Chapitre 46

544 76 14
                                    

Quand je sors de la voiture, j'ai l'impression que l'air frais de cette chaude soirée d'été me ramène à la réalité, la douce réalité de ce que je viens d'accomplir et non de ce que je viens d'entendre. Je pense avoir bien fait de ne pas répondre : on attend de moi que je reste souriante et courtoise, mais qu'est-ce que j'aurais aimé lui faire fermer sa gueule à cette pimbêche, sans rire !

Elle aurait pas compris sa douleur la morveuse...

Putain je dois me calmer sinon je serais bien capable devenir méchante avec quelqu'un qui n'aurait rien demandé. J'inspire profondément en marchant tranquillement jusqu'à l'immeuble ; quelques gouttes de pluie rencontrent ma peau et je fais une courte halte pour les laisser me détendre. J'aime le son de la pluie qui claque sur le sol, ça m'apaise, et les yeux clos, je suis dans ma tête la ligne humide que les gouttelettes dessinent sur mes bras et mon visage.

Rapidement, je me sens mieux et je me dépêche de rejoindre l'appartement – par les escaliers bien sûr. Les garçons m'y attendent, ils m'informent de la suite de notre journée et...

« Quoi ? Mais vous venez de vous bouffer plus de deux heures de concert, on ne va quand même pas aller répéter ? protesté-je plus choquée que réticente à l'idée d'aller danser.

- Bah si, répond Hoseok en haussant les épaules, il faut bien travailler un peu, on a passé l'après-midi à ne rien faire. Mais on ne veut pas te forcer, on a bien vu que la journée n'a pas été facile pour toi alors si tu veux aller dormir, ce n'est pas grave.

- Non, non, ça ne me dérange pas personnellement, dis-je un peu gênée, mais vous êtes sûrs que c'est vraiment une bonne idée alors que vous devez déjà être crevés ?

- On va faire avec, et puis ça ne sera pas un entraînement très éprouvant, on révise les chorées les plus tranquilles dans ce genre de cas. »

Ces sept mecs sont des fous furieux...

« Ok, cédé-je, je me change et j'arrive. »

Rapidement prête à les suivre, j'embarque une galette de riz soufflé en partant : maintenant que le stress ne me tord plus le ventre, j'ai faim. Je grignote pendant qu'on descend les quelques marches qui nous séparent de notre habituelle salle de danse et nous sommes seuls. Quand je l'interroge du regard, Jimin m'informe que parfois, ils préfèrent s'entraîner entre eux, d'autant plus qu'à sept, ils sont tout à fait capables de se corriger les uns les autres, surtout avec des danseurs comme lui, Hoseok ou Jungkook.

Ça m'arrange : je suis épuisée, la journée a été très éprouvante, et je ne me voyais pas enchaîner dix ou quinze minutes de chorée non-stop comme je suis parfois forcée de le faire par notre très cher chorégraphe... Me voilà donc en train de réviser ma chorégraphie au ralenti, pour être sûre de faire correctement chacun des mouvements que j'ai appris. J'accélère peu à peu ; les erreurs se font rares, même si certains de mes mouvements demeurent un peu trop flous à mon goût. Je soupire et finis par m'asseoir au fond de la salle, face aux miroirs. Je suis épuisée et j'ai l'impression que le simple fait de me mette sur mes jambes me demande un effort. Je me sens comme un pantin désarticulé qui ne demande qu'une chose : qu'on tire ses ficelles pour qu'il bouge. Malgré tout, quand Namjoon me lance un regard interrogateur, je le rassure d'un sourire. Il se sent responsable de nous, c'est certain, mais je ne veux pas être une constante source de soucis pour lui, il en a déjà bien assez à se faire pour ses six amis.

Je ferme les yeux quelques secondes et ne les rouvre que quand ma tête s'effondre vers l'avant parce que je commençais à somnoler. J'ai l'espoir fou pendant quelques secondes que ça soit passé inaperçu... jusqu'à ce que j'entende que mon geste a déclenché l'hilarité générale.

SongwriterWhere stories live. Discover now