Chapitre 19

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Isaac

Gauche. Droit.

Gauche. Droit.

Fais le vide. Inspire... Expire.

Oublie là. Concentre-toi.

« Pour moi, ce n'était rien. »

― Putain !

Mon poing part frapper avec force contre le sac de boxe qui bascule sous le coup sec. Cependant, ce n'est pas lui qui a mal. Loin d'être malin, j'avais tellement besoin de me vider la tête, de me défouler que je suis descendu au sous-sol de la villa, dans la salle de sport. Et je me suis mis comme un con à frapper ce sac de sable. Sans protection. Mes phalanges ensanglantées me lancent mais ce n'est rien comparé à celle que je traîne à l'intérieur, à un endroit que je ne préfère pas nommer depuis qu'elle a balancée ces putains de mots.

Ça refuse de sortir de ma tête.

Elle refuse de sortir de sous mon putain de crâne.

Ses mots, ses lèvres, son corps.

Ça me rend dingue. Elle me rend cinglé.

― Va au Diable, Emy Smith...

Et voilà, maintenant je me mets à parler à moi-même.

Je suis bon pour l'asile, les gars.

Comme si je n'en avais pas eu assez, ce foutu sac qui me nargue en se balançant de tous les sens, je lui balance une nouvelle frappe et cette fois, la douleur dans ma main me fait jurer.

Pourtant, je devrais être habituer. C'est le rituel que j'ai fini par prendre plusieurs fois par semaines, voire jours quand ça cogite vraiment trop fort. Ce n'est pas la première fois que je remonte du sous-sol avec les phalanges égratignées de sang. La douleur me fait du bien. Elle me permet de penser à autre chose le temps de quelques minutes. Ou heures quand j'ai un peu de chance.

Quand j'ouvre la porte de la salle de bain commune, une surprise de taille m'attend.

Putain de karma. Va te faire foutre. Bien profond. De préférence à sec.

J'aurai dû aller dans celle de ma piaule. Ça m'aurait éviter de devoir lui faire face.

Quelle blague. C'est elle l'intruse, et c'est moi qui me considère comme tel !

Ses grands yeux bleus se tournent vers moi et j'ai la furieuse envie de me barrer d'ici. Ou de l'embrasser à en manquer de souffle.

Au choix.

Non, en fait je crève d'envie de me barrer d'ici sous risque de lui sauter dessus.

Combien de temps on s'est pas vu? Je veux dire en face à face. Pas dans un coup de vent. Elle a passée les jours suivants à m'éviter et j'ai fais de même. Comme un putain de collégien avec son premier amour d'ado au lieu de la confronter. Et maintenant que je l'ai là, en face de moi, toutes pensées déserte ma tête exceptées celles qui me hantent depuis que j'ai cédé la première fois. Le goût de ses lèvres me hante. Sa chaleur me manque. La douceur de sa peau.

Putain.

Je m'avance dans la salle de bain et fouille dans un placard pour chopper la trousse de secours. Le silence est lourd et pesant. Malgré cela, égoïstement, je profite et savoure ses quelques minutes avec elle. Je la frôle pour attraper une serviette à côté d'elle et l'odeur de son shampoing exotique me parvient. Je ferme brièvement les yeux en inspirant à fond comme un camé en manque de sa drogue.

En l'occurrence j'en suis pas loin.

Puis je les rouvre et commence à sortir de quoi soigner et désinfecter les plaies.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora