I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 9

Emy 

Furieuse contre lui. Contre moi, je monte rageusement les marches d’escaliers menant à l’étage de ma chambre. Je m’en veux de réagir exactement comme le pense Isaac. Mais c’est plus fort que moi. Peu importe la distance, les années, ce mec n’a pas changé. Non, je dirai même que c’est pire. Il est devenu encore plus impulsif qu’autrefois, plus terrifiant, plus dominant. Et moi ? Pauvre sotte idiote qui se laisse guider par cet abruti d’organe qui pompe comme un fou dans ma cage thoracique dès qu’il est dans les parages. Qu’est ce que je ne donnerai pas pour me débarrasser de ses sentiments qui m’empoisonnent l’existence depuis le lycée ! Isaac sait parfaitement où toucher pour que ça fasse mal et en cette fin d’après midi, ça n’a pas loupé une fois de plus. J’ai les larmes qui me brûlent les yeux mais je refuse de les laisser couler. Je n’ai plus pleuré depuis mon arrivée à L.A. Comme si j’en étais devenu tout à coup plus capable ou alors parce que j’en ai assez de me considérer comme une faible à m’apitoyer sur mon pathétique sort. 

Au travers des nombreux et longs couloirs en passant devant de nombreuses portes qui doivent sûrement renfermer des chambres, je finis par retrouver la mienne au bout du couloir, à gauche. 

Le cœur brisé pour la énième fois, je claque vivement la porte en m’y engouffrant. Rien à foutre qu’il se ramène. 

La vue brouillée, je me jette sur mon lit recouvert d'une immense couette confortable en étouffant un sanglot dans un des quatres oreillers qui peuplent la literie. 

Comment j’ai pu nourrir et développer d’aussi puissant sentiment pour un être aussi odieux que mon colocataire forcé ? Comment putain ?! Etais-ce dû à ses rares sourires qui me lançaient quelques fois ? A ses regards en coin quand personne nous voyait ? A moins que tout ait commencé le jour de cette fameuse discussion complètement irréelle ? Je m’en rappelle comme si c’était hier. Rien que d’y repenser, je frissonne de la plus agréable et à la fois terrifiante des manières. 

***

5 ans plus tôt

Le ventre noué et le souffle court, je baisse la tête en passant devant la bande de brutes qui ne cessent de rire, de m’insulter, de me lancer des remarques. J’ai la nausée. Les larmes aux yeux mais je résiste à cette avalanche d'émotions qui ne demandent qu’à être lâcher. 

Alors qu’il ne reste plus qu’une seule personne devant qui je dois passer, les petits cheveux sur ma nuque se dressent et mon cœur se met à battre encore plus violemment qu’il y a quelques minutes, me coupant le souffle. Respire, Emy, respire et surtout ne le regarde pas, ne le regard… 

J’ai beau me répéter ce fichu mantra, à chaque fois je déroge à la règle. C’est comme si j’étais attiré par un chant magnétique et je ne peux résister à lui jeter un regard. Malgré ma vue floutée par les larmes qui s’accumulent aux bords de mes yeux, je ne peine pas pour autant à le voir. Ma réaction reste la même : J’ai les jambes qui flageolent, les mains moites et tremblantes. Mon coeur qui se met à faire des loopings et… La tête qui tourne. Sauf que ça, n’a rien avoir avec l’effet qu’il a sur moi. C’est dû au fait que je n’ai encore rien avalé ce matin, ni ce midi. 

Comme d’habitude, dès que je lui accorde un regard, ses sourcils se froncent. Je manque de trébucher mais me reprend rapidement. Malgré son air méprisant plus que visible sur son expression, lui aussi me rend mon regard et me suit de ses yeux si ténébreux. Je peine à déglutir et je ne me fais plus confiance pour mettre un pied devant l’autre. Ce gars me chamboule complètement et j’éprouve des difficultés à respirer convenablement. 

Hypnotisée, je suis incapable de rompre cet échange iréel de regard entre nous. Ça me percute avec fracas, tellement que je suis certaine qu’il est capable d’entendre les battements sourd et chaotique de mon cœur.