Chapitre 4

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Emy

Quand j'entre dans la maison, le spectacle affligeant sous mes yeux me désarçonne un peu plus. Maman et papa - qui n'ont pas remarqué ma présence - ont l'air totalement abattu et desespéré. Papa sert maman dans ses bras tout en lui murmurant des mots que je n'entends pas de là où je me trouve. Mais je sais que quelque chose ne va pas. Je ne suis pas aveugle, je le vois bien. Mes doigts se resserent autour de mon téléphone que je tiens dans la main et décidant de prendre mon courage à deux mains, j'annonce ma présence de la moins subtile des manières. Je mets carrément les deux pieds dans le plat.

― Qu'est ce qui se passe ?

Ne faisant qu'un, mes deux parents sursautent vivement et se tourne vers moi en dissimulant leurs tristesses pour la remplacer par un sourire aussi faux que les miens chaque jour de ma vie.

C'est trop tard. J'ai déjà tout vu.

― Ma chérie, comment s'est passé ta séance ? avance maman d'un sourire éblouissant qui n'atteint pas ses yeux.

Je note qu'elle a esquivé ma question.

― Comme d'habitude, réponds-je néanmoins laconique.

Puis je réitère ma question en me tournant vers papa :

― Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi vous faites cette tête ?

― Rien qui devrait t'inquiéter, ma princesse, élude-t-il après avoir échangé un regard avec maman dont je n'ai rien loupé.

Pourquoi veulent-ils rien me dire, putain ?

Je fronce les sourcils.

― Pourquoi les Jones étaient ici ? insisté-je.

Pourquoi Isaac était présent ? Dites-moi pourquoi avant que je devienne folle...

Mais personne ne me répond. Le silence qui vient de tomber est lourd et pesant. Mon rythme cardiaque augmente en rapidité et mon inquiétude s'accroît. Maman et papa viennent de se murer dans un silence assourdissant et qui ne me dit rien qui vaille. Puis, alors que je pensais que tout était perdu et que je n'obtiendrai jamais de réponse, ils me font signe de les rejoindre sur le canapé.

M'accrochant à mon téléphone comme si ce dernier était ma bouée de sauvetage et que j'allais me noyer à tout moment, je prends place entre eux.

― C'est grave ? couiné-je.

Maman me caresse affectueusement la joue. Un geste qu'elle n'avait plus fait depuis mon enfance. Je réprime les larmes qui me montent aux yeux. Bien que mes parents ne m'ont plus vraiment porté un quelconque signe d'affection envers moi, les surnoms étaient toujours restés. J'ai toujours pensé que c'était par pitié ou autre.

Mais là, je crois que finalement ils m'ont toujours aimé et que je n'ai rien vu. La culpabilité commence à me ronger pourtant je décide de rester forte. Un mauvais pressentiment m'assaille. J'ai l'impression horrible qu'on est sur le point de m'arracher mes parents.

― Quoi qu'il arrive, ma puce. N'oublie jamais qu'on t'aime. Fort.

C'est papa qui vient de prendre la parole. J'ai la gorge nouée et la vision floue par les larmes que je tente de retenir le plus longtemps possible.

Incapable de répondre sous le risque d'éclater en sanglot devant eux, j'opine de la tête.

― Tu as été notre petit ange dans notre vie et tu le resteras pour toujours, ma chérie, ajoute maman.

Je remarque qu'elle a les yeux qui brillent. En me tournant vers papa, je remarque que lui aussi. Cette fois, j'ai vraiment peur et je leur fais savoir d'une voix étranglée.

― Tu es forte, Emy. Tu l'as toujours été. Même quand tu es persuadé du contraire, rapelle toi de ce que je t'ai dis. Tu es capable de tout si tu le veux, ma princesse. Et je sais que tu guériras.

Suite aux mots de papa, retenir mes larmes devient trop dur. Je les laisse couler silencieusement et mouiller mes joues pendant que maman me caresse tendrement le dos pour me réconforter. Puis, elle prend à son tour la parole et vue la tristesse qu'elle tente de me cacher, je devine que ça ne va pas me plaire. Et que ça va faire mal. Très mal.

― On doit partir pour quelque temps, ma chérie.

J'hoquette de surprise mais elle continue, impassible.

― Bien-sûr bien qu'on est confiance en toi, nous ne pouvons pas te laisser seule ici.

Quoi ?

― Comment ça vous partez ? Mais pour aller où ? m'affolée-je.

― Vaut mieux que tu en saches le moins possible, Emy, est intervenu papa.

― Mais...

― Ne complique pas davantage les choses, ma chérie... S'il te plait, me coupe maman d'une voix si implorante que je ravale mes mots.

― Je vais aller où ? demandé-je d'une petite voix.

Mes parents lâche un lourd soupir puis déclare d'une même voix :

― Chez les Jones.

Je tréssaille en me levant d'un bond. Mais non, doux euphémisme, je reste sagement assise, incapable de me tenir sur mes jambes flageolantes. La seule chose dont je me trouve capable d'articuler se résume à un glapissement d'un chiot bléssé :

― Quoi...?

Comment ça je vais aller chez les Jones ? Chez Isaac ? Mon Dieu, mais c'est impossible !

― Tu iras chez les Jones, Emy, répète papa qui au ton de sa voix n'appelle à aucune contradiction.

― Je ne peux pas ! m'écrié-je en me levant vraiment cette fois. C'est impossible et vous savez pourquoi !

― Emy...

― Non, maman ! Je ne peux pas aller chez Isaac. C'est au-delà de mes forces ! Vous ne pouvez pas me faire ça !

― Il ne sera pas là, contre calmement papa. On s'en est assuré avec son père.

― Alors qu'est ce qu'il faisait ici ?

Cette fois, j'ai capté toute leur attention.

― Peux-tu être plus précise ? me demande-t-il.

― Pourquoi il était ici s'il ne sera pas là ? je répète en baissant la voix.

― Isaac ? intervient maman.

J'acquiesce.

― Je l'ignore, ma puce. Mais il sera repartie avant ton emménagement chez-eux.

― Il part ? fais-je étonnée.

― Oui.

En voilà une bonne nouvelle !

En apprenant son départ plus qu'imminent, je sens un poids s'alléger sur mes épaules. Il n'est ici que provisoirement pour mon plus soulagement.

Mais très vite, la joie que j'éprouve pour le départ d'Isaac est remplacé par celui où je vais quitter mes parents et ma maison. Le rictus qui flottait sur mes lèvres s'envole aussitôt.

― Je pars quand ? murmuré-je, la gorge sérrée.

― La semaine prochaine, répond papa.

Déjà ? Aussi... tôt ?

Je n'ai même pas la force de répliquer quoi que ce soit. Je suis vidée de toute énergie et me laisse tomber mollement dans le canapé entre mes parents qui me serre dans leurs bras. Je ne pars que la semaine prochaine et j'ai pourtant l'impression que ce sont déjà nos adieux.

Pourquoi faut-il qu'il m'arrive tout ça ?

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now