en s'éloignant, me permettant de me redresser et de masser mon avant bras endoloris par sa poigne. Je lis la douleur à travers son visage, mais crier impacterait trop l'imagine d'homme puissant qu'il veut me donner.
Son regard assasin ne me fait plus peur. Je suis un peu plus fière d'avoir vaincu le grand méchant San grâce à mon divin fessier.
   Un jour peut-être tu le sentiras en levrette, bébé.
   Quand je reprends mon téléphone qui m'avait glissé des mains, je constate qu'Hong-Joong à déjà raccroché.
   Je me demande bien ce qu'il a pu entendre.
- J'ai faim. Uber Eat livre jusqu'ici ?
   Il est temps d'inaugurer cette black card.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now