Chapitre 1

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Emy

Comme tous les mercredis matins, le même rituel : réveil, petit déjeuner, douche, sourire faux plaqué sur les lèvres, montrer combien je suis heureuse, et surtout cacher combien je suis détruite intérieurement. Puis, c’est le moment où je ferme la porte de la maison et que je me rends à mon rendez-vous chez le psychologue depuis l’année dernière. A dix huit ans, j’ai enfin eu le déclic pour franchir le pas. Après avoir fait deux crises d'angoisse à répétition, toujours sur le même sujet : les cours, le futur, mon avenir inexistant, j’ai pris conscience que j’avais besoin de suivre une thérapie. Alors je me suis finalement lancé. 

J’enfourche mon vélo et roule jusqu’au cabinet. La première fois que je m’y suis rendu, j’étais tellement nerveuse à l’idée d'être confronté à un inconnu que j’en tremblais de la tête au pied. Et pour être vraiment honnête avec vous, ça n’a pas vraiment changé depuis. J’ai toujours la boule aux ventre de me rendre à ces rendez-vous mais j’en ai besoin. 

Vingt minutes plus tard, j’abandonne mon vélo et après un long soupir j’entre dans le bâtiment. La pendule en face de moi m’indique qu’il est bientôt onze heures. D’un « bonjour » à peine audible, je salue la secrétaire et vais patienter dans la salle d’attente en prenant place sur un des quelques fauteuils vides. 

Et voilà que le stress monte d’un cran. D’un geste typiquement nerveux, je fais trembloter ma jambe au même rythme des battements lourds de mon cœur. Tout le temps le même cinéma.

Incapable de parvenir à me détendre bien que désormais je connaisse un minimum mon psy, perdue dans mes pensées je sursaute vivement quand j’entends mon nom. 

― Emy ? 

Un brin désorienté, je cligne plusieurs fois des yeux et me tourne vers mon thérapeute mental qui m’observe, inquiet ? Tu délires Em'. Je secoue la tête et me lève brusquement. Doc Davis m’invite à entrer dans son cabinet et je m’y précipite, les jambes flageolantes. Tandis que j’entends la porte se fermer, je manque de tourner de l'œil mais me ressaisit rapidement. 

― Bonjour… bredouillé-je mal à l’aise. 

― Je t’en prie, installe-toi, me fait-il signe de la main vers le divan. 

J'obéis et m’avance vers ce dernier sur lequel je m’allonge à chaque séance. Le cabinet de Doc Davis - aka mon psy totalement canon en passant - est lumineux, aux couleurs clairs et on se sent de suite à l’aise quand on y pénètre. Loin de déroger à mes habitudes, après m'être déchausser, je m’allonge sur le divan gris confortable, les yeux rivés sur le plafond blanc. Je me rappelle que le jour de ma première séance, je suis resté ainsi totalement muette et pétrifiée. J’ai failli ne jamais revenir et baisser les bras dès le premier jour face à cet échec lamentable. Mais au final j’y suis revenue et j’ai commencé à parler par monosyllabe en répondant aux questions qu’Aaron me posait. C’était déjà un grand progrès d’après lui. 

― Je te sens particulière à cran, aujourd’hui. Enfin plus que d'habitude, est-ce que ça va? 

― Oui, soufflai-je. 

Non.

Rien ne va. Mes parents désespèrent sur mon avenir et mettent bien trop d’espoir en moi pour que je reprenne les études. Études que j’ai totalement plaquées tellement j’étais à bout. J’ignore si j’aurai un jour le courage de repartir au milieu d’étudiants. Pour l’instant, rien que d’y repenser, j’en ai le ventre noué. 

Le silence qui vient désormais de s’installer me fait culpabiliser et m’oblige en fin de compte à lui répondre honnêtement. 

― J’ai l’impression de ne faire aucun progrès, avoué-je d’une petite voix. 

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now