𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓

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   Quand l'horloge de l'ordinateur de l'accueil affiche 17h59, je me dépêche d'éteindre ma session pour rejoindre les vestiaires et attraper mes affaires. J'enroule mon écharpe couleur crème autour de mon cou, enfile mon manteau marron et file à la sortie du bâtiment. Je salue quelques collègues sur mon passage et les agents de sécurité, dont l'un tire une tête d'enterrement. Je ne connais pas leur emploi du temps par cœur, mais je suis ici depuis suffisamment longtemps pour savoir que l'agent en question est celui qu'Hong-Joong avait « remplacé » pour pouvoir m'approcher jeudi dernier, juste avant de m'embarquer dans son histoire folle. Encore une fois je ne sais pas ce que ce dernier a fait subir à ce pauvre monsieur, mais je crois que ça l'a bien perturbé. Il a l'air déconcentrer par tout ce qui l'entoure, tant qu'il ne remarque même pas mon geste de la main pour le saluer.
   Quand j'arrive à l'extérieur de la tour, mon visage est frappée par une bourrasque de vent glacée qui m'incite à enfoncer ma tête dans mon cou et mon écharpe. Il fait déjà nuit, le ciel est trop couvert pour nous laisser apercevoir les étoiles. Seuls les lumières clignotantes des avions sont perceptibles. La ville, quant à elle, est éclairée à chaque coin de rue, et les décorations de Noël qui ont été récemment installées par la ville en rajoute encore une couche. Rien que devant la tour de Palace Immobilier, deux faux sapins immenses et lumineux trônent chaque côté de l'entrée accompagnés de leur cadeaux, tout aussi brillants.
Je marche en direction de la rue où MinGi m'avait déposée ce matin même, là où Hong-Joong devrait m'y attendre pour me ramener chez San, heureuse de ne pas avoir croisé mon patron en sortant de son bâtiment. Il m'aurait encore retenu pour me dire à quel point je suis la femme de sa vie et combien il est merveilleux. Recevoir des compliments ne me dérangeaient pas, mais pas quand il s'agissait d'Eunji. Aujourd'hui, par chance, je ne l'avais trop croisé. Après notre courte discussion en arrivant au travail ce matin, je ne l'avais revu que lors de la pause déjeuner lorsque je me dirigeais vers le restaurant de l'entreprise. Évidemment, lui, ne comptait pas y manger. Il avait déjà prévu d'aller dans un restaurant italien pas très loin, un truc dans le genre réservé aux riches avec une vue panoramique sur la capital. Bref, il n'avait pas raté l'occasion de me montrer une fois de plus Ô combien il était pété de tunes.
   Je me suis étonnée à aussi bien jouer le rôle de la fille tombant petit à petit sous le charme de son patron. En fait, j'avais passé mes quartes dernières années à lui parler avec un filtre. Alors l'exagérée un peu plus n'avait pas vraiment posé de problèmes. Le plus dur sera sûrement de le laisser le toucher sans rien dire, mais même là je devrais réussir à faire passer mon mal être pour de la timidité.

Quand j'arrive devant la Porsche d'Hong-Joong, j'y entre pour m'assoir du côté passager, ignorant les regards curieux et jaloux de certaines femmes et même de certains hommes qui regardaient la voiture et son chauffeur avec envie. Hong-Joong m'accueille avec un sourire sincère que je lui rendis naturellement.
   - Comment va mon infiltré préférée ?
   - Bien. Cette journée n'était pas si terrible finalement.
   - On te l'avait bien dit, mais il fallait que tu t'en rendes compte par toi même.
   - Dit directement que je suis fantastique. Fais-je en me complimentant moi même en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreilles. Si c'est toi qui me jette des fleurs, je le prendrais très bien. Pas comme l'autre là. Dis-je en sentant mon visage se contracter.
Hong-Joong rit doucement avant d'attraper un sac plastique posé sur la banquette arrière de la voiture. Il me le pose sur les cuisses pour me laisser l'ouvrir. J'en sors deux bubble tea brown sugar, un avec du cream cheese en supplément et l'autre non. Mon sourire s'agrandit avec mes yeux en même temps que je donne celui sans supplément à Hong-Joong.
   - C'est pour te féliciter de ta première journée, et parce que tu nous as fourni un élément précieux sur la vie personnelle d'Eunji.
Il attrape le sien pour y planter sa paille dans l'opercule de celui-ci et en boire quelques gorgée. Je secoue le mien avant d'imiter son geste et de le savourer. Il était encore bien chaud, bon sang ce que ça faisait du bien ! Je remarqua à l'étiquette qu'il venait même du café dans lequel je l'avais emmené la semaine dernière, et même s'il avait largement les moyens de s'acheter même le café entier, l'attention était vraiment adorable.
   - Merci Hong-Joong, ça me fait vraiment plaisir. J'en oublie presque que c'est à cause de toi que ma vie est complètement bouleversée.
Il pouffe légèrement de rire tout en pointant le sac plastique qui était toujours sur mes genoux.
   - Peut-être que ce qu'il reste dans le fond du sac va te faire complètement oublié.
J'arque les sourcils tout en secouant le sac vers le bas pour en faire sortir ce qu'il y reste. Je n'avais même pas remarquer qu'il y avait autre chose.
Quand une clé de voiture tombe sur mes cuisses, mes sourcils se froncent encore plus. Je l'attrape pour la mieux la regarder puis ouvre en grand les yeux en voyant le logo qui y était incrusté.
   - Une Lamborguini ?! Pour de vrai ?! Le fixai-je ahuri alors qu'il hoche la tête.
   - Elle t'attend déjà dans la cour avant du manoir de San. Si tu avais vu la tête qu'il a tiré en nous voyant moi et WooYoung la rapporter. Il rit en se rappelant de la scène. Elle est payée et toute à toi. San n'a pas l'air de vouloir que tu la conduises avec lui pour le moment. Il finira sûrement par changer d'avis.
Je continue de sourire bêtement en regardant la clé, puis Hong-Joong.
   - Merci d'avoir respecté toute les conditions.
   - Je tiens toujours mes marchés. Ne me remercie pas, c'est normal.
Putin, c'est ouf de tenir un bubble tea dans une main et une clé de Lamborguini dans l'autre. Adieu ma vieille voiture !
Hong-Joong rallume le moteur de la voiture pour commencer à conduire.
   - On ne va pas directement chez San. Je dois faire un truc dans le coin avant de te déposer, ça ne prendra pas longtemps.
   - On va où alors ?
   - À la Cour des Pirates.
Ah ? Et je suis censée savoir ce que c'est moi la Cour des Pirates ? Déjà que le nom a l'air d'être celui d'une aire de jeux pour les enfants...
Devant mon regard perdu et insistant, il reprend.
   - C'est le QG de Pirateez, là où on se réunit pour parler de choses sérieuses ou inintéressantes. Enfin, où on est censés se réunir. San est devrait y être la plus part du temps en tant que chef, mais cela doit bien faire six mois qu'il n'y a pas posé un pied.
Ah oui, j'aurai dû me douter qu'en tant que premier cartel du pays Pirateez devait avoir un lieu comme celui-là. En tout cas, c'est ce qu'on voit souvent à la télé.
   - Pourquoi avoir un QG dans ce cas ?
   - C'est pratique pour réunir les membres et faire passer des informations. Quand ils ont besoin d'équipements, c'est là-bas qu'ils les trouvent. Monsieur Choi y était toute la journée et tous les jours. Quand San a pris la relève, il n'y est allé que la première année. Au départ c'était deux ou trois fois par semaine, ensuite une seule, puis petit à petit...
Décidément, j'ai de plus en plus l'impression que San a foutu en l'air la plus part des choses que son père avait construites.
   - San m'a dit que personne devait savoir qui j'étais. Si je vais au QG avec toi, les gens se poseront forcément des questions, non ?
   - Pour le temps qu'on y sera, tu seras ma copine. Ne parle juste pas aux curieux. Ceux qui connaîtrons ton prénom seront des gens de confiances, à eux seules tu pourras adresser la parole.
Il avait une manière douce de me donner des ordres, à l'inverse de San. Lui m'aurait sûrement sorti un « ta gueule ou je t'éclate ».
Ce mec est tellement poétique après tout...
   - D'accord. Mais je ne risque rien, là-bas, pas vrai ?
   - T'es avec le bras droit du chef, alors oui tu ne risque rien du tout. Personne n'osera t'approcher.
J'adore jouer le rôle de la fille intouchable grâce à son petit copain le gangster. Ça rassurait les daddys issues, ce n'était pas vraiment une si bonne chose mais s'en était pas une mauvaise.

𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐅𝐚𝐥𝐥 - 𝐂𝐡𝐨𝐢 𝐒𝐚𝐧Where stories live. Discover now