I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 16

Isaac

C'est au bout de dix longues minutes que je parviens à me reprendre et recouvrer un visage neutre dépourvu d'expression. Bien que je n'en mène pas large.

Quant à mon interlocutrice en face de moi, elle n'a plus décroché un mot après son aveu. Emy soutient mon regard sans ciller et je suis incapable de détourner le mien. La brillance de ses yeux, cette intensité qui rend l'atmosphère entre nous plus que palpable. Ce trouble qui les voilent.

Trésor...

Je réprime et retient d'une volonté de fer tous gestes qui pourraient me trahir envers elle. Mes mains me démangent. Je crève d'envie de la toucher, bordel. J'ai l'envie furieuse de retirer ce bureau qui nous sépare.

Respire, Isaac. Ce n'est pas le moment de tout foutre en l'air. Tu. Ne. Peux. Pas.

Emy est intouchable. Je dois rester loin d'elle et surtout faire semblant d'être indifférent. Elle ne doit se douter de rien. Qu'elle continue à me haïr, ça ne sera que plus facile.

Je lui mens, lui cache des choses.

Je la connais plus qu'elle ne se connaît elle-même. Elle réagira mal quand tout ceci éclatera au grand jour. Cette fille a assez souffert pendant cinq ans et les années qui ont suivies. Elle n'a vraiment pas besoin de ça.

Nous deux ça ne rimerait rien.

Elle est la pureté et l'innocence incarnée. Un ange. Un ange déchu.

Je ne suis que toxique et bien trop impliqué dans toute cette merde. On a fait de moi un démon voire même le Diable.

Anna a raison. Comme toujours. Cette rouquine compte à mes yeux et c'est pour cette raison que je dois rester loin d'elle. La préserver encore un peu.

Je ne le veux pas mais je sais malheureusement que je serai le coupable de sa prochaine déchéance. Encore une fois.

― Je... Je vais y aller...

Sa voix n'est qu'un murmure et pourtant je l'ai parfaitement entendue. Emy se lève d'un pas chancelant et vif comme l'éclair, je me lève à mon tour et la stoppe dans sa progression. Mes doigts enroulés autour de son frêle poignet, il est trop tard pour les regrets. Parce que bien conscient que je ne dois pas la toucher, je ne le regrette aucunement. La douceur de sa peau si fine sous mon pouce suffit à me brouiller le cerveau. Une simple caresse, presque comme un effleurement et j'ai la satisfaction de la sentir frissonner. Dos à moi, elle n'exerce plus aucun mouvement. Je remarque les vas et viens rapides de sa poitrine qui monte et qui descend. J'amorce un pas et son dos se colle à mon torse, son poignet toujours piégé entre mes doigts.

D'une tentation extrême, l'odeur de la pomme d'amour qui embaume ses cheveux effleure mon nez.

― Reste, murmuré-je.

― Pourquoi...?

J'espère que c'est moi qui l'a met dans cet état. Frémissante.

― Regarde-moi.

J'aperçois un geste imperceptible puis lentement, tandis que mes doigts glissent sur sa peau afin de saisir sa main, Emy se tourne pour me faire face. Je suis dans l'incapacité pour l'instant de me maîtriser davantage. De l'autre, je retire sa casquette et l'envoie sur un des fauteuils. Puis, je lui relève la tête pour l'obliger à affronter mon regard. Accrochant ses iris troublés, voilés d'une délicieuse confusion.

Être en contact direct avec sa peau m'électrise.

Son odeur m'enivre.

Ses yeux m'achève.