Chapitre 4: Petite Emilie

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Décembre, ce mois si exaltant que les enfants attendent si impatiemment. Le froid, la neige, les repas en famille, l'esprit de noël tout ces petits détails font qu'il soit si apprécié. Les mains gelées, le nez et les joues rougis, je marchais depuis environ vingt bonnes minutes sans vraiment savoir où aller. Perdue, je me trouvais à présent au marché de noël situé dans la petite ville voisine.

La vue était belle. Un magnifique paysage s'offrait à moi. Un manteau de neige blanc recouvrait les arbres, les guirlandes brillaient de milles feux. Le grand sapin tout au centre était parfaitement décoré de guirlandes rouges, vertes et blanches, les couleurs de noël.

En ce premier décembre, les magasins de la place étaient pleins à craquer, les sapins se vendaient comme des petits pains. Par-ci, par-là, des enfants de tout âges, accompagnés par leurs parents assistaient à des spectacles de rue tout en buvant du cidre chaud.
C'est ça l'ambiance des fêtes.

Durant ma contemplation mon regard se posa sur une petite blonde. Elle avait l'air perdue et pleurait à chaudes larmes. Intriguée par cette petite fille je décidais de me rapprocher. Je m'arrettais à son niveau. La fillette sentant une présence secha ses larmes de sa main et relevait la tête. Malgré ses yeux bouffis, résultat de ses larmes incessantes, ses yeux étaient magnifiques. Elle possédait des pupilles vertes, on aurait dit des émeraudes scintillant dans la nuit sombre.

—   Pourquoi pleures-tu ?

—   ...j..je...su...suis...p...perdue, me dit-elle entre deux sanglots.

—   Je vais t'aider, d'accord ?

Elle se contenta d'hocher de la tête. Nous commençions notre chasse aux parents. La fillette...Emilie je crois, ne les avaient toujours pas repérés. Rapidement nous en venions à perdre espoir. Soudain une voix se fit entendre.

《—   Où es-tu ma princesse?》

Cela devait sûrement être son père. Nous allions en direction de la voix qui tonnait à l'autre bout du marché.
Celle-ci appartenait à un homme d'une vingtaine d'années environ. Beau brun, les yeux bleus et plein de charme. Je sortais de mes divagations lorsque la petite Emilie s'approcha de moi. Je me baissais à son niveau, mon visage face au sien.

—   Merci de m'avoir aidée à retrouver mon papa.

—   Oh mais de rien mon choux.

Elle s'en alla en me laissant un bisous sur la joue. Il est temps pour moi de continuer mon parcours. Avec mes économies je pense pouvoir passer la nuit dans un motel.
Je traversais les ruelles de stowe, j'aurai pu être avec ma famille comme les autres mais je n'en ai point. Je me retrouve là, à des milliers de kilomètres de chez moi, à me cailler les miches au beau mileu d'une orgie de courant d'air.
Une tempête de neige faisait rage m'empêchant d'avancer. Je m'obsinais à affronter la tempête, mais je ne put aller bien loin. Je tombais dans les biolles et ce fut le trou noir.

****

Je revins à moi petit à petit. Je plissais les yeux car la lumière m'aveuglait. Un petit visage vint se placer au dessus de ma tête. Je ne voyais pas bien alors je faisais semblant de dormir. Ce fut en vain car la petite fille me regardait toujours en silence.

" Et si j'avais été enlevée, je n'ai que 19 ans je suis trop jeune pour mourir".

La petite fille revient se poser à côté de moi pour passer sa main dans mes cheuveux crépus. J'ouvris les yeux et la fillette du marché de noël était là.

"Elle a sûrement un complice, elle n'a pas pu t'enlever toute seule" me chuchotait ma conscience.

—   Où est ce qu'on est ?

—   Chez moi.

" Psychopathe"

—   Et comment je suis arrivée ici ?

—   Mr Henry vous a trouvé allongée dans la neige.

"Mon dieu il sont donc trois en plus de son père, sors toi d'ici Ivy"

—   Ah je vois.

Je cherchais à m'appuyer sur mes bras pour pouvoir me lever quand je sentis une douleur intense au niveau de mon poignet gauche.

"C'est une blague ? Paix à ton âme Ivy j'espère qu'ils ne te tortureront pas".

Je grimacais d'avantage à cette pensée. Emilie alla appeler son père, l'homme de tout à l'heure.

Il vint se positionner sur une chaise face à moi. Je lui tendit mon poignet, lorsque sa main frola la mienne je ressentis des frissons. C'était comme si il m'avait brûler par son simple touché, je crois que lui aussi l'a senti vu qu'il s'est écarté. Je faisais abstraction de ce moment presque gênant.

Pendant qu'il me soignait un silence régnait dans la pièce, nous ne pipions mot.

《—   Vous vous êtes fais une belle entorse mais ça ira.

Après un long silence il reprit.

Qu'est ce que vous faisiez toute seule sous cette tempête...et d'où viennent ces hématomes sur votre visage et votre corps ?》

—   C'est une trop longue histoire.

—   Vos parents doivent s'inquiéter vous devriez les appeller pour les rassurer.

"Mes parents ? Il ne veut pas me dépécer alors?"

—   Je n'ai plus rien, nul par où aller même pas de famille, dis-je sur un ton froid.

《—   Oh...j'en suis navré.

Il se tue et le silence redevint pesant.

—   Vous pouvez passer la nuit ici.》

J'hochais la tête comme pour répondre et il s'en contenta.

—   Merci...beaucoup, murmurais-je.

Une main sur la poignet de la porte l'homme se retourna vers moi.

—   Vous n'avez plus de famille...et depuis qu'Émilie vous a rencontré...il y a deux heures...elle vous apprécie beaucoup. Et je voudrais vous proposer un marché.

—   Je vous écoutes, m'aventurais-je à lui répondre.

—   Je suis constamment absent et elle me le reproche, alors je payerais vos études si vous acceptez d'être sa babysitter à plein temps.

—   Vous savez si je n'étudiais pas déjà la neurologie je voudrais faire psychologie. Si je comprends bien, pour faire simple vous avez besoin d'une mère pour votre fille.

—   Euh...pas tout à fait.

—   Vous n'avez pas peur d'engager une inconnue que vous avez trouvé dans la neige ?

—   Euh...qu'est ce que je dois comprendre vous acceptez ou pas ?

Après tout il n'avait pas l'air d'un tueur en serie, enfin je pense. Alors je pouvais peut être lui faire confiance. Tout le monde est gagnant, je garde sa fille pendant qu'il est au boulot et en voyage et il assure mes frais d'université.

—   J'accepte, dis-je toujours un peu méfiante.

Il me serra la main.

—   Marché conclut, souffla-t-il.

L'homme sortit de la chambre et je m'allongais me laissant emporter dans les bras de Morphée.

𝐋𝐞 𝐩𝐚𝐜𝐭𝐞: 𝐓𝐞𝐚𝐜𝐡 𝐦𝐞, 𝐒𝐢𝐫Where stories live. Discover now