Chapitre 57

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Emy

Peur.

Colère.

Résignation.

La peur parce qu'Andrew plâne comme une Épée de Damoclès au-dessus de ma tête plus que jamais.

La colère face à la décision d'Isaac sans même me consulter après une semaine d'ignorance.

Et la résignation parce qu'une fois qu'il a dit quelque chose, il ne revient pas dessus.

Je soupire en entrant dans ma chambre et trouve déjà Anna et mes valises ouvertes sur le lit avec quelques vêtements dedans. Il est si pressé que je parte ou quoi ?

Brooklyn. Je ricane amèrement. La vie est une sacrée garce.

Il y a quelque mois de ça, c'était l'unique chose que je voulais : rentrer à la maison, chez-moi.

Et maintenant quand on me renvoie là-bas j'ai juste envie de hurler. Parce que cette ville, ce n'est plus chez-moi. Plus mon cocon de sécurité. Juste une ville comme une autre qui a été plus ma prison qu'autre chose.
Pourquoi Isaac ? Pourquoi ?

Il connaît mon ressenti présent sur Brooklyn. Il sait que ça ne sera plus ma place quand je rentrerai là-bas et pourtant il m'y renvoie.

Par sécurité.

Elle est et sera toujours ma priorité.

Quelle putain de blague ! Il ne l'a pas vraiment montré ces derniers jours en disparaissant sans arrêt. Mais il te l'a déjà démontré plus d'une fois, argue ma conscience.

Peu importe, ça ne m'empêche pas de le détester là, maintenant.

Abattue et soudainement épuisée, je me laisse tomber sur le lit qui me fait rebondir. Je prête à peine attention à Anna et enfouie mon visage dans mes mains, ne retenant pas les larmes qui débordent encore une fois. Je craque. J'en peux plus. Mais je ne sais pas si ce sont des larmes de rage ou de tristesse. Ou bien encore de peur. Je crois que c'est un mélange de tous ; la menace d'Andrew, Isaac qui souffle sans arrêt le chaud et le froid, la tristesse de quitter cette ville, cette maison. Ma liberté.

― Ma chérie...

Je ne relève pas la tête de mes mains quand Anna me prend dans ses bras pour une étreinte. Mes larmes laissent place à de gros sanglots qui me secouent le corps.

J'ignore combien de temps je pleure dans ce silence qu'aucune de nous ne brise mais j'ai l'impression d'être inconsolable. La dernière fois que je me suis autorisée à craquer comme maintenant, c'était dans les bras d'Isaac au Night Club la première fois. Il ne disait rien non plus, me laissant le prendre comme une bouée de sauvetage. Il s'était juste tenu contre moi, me berçant, ses bras m'entourant.

J'ai l'impression que ça remonte à des années.

Une bonne quinzaine de minutes doivent être passées quand mes larmes se tarissent. Maintenant, je viens de récolter une bonne migraine. Je m'écarte d'Anna qui me laisse faire en essuyant mes joues humides du bras. Une main réconfortante dans mon dos, elle brise doucement le silence :

― Tu reviendras.

― Et si tout avait changé à mon retour ? Et si tout redevenait comme avant ? je parviens à formuler ma plus grosse crainte.

Je fixe le sol, la tête baissée.

― Tu parles d'Isaac ?

J'acquiesce.

Anna émet un petit rire.

― C'est donc ça qui te tracasse, intervient une voix que je reconnaîtrais entre mille.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now