Chapitre 49

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Isaac

― T'es malade. Tu ne peux pas y aller seul.

Je fixe mon bras-droit et surtout meilleur ami d'un air ennuyé. Ça fait la cinquième fois qu'il répète la même chose depuis que je lui ai dis mon projet d'aller rendre une petite visite de courtoisie à ce cher Scott.

Après la petite discussion avec Emy quelques heures plus tôt, cette idée m'est venue après qu'elle m'est fait part de ses craintes. Le truc, c'est que j'ai prévu d'y aller non accompagné et ça, Lewis ne l'envisage pas.

Dommage pour lui parce que c'est moi qui donne les ordres et non l'inverse.

― Pourquoi pas ? fais-je en levant un sourcil insolent.

― Ce type est dangereux ! vocifère-t-il en tirant ses cheveux, agacé ou bien inquiet, je ne sais pas trop.

― On l'est aussi, je te rappelle.

― Ouais voilà. On. Ensemble. Pas toi tout seul.

― Tu me sous-estime, mon frère. Ça me brise le coeur, réagis-je en posant ma main sur le ditcoeur théatralement.

― C'est pas drôle, grogne-t-il en me lançant un regard noir.

Je souris.

― C'est surtout te voir t'égossiller qui illumine ma journée. Alors que tu sais très bien que j'irais, fais-je calmement.

Il se pince les lèvres, à deux doigts de foutre le bureau sens-dessus dessous.

― Laisse moi venir avec toi au moins, implore-t-il.

― Non. Emy reste pas seule avec cette bande d'incompétent.

― Et son pote ? Là, le psy ?

― Il est partie, souris-je.

Pour mon plus grand plaisir.

Lewis soupire.

― Pourquoi gaspiller tant d'énergie, Lewis ? fais-je doucereux. Je vais y aller, toi et moi le savons, et tu ressortiras agacé de cette pièce. Gagne du temps et abandonne.

― Ça reste de la folie, gronde-t-il.

― Et je suis encore ton boss, ajouté-je d'un calme inquiétant.

Ses yeux s'agrandissent sous la compréhension de mon sous-entendu.

― Fais pas ça...

Ja baille, las.

― Tu quittes pas Emy d'une semelle, ordonné-je.

― Putain ! Enfoiré...

Il fait les cent pas, se tirant les cheveux encore et encore. Alors j'ajoute en tant qu'ami :

― T'es le seul en qui j'ai confiance pour sa garde rapprochée.

Il s'arrête et pivote vers moi, les sourcils rapprochés.

― Épargne-moi -

― Tu sais ce qu'elle réprésente pour moi, Lewis, le coupé-je.

Il soupire.

― Elle te fait faire n'importe quoi.

Je secoue la tête en signe de protestation.

― Elle ne m'oblige à rien. Mais il est hors de question qu'elle continue à vivre dans la peur de cette enflure.

― Et alors quoi ? raille-t-il, amer. Tu vas aller le provoquer ? Sur son territoire ?

― Non. Juste... Discuter.

― Fais pas l'con, Isaac.

― Je sais ce que je fais, grogné-je. Toi, tu t'occupes d'elle.

Il va pour encore protester, mais je l'intime d'un regard d'obéir.

― Tes désirs sont des ordres, boss, ironise-t-il entre ses dents.

Je soupire et le congédie. Une fois la porte refermée, je passe une main dans mes cheveux désordonnés et soupire longuement.

J'hésite à faire revenir Anna dans la maison mais d'un côté elle a très peu de jours de repos. Non, je vais la laisser profiter.

Je me lève du fauteuil et m'étire paresseusement avant de sortir du bureau. Dans le couloir en train de m'allumer une clope, je croise ma charmante colocataire. Elle s'arrête quand elle me remarque.

― Trésor... susurré-je. Je te manquais déjà ?

Ses joues s'empourprent et je souris, moqueur.

― Non... Enfin si bref, bafouille-t-elle et je ricane. J'ai croisé Lewis et il avait l'air... Énervé. Tout va bien ?

Je me cale contre le mur, nonchalant.

― Lewis est toujours énervé pour rien. On a juste une légère divergence d'opinion.

― À quel propos ? s'enquit-elle.

Je la détaille lentement de la tête au pied, paresseusement.

― Je compte aller rendre une petite visite à Scott, réponds-je franchement.

Emy pâlit aussitôt le nom prononcé et on croirait qu'elle a vu un fantôme.

― Quoi ?

Je me détache du mur en réduisant la distance qui nous sépare. Elle me suit des yeux.

― Reste avec Lewis. C'est tout ce que je te demande.

― Il ne t'accompagne pas ?

Je secoue la tête.

― Non. J'y vais seul, d'où notre divergence d'opinion.

― Tu rentres quand ?

― Dans quelques heures si ça se passe comme je l'ai prévu.

Je ne crois pas que soit une bonne idée d'avoir dit ça. Elle pâlit davantage et chancelle. Je tends les bras pour la retenir.

― Sois... Prudent, murmure-t-elle.

Je suis étonné qu'elle ne me retienne pas mais en même temps soulagé. D'un doigt, je renverse sa tête afin de capter ses jolis yeux bleues.

― Tu t'inquiètes pour moi, Trésor ?

Elle ne répond pas mais son corps parle pour elle. Touché par son inquiétude muette, j'embrasse tendrement son front et remarque qu'elle ferme les yeux sous mon geste.

― Sois sage, susurré-je à son oreille avant de la dépasser.

Sans un regard en arrière, je descends les escaliers, allume ma clope et tombe sur le regard réprobateur de Lewis. Je réponds à son regard en lui transmettant silencieusement :

Veille sur elle.

Et il répond :

À tes ordres, Boss.

Je ricane et la clope entre les lèvres, je chope les clés de moto - décidant de profiter de l'air - et ferme la porte de la villa dans mon dos, les laissant derrière moi.

Contrairement à ce que Lewis pense, je ne compte pas provoquer Andrew alors que je suis seul et sur son terrain. Je ne suis pas suicidaire.

Je vais juste lui faire comprendre gentiment qu'il a tout intérêt à rester loin d'Emy s'il ne veut pas rôtir en enfer. Bien que ça me démange de lui refaire la face.

J'enfourche la Ducati noire et fais ronronnner le moteur. Alors que je vais pour quitter la propriété, mon téléphone sonne pour m'avertir d'un nouveau message.

Trésor : « Oui, je suis inquiète pour toi. »

Je regarde la porte d'entrée comme si elle allait apparaître. Je souris comme un con face à mon écran.

Isaac : « Adorable.
Je serai vite revenu, t'en fais pas. »

Je range mon téléphone dans la poche et quitte la propriété sous le vrombissement du moteur.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora