L'Alpha suprême et Elle : Le destin de L'Élue

Chapitre 4

Un peu plus tôt, dans le bureau de l'Alpha suprême, à Kigali (Rwanda).

_ Tu me crois à présent ? À voir sa façon de me parler et ses réactions, c'est sûr qu'il me méprise et que c'est quelqu'un d'extrêmement mauvais. Cet appel n'était pas anodin, dit Ibrahima, l'Alpha d'Afrique.
_ Je le sais aussi bien que toi mais nous ne pouvons pas juste lui tomber dessus, comme cela, d'un seul coup, répliqua Mohamed, l'Alpha suprême.
_ Et pourquoi pas ? Ce qu'il fait est une pratique qui traine notre réputation à tous dans la boue.
_ À le voir, il est très certainement quelqu'un d'extrêmement rusé. Il se doute forcément d'une possible intervention de notre part. Il s'arrangera donc pour que nous ne trouvons, j'en suis sûr, rien. Il pourra ainsi nous attaquer devant les Anciens et nous porter préjudice.
_ C'est vrai que j'y avais pas pensé. Du coup, on fait quoi ?
_ Nous allons en...

Mohamed s'interrompit dans sa phrase, venant de ressentir quelque chose s'enfoncer dans son épaule. Il serra les dents un bon moment pour surmonter la douleur et avait fini de se reprendre pour être sur le point de reprendre la parole quand une douleur cette fois-ci plus intense que la première se fit sentir dans son dos.

Que diable se passait-il encore ?

Usant de tout son stock de self-control, il réussit difficilement à surmonter cette douleur et toutes celles qui s'en suivirent pour continuer à discuter avec Ibrahima à qui il proposa d'envoyer quelques uns de ses meilleurs hommes en tant qu'espions au Sénégal. Ceux-ci se chargeront pour une durée de mission de dix jours de leur trouver le max de preuves des mauvais agissements de Khadim. Forts de ces preuves, ils agiront alors sans risquer que leur intervention ne soit sujette à un débat au sein des Anciens, encore moins critiqué. La liste des espions établie, ceux-ci venaient de se présenter devant Mohamed quand il se transforma soudainement, sans le vouloir et sous leurs yeux en loup. Avant même qu'il n'ait eu le temps de demander ou réprimander son loup pour avoir pris indépendamment de son consentement le contrôle, il redevint humain à sa grande surprise.

_ À quoi tu joues Aras ?

Il eut à peine le temps de finir de poser cette question à son loup qu'il se transforma à nouveau pour dans les secondes qui suivent redevenir encore une fois humain.

_ Je... Je joue à rien... Je comprends pas..., répondit Aras qui semblait également souffrir.

De nouveau, il se transforma pour redevenir humain dans la minute et ainsi de suite, le manège se répéta comme s'ils se trouvaient Mohamed et son loup dans une sorte de boucle intemporelle de transformation dont le contrôle était détenu par ils ne savaient qui pendant un peu plus d'une heure avant qu'elle ne se rompe enfin les laissant tous les deux complétement lessivés et complétement à l'Ouest. Mohamed se coucha donc à même le sol, en tenue d'Adam, imitant le fœtus qu'il a un jour été avant de venir au monde. (Hé ! Oui ! Les loups se retrouvent en tenue d'Adam ou d'Ève quand après s'être transformés, ils reprennent forme humaine). Heureusement pour lui, il n'y avait que des mâles dans son bureau dont l'un d'eux, son bêta Mahmoud, se chargea d'aller lui chercher une couverture pour l'en recouvrir lorsqu'il commença à grelotter de froid malgré la chaleur qu'il faisait. Il finit, réchauffé, par tomber dans les bras de Morphée pour se retrouver dans un tout autre décor.

Il se trouvait dans un vaste champ de roses blanches, habillé d'une longue tunique blanche, qu'il contemplait sourire aux lèvres, celles-ci étant ses fleurs préférées quand d'un coup le ciel changea de couleur pour devenir tout à fait rouge avant qu'il ne se mette à pleuvoir du sang, une pluie qu'accompagnaient un très puissant vent ainsi que la tonnerre qui grondait tel un animal mortellement blessé. En un rien de temps, toutes les roses devinrent tout rouge, souillées par le sang tombé du ciel de même que Mohamed qui ahuri au plus haut point regardait la scène qui se produisait sous ses yeux vides. Il ne revint à lui que lorsque la pluie cessa et que le décor autour de lui changea. Il se trouvait dans une très immense salle, sublimement décorée et au milieu de laquelle se trouvait un cercueil ouvert. Alors qu'horrifié par la présence de celui-ci, il ne souhaitait que faire une chose, fuir au loin, il se sentit poussé par une puissante et invisible force jusqu'à lui. Il comprit donc que fuir n'était pas une option et regarda donc sous toutes les coutures le cercueil qui était en or. Il n'avait aucune tache ou égratignure, ce qui laissait supposer qu'il était conservé dans les meilleures conditions qui soient. Et à l'intérieur, reposait une femme dont il ne put apercevoir le visage mais dont il sut l'identité et, ce instinctivement. Elle était son âme-sœur et respirait encore même si elle semblait s'éteindre un peu plus chaque seconde qui passait ce qui lui brisa le cœur. Il risquait de perdre son âme-sœur avant même d'avoir eu une chance de ne serait-ce que la connaitre un peu mieux.
_ Elle se meurt. Tu l'as vu. Tu le sens. La nature le sent et en souffre déjà. Tu dois la trouver avant qu'il ne soit trop tard, dit une voix dans son dos.
Il se retourna aussitôt pour voir assise sur un canapé qui n'était tout à l'heure pas là, une femme dont il émanait tellement de lumière qu'il ne pouvait la regarder continuellement pendant plus d'une quinzaine de secondes sans être ébloui. Elle portait une robe de style très ancien, digne de celle portées par les déesses dans les mythologies antiques. Ses cheveux tombaient en cascade dans son dos, une couronne de diamants sur la tête et des yeux entièrement blancs. Elle portait également un collier à l'extrémité duquel se trouvait un croissant de lune. C'est alors que Mohamed comprit avoir affaire à la Déesse Lune. Il s'inclina aussitôt, taisant la remarque qu'il avait voulu lui faire sur son état de santé qui lui a semblé être un peu instable.
_ Mais comment ? Je ne sais même pas où elle peut bien se trouver ! Dit-il en gardant la tête baissée.
_ Sauve sans hésiter ses semblables et tu la sauveras par la même occasion.
_ Je ne comprends pas.
_ Tu comprendras. À présent, va. Retourne au monde des mortels en emportant avec toi ce collier que tu remettras à ta Luna après que tu l'aies retrouvée. Dis-lui ceci : ‹‹ Gerunt ea circa collum tuum: et non est in parte. Quo probare tibi eo tempore et usum venit.››

Ce fut en sursaut que se réveilla Mohamed pour se rendre compte être dans sa chambre, le collier que lui avait la déesse dans sa main. Il avait sûrement y avoir été amené par les autres. Il se leva et alla ranger le collier dans un tiroir secret qui se trouvait son lit et dont personne ne connaissait l'existence avant d'aller prendre un bain pour se vêtir avant de retourner dans son bureau où il trouva Ibrahima avec ceux de ses hommes qu'il avait choisi pour se rendre au Sénégal en train de discuter. En le voyant entrer, ils lui posèrent en parfaite synchronisation la même question comme s'ils n'étaient en vérité qu'une seule personne.

_ Vous allez mieux, Alpha suprême ?

Il ignora leur question.

_ Aziz, je veux que toi et tes hommes allez vous préparez. Vous partez tout de suite pour le Sénégal, ordonna-t-il les poings sur le bureau.

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