Chapitre 48: L'égoïsme de l'amour

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Ivy

Mes paupières lourdes de fatigue eurent du mal à s'ouvrir et mes membres endoloris me faisaient atrocement souffrir. Les mots peinaient à franchir le seuil de mes lèvres tant ma gorge était sèche. La douleur dans mon bas ventre était si intense que j'eus des difficultés à m'asseoir convenablement. J'observais avec emmerveillement, la lumière tamisée du levé de soleil qui s'infiltrait dans ma chambre. Je n'aurais sans doute plus eu la chance d'en voir de si beaux si je n'étais pas ressortie de cette salle vivante. Je sentis une pression sur ma main. Callum dormait paisiblement affalé sur mon lit d'hôpital. Un sourire compatissant se dessina sur mes lèvres.

Après tout ce qui s'est passé, la grossesse, la menace de L qui plane et l'accumulation d'un trop plein de stress, je le plein d'avoir du gérer tout cela. Je caressais son visage. Il reflétait de la fatigue, je passais par ses cernes, sa machoire si bien dessinée, l'arrête de son nez si fin, ses lèvres fines et rosacés. Il portait une chemise bleue ciel aux manches retroucées et à moitié déboutonée. Ce n'est pas humain d'être aussi bien foutu.

— Elle te plait la vue ?

Je poussai un hoquet de surprise.

— Tu étais éveillé pendant tout ce temps ? le questionais-je tandis qu'il se redressa sur sa chaise.

— Tu n'est pas très discrète, lança-t-il un sourire en coin. Il soupira. Tu sais...j'ai vraiment cru que tu étais..., il fit une pause.

— Morte ? Je lui souris. Je ne peux pas partir maintenant, dis-je en regardant vers la fenêtre. Je n'ai pas encore accompli ma mission, ajoutais-je en observant la couveuse près de mon lit.

Il me sourit.

Nous avions déjà traversé une bonne partie de notre périple, mais cette sensation ne me quittait pas. Ces dernières semaines, il affichait un air affligé. Lorsqu'il me disait que tout allait bien, je savais que derrière ce sourire niais il me cachait des choses. J'avais peut être survécu à la césarienne, mais je n'étais pas pour autant sortie de l'auberge. La police n'avait toujours rien trouvé sur ce fameux L. Le mois de septembre arrivait à grand pas et avec lui une mort certaine. Je ne pouvais m'empêcher de penser que du jour au lendemain ma vie basculera.

— Callum...parles-moi. Dis moi ce qui te tracasse, m'inquiétais-je en caressant le dos de ses mains.

Il se leva mettant de la distance entre nous, jetta un coup d'oeil aux nouveaux nés et entreprit de sortir de la pièce.

— Écoutes Ivy, tu devrais te reposer. Je reviens.

Je le regardais un air eberlué au visage. Etait-ce une blague ?

— Vas y, c'est ça, fuis. Tu vas vraiment recommencer à te refermer sur toi même ? Tu me demandes de me reposer alors que je m'inquiètes et que je vis avec l'idée que je mourrais peut être d'ici un mois ?

《 — Bordel Ivy...fais moi confiance. Arrêtes de faire la gamine pour une fois, bon sang, tonna-t-il.

Il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser l'empleur de ses mots et l'effet qu'ils avaient eu. Il soupira, passa ses mains nerveusement de son visage à ses cheveux.

C'est...ce n'est pas ce que je voulais dire. 》

— Mais tu l'as pensé, répondis-je simplement.

— Ivy, je...

— Arrêtes Callum. À quoi ça nous avance hein; dis-moi. Cette discussion ne nous mènera à rien.

Il enfouit ses mains dans ses poches, me regarda un instant en silence, puis se resigna à s'éclipser de la pièce à l'atmosphère plus que pesante.

***

Callum

Je venais de quitter la chambre d'Ivy après une énième dispute. Je longeais les couloirs de l'hôpital sans réel but. Les idées s'embrumaient dans ma tête. Je vacillais sur mes jambes, m'agrippant au mur avant de retomber lourdement sur un banc à proximité. Une douleur lancinante à la tête me prit de court. Alors que je me tenais la tête regardant mes chaussures, une main tendue dans ma direction et une voix cristaline m'interpelèrent.

— Il est 8h, je t'invites à petit dejeuner avec moi, dit la proprietaire de la main.

Je relevais la tête en silence et acceptais avec joie. C'est ainsi que nous nous retrouvions dans le café d'en face. Le parfum de croissants chauds flottait dans l'air, la serveuse vint deposer nos tasses fumantes sur la table. Je n'avais pas bougé d'un pouce. Nous attendions patiemment que l'un de nous entame la discussion. La femme assise en face passa doucement son index sur le rebord de sa tasse, en saissis l'anse avec délicatesse et porta le recipient à sa bouche. L'anxieté eu raison de moi et je me decidais enfin à briser le silence.

— Vous comptez lui dire que vous êtes sa mère biologique ? avais-je lancé.

Elle me gratifia d'un sourire déroutant.

— Comptes-tu lui dire que les lettres de menaces affluent de plus en plus ? demanda-t-elle en arcant un des ses sourcils.

Ma bouche resta entrouverte, je cherchais tant bien que mal une réponse. Pourquoi voulais-je le cacher à Ivy ? Parce que je ne voulais pas l'effrayer ? Peut-être voulais-je juste qu'elle vive une vie paisible ? Ou tout simplement parce que voir la peine sur son doux visage me ramenait sans cesse à l'idée que sa vie avait basculé depuis qu'elle était entré dans la mienne. Elle a aimé, souffert, failli mourir deux fois, elle vit dans la peur et tout cela par ma faute. Je suis nocif pour elle, mon entourage l'est aussi, je le sais. Je devrais m'en éloigner et la laisser vivre sa jeunesse. Mais je ne peux pas m'y resoudre. C'est égoïste. C'est un fait. Et si je suis un egoïste de la garder au près de moi sacrifiant sa vie, peut-être, alors je l'accepte. C'est l'égoïsme de l'amour.

— Je...j'ai peur qu'elle réagisse comme la derniere fois, avouais-je.

— Comment a-t-elle reagis ?

— Elle faisait souvent des crises d'angoisse, des cauchemars et j'en passe. Je me sens coupable. Cela ne fait pas si longtemps que nous nous connaissons et elle en a déjà tellement bavé à cause de moi, pour moi.

— Une femme amoureuse n'a que faire des critiques, des prejugés et même des dangers qu'occasionne sa relation. Elle ne sait pas, elle ne peut pas l'expliquer mais c'est comme ça elle aime et elle serait prête à se mettre le monde à dos pour l'élu de son coeur,dit-elle rêveuse. Tu ne peux pas tout garder pour toi, dans un couple les deux parties se soutiennent, alors parle lui.

Je me redressais ayant la ferme intention de me rattraper avec Ivy.

— Merci beaucoup, Caroline.

— Et pour répondre à ta question, avec son père nous en avons discuté et elle mérite de savoir la vérité. De ton côté, fonce et rends la heureuse, m'ordonna-t-elle alors que sa bouche se déformait en un large sourire.

𝐋𝐞 𝐩𝐚𝐜𝐭𝐞: 𝐓𝐞𝐚𝐜𝐡 𝐦𝐞, 𝐒𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant