Chapitre 18

2.3K 184 49
                                    

Emy

Luttant contre les larmes qui ne demande qu'à couler librement, je fais comme si ses mots ne m'avaient pas touché.

Alors que c'est bel et bien le cas.

Au lieu de me morfondre, je relève la tête et d'un ton que j'emploie parfaitement calme, je conclus cette discussion qui me cave.

― Ouais, t'as raison. Je devrais arrêter de me prendre la tête pour quelque chose d'aussi futile. Tu l'as dis, ce n'était rien.

J'aurai dû m'arrêter qu'à la première partie mais le besoin de le faire réagir - et qu'il me détrompe peut-être, me signifiant que ce baiser n'était tout sauf rien - est plus fort que moi.

Le nez dans l'assiette, je me force à manger un peu afin de me donner une contenance que je n'ai pas. Ma voix fébrile, légèrement étranglée m'a trahi, je sais qu'il a entendu. Pourtant, il ne dit rien. Cependant, je note un vague changement d'humeur bien qu'il essaie lui aussi de ne rien laisser paraître. Je ne sais pas à quoi on joue mais sa soi-disant désinvolture qu'il arbore, calé au fond de son siège, ne me convainc pas. Le silence persiste, ses doigts pianotant nerveusement sur le bar qui nous sert de table, je remarque qu'il a les maxillaires contractées.

S'il ose péter un plomb, je ne réponds plus de rien.

Je fais comme si je ne l'avais pas vu, avalant la nourriture qui me laisse un goût amer en bouche.

― Je n'ai pas dit que ce n'était rien. J'ai dit que c'était sympa, nuance.

Reste digne, Emy.

Ne réagit pas.

Intéressant. Pourquoi il insiste autant sur ce point?

― C'est la même chose, soupirai-je.

Puis j'enchaine avant qu'il me coupe :

― Pour moi, ce n'était rien, fais-je en haussant une épaule nonchalante. Pas la peine de te creuser les méninges, Jones, terminé-je, mesquine.

Le besoin de lui rendre la monnaie de sa pièce fait ressortir le pire côté de moi que j'ignorais il y a encore quelques minutes. En lui balançant les mêmes mots qu'il m'a dit, j'éprouve l'envie de le faire souffrir autant qu'il vient de le faire.

La vengeance n'est pas la solution mais putain que ça soulage !

Ignorant sa main qui vient de former un poing, je termine mon assiette et la met au lave-vaisselle, profitant de lui tourner le dos pour sourire, satisfaite. Sa réaction corporelle veut tout dire. Je l'ai touché bien qu'il admettra jamais.

― Je ne te crois pas.

Merde, je pensais qu'il aurait laissé tomber.

Je soupire théâtralement en me retournant vers lui.

― Ce n'était pas rien. Tu mens, insiste-t-il.

Ses yeux se plissent, cherchant sans doute à voir à travers moi. Hors de question de lui laisser la porte ouverte.

Je rejette mes cheveux en arrière que j'ai détaché avant de descendre.

― T'essaies de convaincre qui ? Toi ou moi?

Emy...

― Non, le coupé-je. Il n'y a pas de Emy qui tienne. Que tu me crois ou non, ce n'est pas mon problème, Isaac.

Je mets en marche le lave-vaisselle puis je me dirige vers la sortie de la cuisine, assénant une dernière fois :

― Maintenant tu m'excuseras, mais la journée a été longue et je suis fatiguée. Bonne soirée.

Alors que je meurs d'envie de me mettre à courir et trouver refuge loin de lui, je m'exhorte à sortir de la pièce calmement, faussement sereine. Une fois hors de sa vue, je prends un temps de pause pour respirer profondément, bouleversée.

Adossée non loin de l'entrée mais hors de sa vision, je l'entends dire à voix basse :

― Bordel. Comment tu peux dire que ce n'était rien alors qu'au contraire c'était tout...

Mon coeur dégringole une nouvelle fois à mes pieds.. J'arrête de respirer. Je n'étais pas censé l'entendre, c'est sûr mais putain...

Pourquoi il n'a pas dit ça quand j'étais encore devant lui il y a à peine trois minutes ?

Je pensais qu'entendre cette révélation m'aurait fait me sentir mieux mais je découvre que c'est encore pire. Parce qu'il a préféré attendre que je sois partie pour être honnête envers lui-même. Pas moi.

Discrètement, je m'éloigne de la cuisine et monte à pas de loups les escaliers afin de me retrouver dans ma chambre. En chemin, je rumine encore et une larme trace un sillon humide sur ma joue. Je ne l'essuie même pas et très vite, une seconde la suit, accompagnée d'une troisième puis une autre et encore une autre. Je suis vidée, bouleversée. J'ai mal à en crever et j'ai envie de crier ma souffrance.

Pour une fois, je souhaiterai me confier à quelqu'un de proche. Mais j'ai personne. Et bien que j'apprécie la compagnie d'Aaron, je ne me vois pas là de suite l'appeler et lui raconter mes déboires et mes illusions amoureuses.

Mais moi si je ne me berce que d'illusions et de rêves, Isaac lui est un menteur doublé d'un lâche.

Comme promis le chapitre est là !! n'oubliez pas de votez et commentez et je vous souhaite aussi un HAPPY pride month !!! (j'ai oublié hier haha) à la prochaine xoxo

ps : merci pour votre soutien et vos lectures. Emy et Isaac sont si spécials pour moi qui compte énormément et hier voir que dans la catégorie Enemies-to-lovers il était en numéro un était une joie 🤩

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now