Chapitre 11

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Emy

A peine il me tourne le dos que mes jambes lâchent et je m'effondre à genoux sur le sol impeccablement brillant. Les sanglots ainsi que mes cris d'animaux blessés restent bloqués dans ma gorge, m'empêchant de respirer convenablement.

― Je te hais, m'étranglé-je.

S'il continue ainsi, la haine va vraiment prendre le dessus sur l'amour que je lui porte. Ça ne serait pas plus mal, après tout. En le haïssant comme il le mériterait, peut-être que mon cœur cessera de battre pour lui et que je souffrirai moins par conséquent. Ouais, c'est beau de rêver.

― Mlle Smith, tout va bien ?

Bien trop épuisé émotionnellement pour la reprendre, je relève la tête vers Anna qui me regarde, bienveillante de ses iris verts. J'aimerai bien pouvoir lui dire que oui, mais je n'ai même plus la volonté de faire semblant. Ça aussi devient fatiguant sur le long terme.

A court de mots, je me racle la gorge, qui s'est considérablement asséchée. Puis, au cas où il me surveille encore, je ne peux retenir de jeter un regard par-dessus mon épaule pour vérifier si c'est seulement ma paranoïa ou s'il est vraiment bien là.

― Il est monté, si vous le cherchez, me renseigne-t-elle de sa voix toujours aussi douce et apaisante.

Non, je ne le cherche pas.

Rassuré pour l'instant, je reporte mon attention sur la cuisinière des Jones. Anna est une femme ronde proche de la cinquantaine je dirai à vue d'oeil. D'épais cheveux noir aux reflet bleutés, une peau plus mate que la mienne et un regard si bienveillant qu'il pourrait me rappeler maman. Elle me manque...

Avec son aide, je me relève du sol et me laisse guider à la cuisine sans entrain. J'ai l'impression que ça en devient une habitude.

― Tenez, ça vous fera du bien, fait Anna en me donnant un verre d'eau.

Je n'y prête très peu attention bien que je la remercie d'un faible sourire. Malgré que ma gorge ne serait pas contre cette hydratation bienvenue, au lieu de boire, je demande :

― Vous avez entendu ?

Ma voix est éraillée, tellement parler me coûte. Avec un sourire triste et compatissant elle acquiesce.

― Il n'est pas méchant, vous savez. Il a juste quelques problèmes de formulations, rit-elle doucement.

Elle m'arrache un mince sourire et ayant piqué ma curiosité, je demande à nouveau :

― Vous le connaissez depuis longtemps ?

― Depuis toujours, sourit-elle. C'est comme mon fils.

J'hausse les sourcils, surprise.

― Comme votre fils ? m'étonné-je.

― Oui, et même s'il le montre pas, je sais que c'est réciproque pour lui aussi.

― Il a toujours été comme ça ?

― Comment ?

― Un connard, un salaud, la liste est longue, soupiré-je en observant mon verre rempli.

Contre toute attente, Anna rit franchement.

― Je vois qu'il a fait encore une fois forte impression !

Si elle savait.

― Non, il n'a pas toujours été aussi sombre, reprend-t-elle.

J'hoche la tête et bois enfin une longue gorgée de mon verre. L'eau apaise ma gorge irritée et ça fait du bien.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now