Chapitre 51: La chambre des plaisirs

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Callum n'avait pas décroché un mot depuis notre départ du bureau du notaire. La tension dans l'habitacle était palpable. Entre ses soupirs incessants, les mots qui mourraient au fond de sa bouche sans vraiment pouvoir traverser ses lèvres et ses jointures blanchissantes dû au fait qu'il serrait fortement le volant, moi je n'était que spectatrice d'un énième excès de colère de sa part. Mon envie irrépressible de l'emmener à se confier me tentais, mais je craignais qu'au lieu de se calmer, il ne deverse sa rage sur moi.

Je lui jettai un coup d'oeil discret avant de continuer à triturer ma bague. Tout allait merveilleusement bien ce matin dans le meilleur des mondes et il n'avait fallu que quelques minutes et une pincée de poussière de la fée David pour que tout vole en éclats. J'ignorais jusque là la raison pour laquelle il l'avait roué de coup mais cela devait être vraiment grave pour réussir à le faire sortir de ses gonds.

Ce silence de mort me rendrait de plus en plus nerveuse. À deux doigts de m'arracher les cheuveux, je pris mon courage à deux mains et posais ma main sur sa cuisse, lui lançant un regard compatissant.

— Mon amour..., commençais-je.

Callum passa nerveusement sa main libre dans ses cheveux comme pour se retenir d'exploser.

— Pas maintenant Ivy, fit-il d'un ton sec.

Je retirais brusquement ma main comme si ses paroles avaient réussi à brûler ma peau. Suite à notre échange aussi bref était-il, je me tus préférant me maudire de ne pas avoir écouté la petite voix dans ma tête. Le paysage défilait à vive allure. Toute cette histoire me faisait éprouver des sensations fortes, mais ce n'était rien comparé à ce que me procurait la vitesse à laquelle nous allions.

— Ralentis Callum ! m'époumonais-je.

Il se gara sur le bas côté d'une route déserte, pestant contre un des pneus crevé.

— Merde, merde, merde ! cria-t-il en frappant dans la roue perforée.

— Callum c'est rien on va trouver une solution, calme toi.

— Mais lâche moi bordel !

Une fois de plus ses mots m'avaient transpercés, il ne m'avait fallu du temps pour assimiler ses paroles. Je bouillonais de l'intérieur. Se rendait-il compte de l'effet que son comportement avait sur moi, ou était-il trop aveuglé par la colère pour le voir ? Voyant que je n'avais pas bougé d'un poil, il se rendit compte de l'empleur de ses dires.

— J'en ai plus qu'assez merde, je m'en vais. Débrouille-toi.

J'enlevai mes escarpins à la hâte m'énervant contre ceux-ci. Son attitude était plus qu'horipilante, je pouvais comprendre qu'il avait les nerfs à fleur de peau, mais pas qu'il s'en prenne à moi. Alors que je commençais ma marche pour m'éloigner il m'interpella.

《— Sois raisonnable. Tu n'iras pas bien loin.

Je l'ignorais royalement cherchant à appeler un taxi. Il marmona dans sa barbe et reprit:

Mais qu'est-ce tu peux être bornée, s'exaspéra-t-il. Reviens bella, s'il te plait.》

— Oui c'est ça. Quelques mots doux en italiens et je suis censée te retomber dans les bras ?

— Je reconnais que j'y ai été un peu fort et...

— Un peu ? m'offusquais-je. Tu ne crois pas que tu devrais assumer tes erreurs ?

— Très bien...je suis désolé, je n'aurais pas du te crier dessus.

Je soupirais.

— Que va t-on faire maintenant ? demandais-je voulant changer de sujet.

— Je vais la changer, dit-il d'un air détaché.

Il enleva sa veste et retroussa les manches de sa chemise. Midi passé, soleil de plomb, la chaleur étoufante et le silence pesant. C'était une merveilleuse journée pour une ballade à la plage et au lieu de ça je me retrouvais sur une auto route deserte à supporter les sautes d'humeur de sexy boss.

Je me demandais si Blaire s'en sortait. Avec trois nourissons à la charge cela ne devait pas être facile de jongler entre eux et Emilie. Au plus profond de mon coeur, j'espérais secrètement, en observant l'ecran de mon portable, qu'elle me dise qu'elle a besoin de moi. Non pas que je voulais fuir Callum après notre accrochage, mais les avoir près de moi me remontrait certennement le moral.

《 — Veux-tu quelque chose à boire ? proposa-t-il.

Je ne l'écoutais plus tant le message affiché sur l'écran de mon teléphone portable était hypnotisant. C'était devenu si anodin de se lever un matin et de retrouver des messages similaires que je m'en étais habituée. L'inquiétude et l'angoisse d'être surement observée avaient laissé place à la triste réalité et je m'en accomodais.

Callum visiblement inquiet me pris mon téléphone des mains en lisant attentivement le message de L.

Pourquoi semble-tu si indifférente à toutes ces menaces ? 》

— Et si nous rentrions ? Blaire doit être épuisée.

Excedé par mon manque d'entrain il se contenta de prendre place sur son siège. Aucun de nous ne pipait mot, attendant surement que l'un de nous dise quelque chose. J'étais épuisée, aussi physiquement que moralement. Raison pour laquelle j'avais préféré ne pas m'étendre sur le sujet L. Etant donné que la police n'avait toujours pas de preuve pour faire inculper qui que ce soit, nous nous ne pouvions que tout remettre à Dieu et espérer.

Le brun à côté de moi semblait cogiter. Je le sentais depuis mon siège qu'une question lui brûlait les lèvres. Un sourire malicieux se dessina sur mon visage.

《 — Le grand Callum White aurait-il peur de me faire part du fond de sa pensée ?

Il me regarda stupefait, sans pour autant pouvoir dire quelque chose.

Regardes la route, j'aimerais arriver en un seul morceau sans escale à l'hopital du coin. 》

Il se reconcentra sur la route avant de prendre la parole.

— Je te propose un jeu, annonça-t-il.

— Interessant et en quoi consiste-t-il ? demandais-je alors que nous décendions de la voiture.

Il me devança ouvrant la porte principale, se retourna et dit:

— Ça je ne peux pas te le dire maintenant, Bella. Sois patiente. Rendez-vous dans la chambre des plaisirs, n'oublie pas ta petite tenue.

𝐋𝐞 𝐩𝐚𝐜𝐭𝐞: 𝐓𝐞𝐚𝐜𝐡 𝐦𝐞, 𝐒𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant