Chapitre 24

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_ Si j'ai bien compris, tu es en train de me dire que ma discussion avec Abibou n'était qu'un test, une mesure de précaution visant à déterminer si j'étais digne de confiance ou non, dit Ma'Khady.
_ Exactement, approuva Mountakha.

Après qu'il lui ait révélé son identité, il lui avait demandé à ce qu'ils aillent discuter dans un endroit plus calme et privé, ce qu'elle avait accepté d'un hochement de la tête, encore choquée d'apprendre que son âme sœur était un vampire, le légitime roi en plus. C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée dans sa voiture et un moment plus tard, dans sa demeure, plus précisément dans le salon où il venait de lui expliquer pour Abibou. Et si l'on pouvait être sûr d'une chose, c'est que Ma'Khady était soulagée de ce côté là. Néanmoins, en se rappelant avoir été de mèche avec Saliou, le meurtrier de sa famille et avoir conçu une enfant qu'elle avait compris être dangereuse, elle ne put s'empêcher d'être envahi par les remords et tout de suite se retrouver gênée, ce qui n'échappa pas à Mountakha.
_ Et si tu me disais pourquoi tu es à ma recherche ? Et qui t'envoie ?
_ Je suis venue de la part de Ndeye...
_ Tu veux dire la Luna suprême ?
_ Et Élue ce, en raison de ton identité car nous allons avoir besoin de toi et sûrement tes hommes pour pouvoir combattre Saliou Niang et les siens.
_ Saliou ? Le meurtrier de mes parents ?
_ ...... Exactement.
_ Tu ne pouvais pas mieux tomber, tu sais ? Après cinq cent ans d'attente, moi et mes hommes sommes enfin prêts à aller lui faire sa tête.
_ Ce n'est malheureusement pas le cas, en vrai puisqu'il a à ses côtés, l'ancienne Élue, en occurence ta marraine. Et les grands parents de Ndeye le soupçonnent d'avoir également à ses côtés des sorciers et autres.
_ Cinq cent ans de patience ! Tu es en train de me dire que tout cela c'est pour rien ?
_ Pas exactement. Ndeye te propose une alliance.
_ Une alliance ? Que savez-vous de moi ? De ce que j'ai vécu ?
_ ....
_ Réponds-moi !
_ Rien mis à part ton identité et ce qui s'est passé de ta naissance à ton départ pour ce pays-ci.
_ Vous ne savez donc pas ce que cela fait de pouvoir exceptionnellement se souvenir de tout depuis sa naissance et d'avoir donc en tête le souvenir du meurtre de ses parents. Voilà le seul souvenir que j'ai vraiment traîné avec moi pendant ces cinq cent dernières années. J'en fais très souvent des cauchemars. Vous ne savez donc pas que ce jour-là, nous ne sommes pas montés avec le bras-droit de mon père, Bara, dans un avion en direction du Brésil mais plutôt en direction de la Belgique. De là, nous avons constamment changé de pays tous les deux mois pendant deux ans, jusqu'à l'extrême Orient, juste dans une fou jeu de cache-cache avec les hommes de Saliou qui savait toujours être en vie Bara, juste pour me protéger. Acculé et sans issue, une fois en Chine, il avait fini par confronter ceux-ci pour finir assassiné, toujours dans le but de me protéger. À juste deux ans, je m'étais ainsi retrouvé complètement seul au monde. Vous ne savez également pas que toutes les cinq familles qui me recueillirent après la mort de Baba avaient tous à leur tour fini par me jeter, m'abandonner après avoir constaté que je ne grandissais pas comme tous les autres enfants. Ils me voyaient comme un monstre, une abomination divine. Ce fut même la dernière des cinq familles qui, usant de mensonges, me vendit au marin qui m'amena dans ce pays. Une fois sur la terre ferme, je me suis enfui sans regarder derrière. Vous ne savez surtout pas que suite à cela, j'ai vécu caché dans ce que fut autrefois la grande forêt d'Amazonie pendant plus de trois cent ans, m'aventurant en dehors, ayant mis des lentilles de contact volés à des journalistes et me réclamant humain pour pouvoir chercher à travers le continent et même au delà tous mes semblables qui adhéraient à ma cause. Je n'ai été adopté qu'il y a de cela près d'une centaine d'années par un couple de touristes qui se trouvaient être les parents d'un cousin, Abibou qui est comme moi.
_ ...... (Incapable de parler, tellement elle était émue)
_ Ma'Khady ? Tu vas pas t'y mettre toi aussi ?! Pas comme tous les autres ! Alors que je n'ai pas dit grand chose ! Pardon d'avoir élevé la voix.
_ Tu t'es tant battu pendant des siècles afin de pouvoir récupérer de droit ce qui te revient de droit et obtenir justice ! Et moi.....
_ Tu sais, mon vécu fait parti de moi et je n'en ai aucunement honte, encore moins n'en suis triste.
_ Mais par contre, j'ai l'impression que tu veux en dire des choses.
_ Je.... Je.... Je suis désolée. Je suis vraiment désolée. Tu ne mérites pas de m'avoir pour âme sœur.
_ Tu ne crois pas que c'est à moi d'en juger ?
_ C'est juste évident.
_ Explique-moi donc les choses, que je puisse me faire ma propre opinion.
_ Je.... J'avais dix huit ans quand je l'avais rencontré en Afrique du Sud où j'étais partie sous prétexte des études mais c'était en vérité pour m'éloigner de Moha dont j'étais folle à l'époque. Il s'était présenté à moi comme un homme des plus banaux et au vu de sa facilité à me comprendre, nous sommes vite devenus amis. Plus tard, il m'a révélé son identité en même temps que ses supposés sentiments pour moi. Et comme j'avais désespérément besoin de quelqu'un pour remplacer Moha à ce moment-là, j'ai sauté sur l'opportunité de pouvoir le faire. De peur cependant de le blesser, je lui ai parlé de mon "amour" pour Moha et le fait qu'il se soit montré compréhensif et même approbateur d'une telle chose me rassura dans ma décision. Aveuglée alors, je ne comprends toujours pas comment, j'ai appris à normaliser à ses côtés le fait "d'aimer" quelqu'un en étant avec un autre. C'est ainsi donc qu'au summum de mon obsession pour Moha, j'ai accepté de le suivre dans ses plans quand il m'a expliqué connaître un moyen d'avoir Moha et la place de Luna suprême, tout en restant avec lui. Après une première tentative qui s'avéra un être un échec, il n'abandonna point et trouva assez vite un tout autre plan qui fonctionna cette fois à merveille. Il était simple, verser dans un verre de jus un poudre qu'il m'avait remis et m'assurer que Ndeye le boive. Quand il aura assurément fait effet, il allait suffir de revenir, à l'aide du conseil des Anciens qu'il manipulait à l'exception de deux dont il n'avait hésité à se débarrasser, voler la place de Ndeye devenue stérile, en contractant une grossesse. Une grossesse dont j'avais collé la paternité à Moha alors qu'il en était l'auteur, grâce à une insémination artificielle. Et tout s'est bien passé mais je dois avouer que tous ces mois passés en tant que l'épouse de Moha, la fausse Luna suprême ont été les pires de ma vie, rythmés par la solitude et les regrets. C'est pourtant grâce à Ndeye, que j'ai pu ouvrir les yeux et entamer le changement qui m'a poussé à me retrouver ici aujourd'hui, ironie du sort. Elle m'a sorti de mon ignorance, de son emprise et rendu meilleur. Grâce à elle, j'ai trouvé la force de mettre à cette insensée relation avec lui, sortir du malheureux, sombre et faux mariage qui me liait à Moha. J'ai même trouvé en elle plus qu'une amie, une sœur même si je ne sais pas si j'aurai l'occasion d'un jour le lui dire. Mais le mal était déjà fait, il avait déjà réussi à atteindre son objectif qui était d'engendrer celle qui pourrait être son arme de destruction massive, son arme fatale : Zeyna si jamais elle devait être à ses côtés. C'est d'ailleurs dans le but de le tenir loin d'elle que je suis venue ici plus tôt que prévu.
Et pour ton information, celui dont je te parle, si tu ne l'as pas deviné n'est autre que le meurtrier de tes parents, celui qui t'a volé ta place et s'apprête à déclencher une guerre sans pareille : Saliou Niang.

Après ce long récit, Ma'Khady qui n'avait pas le courage de regarder Mountakha dans les yeux de peur d'y voir de la colère, du dégoût et des regrets, garda la tête baissée en priant pour que ces mots soient le moins cruels possibles. Seulement, les minutes s'écoulaient et lui, gardait le silence. Elle décida donc de prendre les devants et dire les choses telles qu'elles étaient, même si ce devait lui faire mal.

_ Si tu ne veux pas me revoir ou entendre parler de moi, je comprendrai et quitterai au plus vite le pays avec Zeyna, lui dit-elle.
_...... (Toujours pas de réponse)
_ Dis quelque chose au moins, j'ai besoin de savoir. J'ai besoin de savoir si tu m'en veux ou pas, si je te dégoute, si tu veux que je disparaisse de te vue...... J'ai besoin d.....

Elle fut interrompu par l'index de Mountakha sur ses lèvres avant que celui-ci ne l'embrasse avec une telle douceur qu'elle craqua enfin et fondit en larmes.

_ Déménage et viens vivre ici avec Zeyna, dit enfin Mountakha une fois qu'ils aient rompu le baiser.

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L'Alpha suprême et Elle : Le destin de L'ÉlueWhere stories live. Discover now