I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 20

Emy

Emy : « Salut, maman. Ça doit faire le deux cent voire trois centièmes messages que je te laisse et qui restera sûrement sans réponse comme tout ceux qui ont précédés. J'espère que tu vas bien. Papa aussi. Si jamais ça vous intéresse, sachez que je me porte bien et que cette colocation avec le fils des Jones n'est pas si horrible que j'aurais pu le penser. À vrai dire, on fait chacun notre vie de notre côté... »

En quelques sortes.

Les doigts en suspens au-dessus du clavier, je marque un temps d'arrêt. Réfléchissant. Que dire à ses parents qui ne prennent même pas une seule nouvelle de leur enfant?

Je soupire et reprends l'écriture de mon message.

«... Toi et papa me manquer. Pourquoi vous me laissez sans réponse? Je ne demande pas la lune... Uniquement un coup de fil ou un message me rassurant que tout va bien... Deux mois, bientôt trois. Ce silence radio m'inquiète vraiment, alors please... Réponds moi!!! »

J'envoie le message. Ce message qui file à la suite de tous ses congénères restés sans réponse. Ça va durer encore combien de temps ce cinéma ?

Avachie sur le canapé après avoir quitté la salle de bain commune - Isaac par conséquent - je laisse ma tête reposer sur le haut du dossier, les paupières closes. Mon cerveau tourne à plein régime, passant en revu encore et encore tout ce qui s'est passé depuis Brooklyn à mon emménagement sensé être provisoire, jusqu'ici. J'ai beau retourner chaque situation dans tous les sens, j'en reviens au même point. Je ne suis pas plus avancé, je suis toujours l'idiote de service qui ne sait rien de rien.

Et puis cette soi-disant haine faisant rivaliser les Smith et les Jones me laisse dans le vague le plus total.

Il y aurait qu'une seule personne qui pourrait éclairer ma lanterne. Pourtant, bien que je lui accorde une confiance clairement stupide, elle n'est pas complète. J'ai le saleté de pressentiment, tout mon instinct me le hurle. Isaac cache quelque chose. Soit en rapport avec moi, soit envers mes parents et leurs mystérieuses disparitions de la surface de la Terre.

Faut dire que cette soudaine règle indétournable de sortir obligatoirement accompagné n'arrange pas mes soupçons.La dernière fois, je n'ai pas pu aborder le sujet vu comment l'entrevue s'est terminée...

Ne pense pas à ça, Emy.

Je me secoue et chasse cette pensée de mon esprit. Du moins, je l'envoie assez loin pour ne pas être plus perturbée que je ne le suis déjà.

― Ça cogite fort ici.

Je sursaute vivement en ouvrant les yeux. Ils trouvent instantanément ceux d'Isaac que je n'ai pas entendu arriver, profondément plongé dans tout ce bric à brac.

― Tu m'as fais peur, soufflé-je, une main posée sur ma poitrine où les battements frénétiques de mon organe vital témoignent de la frayeur que j'ai eu.

― Ce n'était pas mon intention. Pour cette fois.

Ce crétin parvient à m'arracher un rapide rictus. Je ne sais pas comment il fait  franchement.

― Tu faisais quoi? demande-t-il.

― Je réfléchissais.

― À quoi?

Je choisis soigneusement ma réponse. Avec un peu de chance, j'obtiendrai peut-être quelques explications.

― Au temps que je squatte ici.

Sa réaction est immédiate. Ses sourcils se froncent.

― Primo, tu ne « squattes » pas. Tu vis ici provisoirement. Secundo, t'as le mal du pays?