Chapitre 27

2.5K 158 55
                                    

Emy

Cinq ans plus tôt

La sonnerie sonne annonçant la fin du cours d'histoire. Un soupir de soulagement m'échappe et je range mes affaires dans mon sac lentement, laissant toute la classe sortir. Une habitude que j'ai prise afin d'éviter de me retrouver coincé entre des brutes pour qui me torturer est devenu leur passe-temps préféré. Malgré que je ne réponds pas à leurs petites provocations en les ignorant, eux n'ont pas arrêté pour autant.

Et ils n'ont aucune limite.

Comme pour le prouver un peu plus, je jette un œil morne sur les innombrables boulettes de papier qui trainent sur ma table qui m'ont été envoyé pendant tout le long du cours quand Monsieur Wilson avait le dos tourné. Inutile de regarder leur contenu, je l'ai déjà lu pendant toute l'heure. Une heure enfermée ne m'a jamais paru aussi longue depuis que ce cauchemar m'a capturée entre ses griffes. Les écritures sur le papier ne changent pas. Ce sont toujours des remarques dénigrantes, des moqueries, des insultes... Des menaces.

Menaces qui si au début, j'ai pensé à du bluff, j'ai très vite changé d'avis en constatant que j'étais suivie en rentrant des cours. Depuis, je suis sans arrêt sur le qui-vive non stop, sept jours sur sept et je suis fatigué. Et effrayé. Mais ça c'est pas nouveau. Pour l'instant, aucune bricole ne m'est arrivée sur le chemin du retour mais je ne suis pas rassuré pour autant. Parfois ce sont des personnes à pied d'ici et d'autres, des voitures qui me prennent en filature. Je donnerai n'importe quoi pour ne plus me retrouver seule quand je rentre à la maison mais c'est ça le truc : j'ai personne. Je suis totalement seule et ils le savent ces salauds. Et ils en profitent.

― Mademoiselle Smith ?

L'intervention de mon professeur me sort de mes pensées moroses. En relevant la tête, je remarque le regard préoccupé de Monsieur Wilson sur la déco provisoire mais quotidienne de mon bureau.

― Oh oui, excusez-moi, dis-je précipitamment en faisant glisser toutes les boules de papier dans mon sac. Puis je me lève et je marche rapidement vers la sortie de la classe bien que je préfèrerais mille fois y aller à reculons.
― Emy, m'interpelle à nouveau mon prof d'histoire.

Je me fige au seuil de la porte et me retourne lentement, un masque faussement serein sur le visage.

― Monsieur ?

― J'aimerais m'entretenir quelques minutes avec vous si vous le permettez.

Je me crispe suite à sa demande, mordant l'intérieur de ma joue pour retenir une protestation et qui grillerai totalement mon assurance sereine et parfaitement détendue auprès de lui. Contrainte donc, je ferme la porte sur sa demande et m'avance vers le bureau dont il vient se rasseoir sur sa chaise.

― Je vous écoute, je dis, angoissé.

Il a découvert quelque chose ? Il est au courant ? Bordel une tonne de questions qui me donne mal à la tête et me rend nauséeuse.

― C'est au sujet de votre devoir, commence-t-il en me présentant la copie blanche que j'ai rendu. Je réprime une grimace en comprenant le sujet de cet entretien.

Merde.

― Je ne vous cache pas qu'en découvrant le contenu vide de votre feuille, j'ai été surpris. Surtout venant de ma meilleure élève dans cette matière.

Je cache mes mains qui se sont mises à trembler dans les poches de ma veste et baissent les yeux, penaude.

― Excusez-moi, je dis ne trouvant rien d'autre à dire.

― Est-ce que tout va bien, Emy ? Moi-même ainsi que mes collègues nous vous trouvons particulièrement à cran ces derniers temps.

Il me faut faire un effort surhumain pour répondre sans que ma voix me trahisse.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant