Chapitre 15

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Suivant le conseil de son père, Mohamed chercha en lui le moyen de pouvoir se rapprocher de Ndeye toute la soirée sans succès jusqu'à finir par tomber dans les bras de Morphée sans s'y attendre dans son bureau. Ce fut en sursaut qu'il se réveilla aux aurores, le corps courbaturé à cause de l'inconfortable position dans laquelle il s'était endormi. Il se leva tout de même et après s'être longuement étiré, alla se mettre au balcon pour apprécier le lever du soleil qu'il aimait tant, symbole d'une nouvelle journée et donc d'un nouveau départ. Un nouveau départ, c'était exactement ce dont il avait besoin avec sa Luna. Mais, comment y arriver ? C'est alors qu'il remarqua que les photos que lui avaient envoyé Aziz et qu'il avait fait tirer pour avoir de concrètes preuves aux anciens pour justifier son attaque, étaient en train de voltiger sous le coup du vent. Il retourna donc à l'intérieur et alors qu'il les ramassait un à un pour ne pas les perdre, une des photos attira son attention. C'était celle de la fille qu'avait eu à soigner Aziz et qu'il lui avait dit être surnommée ‹‹la petite chaton››. Elle était exactement couchée dans la même position que Ndeye la veille avec les mêmes longueurs et couleur de cheveux, le même physique, le même visage. Il n'y avait pas de doute possible, elles étaient la même personne. ‹‹La petite chaton ››, personne à cause de qui l'intervention avait eu lieu plus tôt n'était autre que son âme-sœur. Il s'assit tout en continuant de contempler la photo sur laquelle un détail peu perceptible à première attira son attention. Sur son visage pouvait se lire peur et souffrance que rien ne semblait pouvoir enlever mais aussi, ses mains étaient de façon croisée posées sur sa poitrine comme pour se protéger de toute attaque extérieure. Là, le moyen le plus honnête et plus sûr de l'approcher lui vint. Sans plus attendre, il alla faire son rituel du matin avant de se rendre à la chambre de Ndeye. Cette fois-ci, il ne chercha point à entrer et tendit juste l'oreille pour percevoir du mouvement à l'intérieur, signe que Ndeye était réveillée. Il s'assit alors dos contre la porte.

_ Bonjour ma Luna. Je sais que tu es là, bel et bien réveillée mais ne t'inquiète pas, je ne compte aucunement entrer. Je veux juste que tu prennes le temps de m'écouter sans fuir.
Il attendit un moment sans réponse avant de reprendre la parole.

_ Je sais que tu as encore peur de moi et que tu dois très certainement te demander de quoi je veux te parler. Je veux en fait juste te raconter une histoire, une assez particulière. Tout a commencé le jour où je fêtais mes dix ans, soit le Mardi 31 Décembre 2565. C'était le soir et j'allais sous peu couper mon gâteau d'anniversaire quand je me suis soudainement mis à me sentir recevoir des coups de fouet. Pourtant, de tous ceux qui m'entouraient, personne ne tenait quelque chose de bien dangereux, encore moins un fouet dirigé dans ma direction. J'ai trouvé cela étrange mais me suis abstenu d'en parler en prenant sur moi pour ne pas plomber l'ambiance. Au bout de quelques minutes qui m'ont paru très longues, la sensation de recevoir des coups a disparu. Seulement, je me suis mis contre toute attente à ressentir profondes douleur et souffrance. Une partie de moi qui semblait à la fois m'être propre et étrangère venait de se briser. Ce fut une très désagréable expérience dont je décidai de ne parler à personne, la mettant sur le coup des transformations qui avaient eu à s'opérer dans mon corps peu avant mon anniversaire. Seulement, le lendemain, les mêmes sensations que la veille revinrent mais en plus intenses, le surlendemain, le jour d'après le surlendemain..... Et ainsi de suite, pendant cinq ans, j'eus à ressentir les mêmes sensations et parfois plus. Cela s'accompagna de la destruction progressive mais lente de cette partie de moi qui m'était à la fois propre et étrangère jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une coquille vide de presque tout à l'exception de douleur, tristesse mais aussi et ce étonnamment, d'une petite étincelle d'espoir. Le jour où cet extrême avait été atteint, je parlai enfin de tout à mon père qui contrairement à mes attentes n'avait pas comme était déboussolé. Après m'avoir écouté, il m'a fait comprendre que tout ce que j'avais pendant cinq ans ressenti avait été du au lien d'âme-sœur. Bien qu'étant à l'époque le prochain Alpha suprême, ce lien était chez moi comme tous mes prédécesseurs de dix fois plus intense que tous les autres Alphas et quinze fois plus que les autres loups. Tout ce que je ressentais m'était ainsi donc propre en ce sens que c'était mon âme-sœur qui l'endurait, en occurrence toi. Nous avons pu par là comprendre que tu étais humaine et que tu étais prise entre les mailles de l'un des nôtres qui salissait tout ce pour quoi nous œuvrons depuis des siècles, la paix et l'harmonie entre nos deux espèces. C'est alors que j'ai commencé à m'intéresser aux interventions que menait mon père grâce à la coopération des Alphas continentaux pour faire cesser ces dégradantes pratiques, moi qui en était auparavant désintéressé. Mon implication dans cette lutte menée contre ceux que nous considérons comme des monstres et non des nôtres était ma manière à moi de me racheter envers toi de ne pouvoir te sortir de l'enfer dans lequel tu vivais en délivrant bon nombre de tes semblables des leurs. C'est même lors de l'une de ces interventions qu'Amadou a rencontré Ma'Fatou, son âme-sœur il y a de cela deux ans. Pour ma part, j'ai continué en parallèle à te sentir au point mort et ce pendant cinq ans encore jusqu'à ce que tout change il y a de cela presque quatre semaines, plus exactement vingt cinq jours, soit le Dimanche 31 Décembre 2575, dix ans jour pour jour depuis que tes souffrances et les miennes ont commencé. Je n'avais ce jour-là pas la tête à fêter mon anniversaire et étais plutôt en train de discuter avec Ibrahima, l'Alpha d'Afrique auquel l'une d'entre vous avait fait appel quand quelque chose d'étrange et unique s'est produit. Nous discutions quand je me suis mis à me transformer en loup pour dans la minute redevenir moi après nous t'ayons senti être pendant près d'une demie-heure torturée. Ni moi, ni mon loup n'avions le contrôle sur nous et sur cet étrange épisode de transformations-retours à l'état initial qui avait duré un peu plus d'une heure avant de s'arrêter. Après cela, je sentis la coquille pratiquement vide que t'était devenir tel un miroir brisé en mille morceaux. Tes souffrances et douleur avaient décuplé de façon démesurée. La petite étincelle d'espoir qui quant à elle brillait en toi malgré tout s'était éteinte pour laisser place à une immense peur. Le soir-même, quelques uns de mes meilleurs combattants furent envoyés en tant qu'espions au Sénégal. Leur chef fut même celui qui t'a administré des soins après ce qui t'était arrivé. C'est par ailleurs à cause de la pitié et de la sympathie que tu lui as inspirées qu'il nous avait fait parvenir trois jours plus tôt que prévu les preuves des mauvais actes de Khadim dont nous avions besoin pour intervenir. Les photos et vidéos pris ont été suffisantes à me faire décider d'intervenir dès le lendemain, intervention grâce à laquelle je t'ai trouvé toi, mon âme-sœur, ma Luna. Après notre venue ici, tu as été prise en charge par Ma'Fatou qui n'avait rien pu faire pour t'empêcher de te rapprocher un peu plus de la mort. Lorsqu'elle était venue m'en avertir et me présenter la seule option qui nous restait pour te maintenir en vie et qui était de te donner mon sang, nous avons ma sœur et moi su pour ton viol. Ne t'inquiète pas, tu n'es pas devenue l'une des nôtres car mon sang n'a servi qu'à te guérir. Une dernière chose, je ne l'avais pas très tôt remarqué mais tu étais sur l'une des photos que m'avait envoyées Aziz, endormie et ce dans pratiquement la même position que celle dans laquelle je t'ai trouvé. Je m'en suis rendu compte ce matin et ai compris une chose en venant ici, l'épisode de transformations-retour à l'état initial que mon loup et moi avions subi avait duré tout le long de ton viol. Désolé de te le rappeler. Cette histoire que je viens de te narrer n'est pas encore terminée mais si je l'ai fait, ce n'est pas pour que tu oublies toutes tes peurs et me sautes dans les bras pour que nous devenions le parfait couple que tout le monde rêve de nous voir être. Non. Si je te l'ai raconté, c'est parce que je veux que tu saches que ces dix ans d'enfer que tu as été obligée d'endurer à l'ombre, tu ne les a pas enduré seule. Je les ai endurées avec toi à chaque année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde. Je te l'ai raconté parce que je veux que tu me donnes une chance de t'approcher peu m'importe si ce doit être en tant que ton frère, ami, confident ou encore en tant que ton âme-sœur. Une chance de t'aider à non pas oublier ton passé, chose impossible autant pour toi que pour moi, mais à l'accepter pour pouvoir aller de l'avant. Une chance de te prouver que je ne suis pas un monstre comme ce Khadim ou ses maudits sbires. Une chance de te prouver que jamais au grand jamais tu ne me dégoûteras même si tu as pu perdre dans ses bras et ce de manière cauchemardesque ton innocence. Une chance de te prouver que tu n'es en aucun cas responsable de ton funeste passé. Une chance de te prouver que tu as le droit au bonheur et te le donner. Une chance de pouvoir te protéger comme tu le mérites et plus. Une chance de pouvoir t'aider à te regarder à nouveau dans le miroir et accepter ton reflet de battante avec ton passé, tes blessures, tes cicatrices, tes peurs, tes espoirs, tes qualités, tes défauts mais surtout toi, Ndeye Ngoye Dieng. Une chance surtout de te prouver mon amour pour toi et ma volonté d'écrire la suite de l'inachevée histoire que je t'ai narré avec toi, main dans la main, le regard tourné vers un meilleur futur, notre futur, ma Luna.

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L'Alpha suprême et Elle : Le destin de L'ÉlueWhere stories live. Discover now