Chapitre 13

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Isaac

Éviter Emy se révèle plus facile que je ne l'aurais pensé. Faut dire que cet ermite des temps modernes ne cesse de se terrer dans sa chambre ou une autre pièce de la villa. Depuis la scène du presque baiser au bord de la piscine, elle se fait la plus discrète possible. J'ai l'impression qu'on revient à nos échanges du début de cette cohabitation. Mais bon, vu la décision que j'ai prise ce soir-là, ça m'arrange grandement.

Cette distance instaurée me permet également de faire plus de recherches pour essayer d'établir un contact avec ses parents. Je ne connais pas grand-chose du plan exact de mon géniteur, mais il y a une chose dont je suis au courant et que j'ai émis volontairement de dire à la fille des Smith. Ces derniers devaient du fric à mon père. Une somme assez importante. Vu le niveau de richesse qu'ils n'avaient pas, je suis intrigué de comment ils ont pu se foutre dans une merde pareille.

Je n'ai pas la même haine viscérale et traditionnelle que tous les Jones concernant ces gens, mais je ne les porte pas cependant dans mon cœur. Excepté une seule personne.

Ma putain de faiblesse.

Faiblesse à qui j'ai bien failli posséder la bouche.

Mon père ne déconne pas quand on lui doit une dette de fric. Il peut se montrer impitoyable, j'en ai déjà eu vent. Une raison supplémentaire de m'inquiéter pour le sort qu'ils réservent aux parents d'Emy. Ils ne pourront jamais lui rembourser le tout. Je le sais. Il le sait. Ils le savent. Et pourtant, ils sont quand même partie, laissant derrière eux leur fille, morte d'inquiétude. Le fait qu'elle m'est confiée ce même soir qu'elle n'avait aucune nouvelle aurait déjà dû me foutre la puce à l'oreille. Mais j'étais bien trop obnubilé par elle. Une erreur qui m'a coûté mon attention.

Mais désormais, je peux pleinement me concentrer dessus depuis quelques jours.

Aussi téléphone en main, je décide de rappeler mon géniteur.

Les sonneries résonnent jusqu'à ce que sa voix décroche.

― Rare sont les fois où tu m'appelles, fils. Tout va bien?

Ok, pour qu'il emploie le terme « Fils » et me demande comment je vais, c'est qu'il est de bonne humeur. Pour l'instant.

― Ouais ça va et toi?

Quelle banalité.

― Aussi. Quelle est la raison de ton appel?

Perspicace.

― Pour un renseignement sur une affaire.

Silence.

― Je t'écoute et je te dirai si je peux t'aider, répond-il enfin.

Plus qu'à croiser les doigts.

J'attends quelques minutes puis me lance.

― Est-ce que l'affaire S est réglée?

― Pourquoi tu t'intéresses tant que ça aux Smith, fils?

― Tu m'as fourrée leur fille comme coloc, je te rappelle.

― Personne ne t'avait demandé de rester. Pourquoi d'ailleurs tu n'es pas repartie?

Et merde. La question que je voulais à tout prix éviter.

― J'avais envie de vacances. Alors?

― Alors quoi?

Il fait exprès?

― Les Smith, grincé-je.

― L'affaire S ne te concerne pas, Isaac.

Aïe.

Il commence à perdre patience.

― J'dis quoi à leur fille qui attend désespérément de leurs nouvelles? réagis-je plus vivement que je l'aurai voulu.

― Trouve une excuse, commence-t-il à s'impatienter. T'es doué pour ça non?

― Pourquoi ne peuvent-ils pas simplement lui téléphoner? Histoire de la rassurer? m'enquis-je.

― Ils ne peuvent pas, tranche mon interlocuteur.

― La raison?

― Reste en dehors de ça, Isaac. La seule chose dont tu dois t'occuper est de leur fille et qu'elle arrête de leur envoyer une quinzaine de messages chaque jour.

Comment il sait ça?

― À quoi ça sert que tu m'insères dans tes affaires si je ne peux même pas gérer celle-ci ? Ou au moins avoir des infos, soupiré-je.

― L'affaire S ne te regarde pas, répète-t-il. Le sujet est clos. C'est compris Isaac?

Je ne réponds pas.

― Isaac ! C'est compris?

― Ouais, grogné-je.

― Bien. Tu m'excuseras mais j'ai à faire. Occupe toi de ce que t'es dis et seulement de ça, me suis-je bien fais comprendre?

― Limpide, raccroché-je.

Je soupire et m'affale un peu plus dans le fauteuil. C'est un dialogue de sourd que je viens d'avoir on est d'accord? Pourquoi refuse-t-il de me mêler un peu plus à cette foutue affaire S?!

On frappe à la porte.

― Entrez, dis-je.

La tête d'Anna passe par l'entrebâillement.

― C'est uniquement pour t'avertir qu'Emy a prévu de sortir.

Quoi?

Je me redresse et demande :

― Pour aller où?

Elle hausse les épaules.

― Elle souhaite visiter la ville de ce que j'ai compris.

Alors le petit ermite a enfin décidé de sortir le bout de son nez?

― Ok, mais elle y va pas seule.

Anna soupire.

― T'es sûr que c'est vraiment obligé?

― C'est non négociable. Si Emy veut sortir, très bien mais on l'accompagne, déclaré-je sans appel.

― Tu pourrais t'en occuper alors, propose-t-elle.

Impossible.

― J'ai à faire, Anna.

Elle soupire.

― Très bien. Je vais l'avertir dans ce cas.

― Dans les grandes lignes. Elle n'a pas besoin de savoir ce qui se trame ici, j'ajoute.

― Bien-sûr.

Et elle repart, fermant la porte derrière elle.

Je ne perds pas de temps et rattrape mon téléphone en composant un numéro. Les tonalités s'annoncent quand il décroche :

― Ouais ?

― J'ai un service à te demander. 


il me semble que c'est le chapitre le plus court que j'ai pu écrire de cette histoire. peut-être que je posterai le suivant aujourd'hui même, j'y réfléchis encore 👀

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now